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De l'Ardèche à la Savoie

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Mes premières sorties se sont effectuées avec le vélo de mon frère, dérobé au petit matin et rapporté à son insu. Je partais pour m'évader quelques instant; oh ! Je n'allais pas loin, 30 ou 40 km, mais ce fut mes premiers tours de pédales et le début d'une passion. Depuis, que de villages traversés au gré du vent, au gré de mes envies. J'ai sillonné toute l'Ardèche, un peu de temps libre, quelques vacances, un week-end, n'importe quand, n'importe où, je prenais mon vélo et je partais à la découverte d'un département que je connaissais mal naguère. J'ai appris à l'apprécier, à le voir différemment. Chemins vicinaux, routes plus ou moins goudronnées m'ont amené à des villages éloignés, leurs habitants m'ont montré leur vie quotidienne et m'ont accueilli avec sourire. Que de rêveries se sont échappées de mes pensées en parcourant ces vallées sauvages, ces routes abandonnées. Esprit de solitude, de paix.

Depuis trois ans, changement de décor, changement de scène, les acteurs n'ont pas changé, un peu plus de kilomètres dans les jambes, voilà tout.

La Savoie, paysage grandiose, sensations constantes de bien être, de faire corps avec la nature. Habitant Annecy, ce fut d'abord le classique Tour du Lac, puis ses montagnes environnantes m'ont intrigué et fasciné. Alors j'ai pris ma carte et je suis parti à la découverte de nouveaux paysages. J'ai de suite compris que les plus belles sensations se trouvaient aux points culminants de la route, c'est à dire aux cols... et, j'ai découvert votre club. La folie des cols est venue petit à petit et s'est emparée de moi. Combien de temps suis-je resté assis, prés de mon vélo, à contempler de magnifiques paysages dessinés par la plume habile d'un peintre. Bois, champs, versants arides, plaines verdoyantes, ruisseaux, cascades, rien ne m'a échappé. Souvent je revois tous ces paysages en feuilletant mon album souvenir, alors la nostalgie me prend, je me refixe un itinéraire et je repars pour un nouveau point de vue.
Le plus beau souvenir fut mon premier 2000 mètres, le Petit-Saint-Bernard, avec la fierté d'être monté plus haut que d'habitude. J'avais souffert contre le vent, mais au sommet j'ai savouré le prix de mon effort. Plus d'une fois j'ai eu envie d'arrêter, de descendre de vélo, mais un geste d'encouragement, une parole bienveillante et me voilà reparti.

Depuis ce premier 2000 mètres, je n'ai pas cessé de grimper. Depuis le 1er janvier 1991, 111 cols différents se sont ajoutés à ma modique liste. Certains faciles, d'autres épuisants mais tous avec un panorama à la hauteur de leur difficulté. Découvrir la vallée, après avoir roulé pendant plusieurs heures est un spectacle merveilleux. Et puis redescendre, se retourner encore une dernière fois vers ce col vaincu.

Aujourd'hui, je pense au prochain été, à d'autres cols et à des nouvelles aventures.

Claude CHALABREYSSE

N°3359


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