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Le plus court chemin n'est pas toujours le plus facile...

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En cette journée du 14 juillet 1996, nous entamons la dernière étape de montagne de notre Tour de France Randonneur commencé le 28 juin. Au programme : Soulor, Aubisque et un col basque méconnu qui permet de joindre en ligne directe Tardets à Saint-Jean-Pied-de-Port.

Après avoir franchi les Alpes sous des conditions "apocalyptiques" (pour ceux qui ont suivi le Tour professionnel, nous sommes passés deux jours avant les coureurs au Galibier et à l'Izoard sous la pluie et dans le froid), nous subissons désormais les fortes chaleurs, telles qu'il peut y en avoir dans les Pyrénées. loin de nous l'idée de nous plaindre : quoi de plus beau que les Pyrénées sous le soleil ?

Néanmoins, nous décidons de partir de Pierrefitte à la fraîche vers 6 h 30. Nous rejoignons Arrens par la D13, petite route parallèle à l'axe de circulation principal. La chaleur se fait déjà sentir. Tout à coup, quelle surprise de tomber sur un poste de ravitaillement aux tables bien garnies ! Quelqu'un a donc été informé de notre passage ? Nous bombons le torse : que d'honneurs ! Las, notre orgueil est vite remis à sa place : c'est un point casse-croûte pour une cyclo-sportive partie de Lourdes . Nous apprenons que les premiers ont déjà franchi le Tourmalet et qu'ils ne vont sans doute pas tarder à nous rattraper. Les organisateurs nous offrent gentiment quelques quartiers d'orange et du pain d'épice, puis nous reprenons notre ascension, à un rythme sans doute un peu supérieur à celui du départ : notre secrète motivation étant de nous faire doubler le plus tard possible. A Arrens nous prenons quand même le temps d'acheter du pudding au cas où... Ce n'est pas le moment d'avoir la fringale.

L'ascension du Soulor commence. C'est un dimanche et il y a beaucoup de cyclos en vélos de course super-légers et sans triple-plateau. Malgré nos sacoches (quand même assez légères...), nous nous piquons au jeu. Dans ces cas-là, je laisse Dominique partir, d'autant que j'ai plutôt tendance à rouler à l'économie en début d'ascension. En général, à tous les coups ça marche : les cyclos qui m'ont en point de mire cherchent à me rattraper. Ils ne vont quand même pas laisser une femme, qui plus est avec sacoches, arriver avant eux ! Puis au loin ils aperçoivent un autre "sacochard", et bien qu'éprouvés par leur premier sprint, ils reprennent la poursuite. Dominique leur assène alors le coup de grâce, il accélère et les gars craquent, je peux alors à mon tour les doubler... Grâce à cette course-poursuite, le Soulor est rapidement avalé.

Le temps est splendide. Sous le soleil, je trouve que c'est vraiment le plus beau site des Pyrénées. Nous empruntons la Corniche du Litor, et c'est dans le dernier kilomètre que je me fais rattraper par les premiers de la cyclo-sportive. Quelle vitesse, ils sont impressionnants ! Dominique, lui, est en avant. Il se fait rattraper juste avant le sommet de l'Aubisque. Il n'essaie pas de prendre leur roue : nous ne courons pas dans la même catégorie... Nous apprendrons plus tard que parmi les deux hommes de tête se trouvait Christophe Dupouey, champion du monde de VTT en partance pour les J.O. d'Atlanta. Nous restons quelque temps au sommet afin de voir passer les poursuivants et descendons vers Laruns que nous quittons bien vite : trop chaud, trop de monde. Après un pique-nique sur les bords du Gave d'Ossau, nous reprenons la route sous la canicule vers Tardets-Sorholus.
Nous y arrivons vers 15h30 et nous n'avons qu'une envie : un sorbet ! De là, nous en profitons pour réserver un hôtel à Saint-Jean-Pied-de-Port qui se trouve à 40 km. Nous devons arriver au plus tard à 18h30, faute de quoi notre chambre sera allouée à quelqu'un d'autre. Il ne nous reste plus qu'un col à franchir qui culmine à 1055 mètres : le col d'Aphanize. La carte Michelin n'annonce pas de difficultés particulières : pas de chevrons et une ascension de 850 m en près de 15 km. Cela ne devrait pas être trop terrible. Nous avons malheureusement oublié deux choses : tout d'abord qu'il ne faut jamais se fier aux cartes Michelin et que nous sommes dans le Pays Basque. dans les premiers km le doute s'installe dans nos esprits : la route reste désespérément plane, laissant augurer une ascension corsée. Elle le sera... Au village d'Alçay, les choses sérieuses commencent : nous prenons la direction de la source d'Ahusqy par la D117. Et là on retrouve tous les charmes du Pays Basque : successions de rampes, entrecoupées de replats (environ 8 % dans les replats !), tout cela sous la forte chaleur d'une fin d'après-midi.

Nos efforts seront récompensés. Au sommet, le paysage est splendide. Nous retrouvons la végétation typique du Pays Basque et les troupeaux de chevaux sauvages. Au loin on devine déjà l'Atlantique. Nous apercevons même des vautours. Rien d'étonnant à cela : non loin de là, l'une des cimes porte le nom de "Pic de Vautours".

Après une descente presque aussi pénible que la montée, nous arrivons à l'heure dite à Saint-Jean-Pied-de-Port, très animé en ce 14 juillet. La fatigue, logique après cette étape de près de 3000 mètres de dénivelée, nous assurera une bonne nuit malgré la fête au dehors et les feux d'artifices. Notre remontée vers Lille, encore 2400 km, se fera en longeant toutes les côtes, plus aucun col en perspective.

Le passage par le col d'Aphanize et la source d'Ahusquy, itinéraire très sauvage et oh ! combien sportif, nous aura ainsi permis de franchir dix nouveaux cols, et pour Dominique son 1500 ème. Il fournit une belle alternative à la route plus classique passant par Osquich.

Hélène FARCY N°3246

de LAMBERSART (Nord)


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