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Sur la piste des pottoks

Revue N° 25 Page 34

Il est près de 10 heures lorsque nous quittons St Etienne de Baïgory, ses joueurs de pelote basque et son superbe pont romain. Tout de suite nous attaquons les premières pentes de l'Ispéguy. L'itinéraire de ce jour va nous faire passer en Espagne, puis retour en France par Dancharia et le BCN/BPF d'Itxassou, avant de revenir à notre point de départ. Le soleil n'est pas très chaud en cette avant-veille de 15 août.

A peine quelques kilomètres, et Sylvie crève. Réparation effectuée, nous arrivons sereinement au poste de douane désaffecté. De là, une superbe descente en lacets avec un bon revêtement, nous ramène dans une verte vallée aux fermes basques multicolores et fleuries à souhaits.

Lors du dernier Tour de France, l'étape Pampelune-Hendaye emprunta ce même parcours. L'enregistrement vidéo de celle-ci, m'avait laissé entrevoir une partie boisée dans la montée du Puerto de Otxondo. Ainsi à la Collado Lizarmeaca, de nombreuses tables nous incitent à l'arrêt pique-nique. Tout en mangeant, nous observons un vol de trois couples de rapaces à grandes envergures, vautours ou milans, très présents dans le secteur.

Il n'est pas encore 13 h et jouant cartes sur table, je sors de ma sacoche, la photocopie du circuit "Pays Basque / Navarre" du Topo n°2 et explique à ma chère et tendre, que nous pouvons glaner quelques cols dans les environs et même prendre une route pastorale pour rejoindre Itxassou en passant la frontière comme contrebandiers. Le temps est de la partie et parait-il que la vue est imprenable.

Nous commençons, après avoir rempli nos bidons d'eau fraîche, par un AR, jusqu'à la Collado Anzola, située à quelques encablures. Du Puerto de Otxondo, une route goudronnée part sur la droite en suivant la même courbe de niveau. La Collado Urritze, un peu à l'écart de la route, n'est qu'une formalité de plus.

Ainsi, la route continue jusqu'au Pico Gorramakil, franchissant 4 autres passages. Mais nous n'irons pas jusque là, préfèrant bifurquer à la Collado Archisuri vers le nord-est et la frontière française. Nous nous retrouvons sur une piste cotée R1, qui en effet, est très roulante.

Rares sont les touristes, et ainsi les cols continuent à s'enchaîner, dont la seule difficulté est leur nom à prononcer (Anchasteguy, Urrizatecolepoa). Le Topo parlait de superbes panoramas, c'est vrai que la vue s'étend depuis la Rhune jusqu'aux abords de Biarritz, au fond, c'est l'Atlantique. Nous en profitons, pour faire des photos au milieu des moutons et de ce superbe cheval en semi-liberté: le pottok. Située entre le cheval et le poney, cette race est désormais sauvegardée après avoir rendu d'immenses services dans les mines des Aldudes, entre autres.

Nous reprenons notre progression et voilà, c'est à mon tour de crever. Voulant profiter du parapet en pierres d'un petit pont constitué de poutrelles d'acier (certainement pour éviter à tous ces quadrupèdes de changer de prairies), afin de réparer, mon pied glisse sur le métal et ma jambe tombe jusqu'à ce que la cuisse se bloque entre deux barres d'acier. Je la retire en constatant quelques égratignures, en imaginant un peu les dégâts si une roue se mettait de travers au même endroit. Un peu de nettoyage à l'eau fraîche et nous repartons sur l'autre versant de la Collado Lizarzu. Devant nous se dresse le relais hertzien de l'Artzamendi (la montagne de l'ours ou des bergers) Nous atteignons la frontière franco-espagnole au col de Gorospil.
Depuis le pique-nique, nous avons passé 8 cols en moins de 10 km, s'en avoir dépassé les 700 m. Après avoir remis un groupe de pédestres sur le bon chemin, nous profitons d'une portion bétonnée mais bien raide, pour rejoindre le col de Veaux et son gîte d'étape. Un petit AR au col d'Iguzkiegui, toujours par une piste. De là, nous constatons que la pente qui s'élève vers le col de Méhatche est effarante. Les voitures peinent pour franchir les 17 à 20 % dont elle se compose. Quoi qu'il y ait 3 autres cols selon le Topo à portée de roues, nous laissons tomber, car nous avons encore du chemin avant de rentrer. De plus, demain, il est prévu le magnifique circuit d'Iraty avec 25 cols au programme. Nous entamons la descente, arc-boutés sur nos freins. Le pourcentage est toujours présent, mais heureusement pour nous, il est pris dans le bon sens. Grisés par la vitesse, les trajectoires sont à calculer. Soudain, un virage très serré à gauche me fait sortir de la route. Juste le temps de me dégager, que ma compagne prend le même chemin. Nous nous remettons de ces petites émotions car nous ne sommes pas encore en bas. arrivés à un carrefour, nous nous séparons. Je prends à gauche vers le col de Légarre, elle, à droite, rejoint Itxassou par Laxia. Rendez-vous pris à l'église.

A peine le bisou de séparation, c'est l'empoignade avec un pourcentage identique à celui que je viens de subir en descente. Cela doit être la marque de fabrique de la DDE, réduite à l'équation suivante : Cols basques = panoramas et paysages superbes, ce qui implique, pour y être plus vite, la ligne droite pour couper les courbes de niveau d'où % mirobolants. Ce col d'Harlepoa avec ses 305 m est de ceux-là. J'en viens à bout, à force de 28x30. Puis le col de Légarre finit de me casser les pattes. Mais c'est le dernier de la journée.

Le panorama s'ouvre sur une campagne basque à la verte couleur, où l'on devine Itxassou et plus loin, la patrie de Chiquito et d'Edmond Rostand : Cambo-les-Bains. Dans la descente aux dénivellées impressionnantes pour ne pas être en reste avec l'autre versant, une jolie maison basque possède son fronton de pelote.

Je retrouve Sylvie qui attend devant l'église. Cette dernière possède un cimetière aux nombreuses stèles discoïdales à croix basques. Un rafraîchissement sous la tonnelle d'une immense glycine et le coup de tampon. Sylvie me fait part d'une rencontre avec un couple de cyclos qui cherchait le col de Méhatche. Quand elle ma dit que la femme avait juste un 42 dents et qu'elle venait de monter la côte de l'église à pied, on à failli aller prier pour elle, vu ce qui l'attendait.

Nous remontons le cours de la Nive, en passant au Pas de Roland où les touristes se bousculent pour voir cette curiosité aux maintes légendes. Nous retrouvons la circulation au retour sur St Etienne de Baïgorry, tout en gardant une pensée pour ces magnifiques équidés, qui là-haut dans la montagne, attendent dans l'air pur, que le soleil épouse la grande bleue.

Didier REMOND N°1202

d'AULNAY-SOUS-BOIS (Seine-Saint-Denis)


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