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Le col des 7 frères, un pèlerinage aux sources

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J'étais à Saillagouse et à Montauban les 1er et 8 septembre 1991 où le Club des 100 Cols célébrait ses rituelles grandes messes annuelles.
J'ai joué "dans la cour des grands", d'abord sur les crêtes pyrénéennes où à plus de 2000 m. nous avons tutoyé l'orage dans un décor dantesque puis sur les chemins ombragés de la forêt de Grésigne nous avons profité de la beauté du paysage et de la clémence du temps à des altitudes beaucoup plus raisonnables proposées en guise de dessert.

J'y ai côtoyé les grands maîtres du Club, ceux qui figurent en bonne place à la dernière page du Palmarès dans la rubrique "ténors"; j'y ai surtout rencontré deux grands cyclos tant sur le plan "cyclotouriste" qu'humain' et qui m'ont tout de suite pris en sympathie alors que je ne connaissais personne; je veux parler d'Henri Bosc et de Jean Barrie de Rodez; l'aide qu'ils m'ont apportée et l'amitié qu'ils m'ont témoignée ont bien facilité mon intégration au groupe : qu'ils en soient remerciés ici publiquement.

Mais entre deux Concentrations je voulais occuper ma semaine à escalader quelques cols sur le trajet qui me ramenait de Saillagouse à Montauban, histoire d'améliorer mon score, très modeste puisque nouveau venu au Club avec le N° 3165.

J'avais remarqué sur la carte qu'entre Chiula (09.184) et Boum (11.279) sur la D613 se trouvait une grimpée dénommée "Col des 7 Frères" (11.272) et je ne voulais à aucun prix le manquer, vous le comprendrez en lisant ce qui suit.

A son sommet pas de panneau d'identification ni d'altitude, seule une très vieille croix de pierre brute élevée sur un socle identique se trouve sur le côté droit de la chaussée là où la route s'aplanit avant d'entamer la descente.
Ce simple monument monolithique, aux allures de pardon breton, pourrait passer inaperçu pour un cyclo pressé; moi je ne l'étais pas car ce col était pour moi un symbole et cette croix m'intriguait. En m'approchant de la stèle carrée, battue par les vents et la pluie, rognée par endroits, mangée même comme serait un membre par la lèpre, je fus récompensé car je pus déchiffrer en y regardant de plus prés, gravé dans son socle, l'inscription "COL DES 7 FRERES"
J'étais donc bien sûr d'y être à ce fameux Col et ce fut pour moi un gros coup de cœur car dans ma propre famille, nous aussi, étions sept frères. Nous ne sommes plus que quatre à présent, trois d'entre nous ont déjà gravi leur dernier Col...

Mais je retrouvais là sur cette pierre, témoin de l'usure du temps et de la vanité de 1'éphémère, la totalité de ma famille et ce grâce au cyclotourisme, quelle magie !
En effet, le cyclotourisme est devenu, depuis 1989 date de mon entrée au Cyclo-Club Arlésien, ma seconde famille et il me permettait de retrouver en ce lieu la totalité de ma première, celle de mon enfance...

Pour moi, une partie de la boucle s'est bouclée sur cette D613 mais je souhaite que les roues de ma randonneuse roulent très longtemps encore; j'ai tant de paysages à admirer, de gens à rencontrer, d'amitiés à nouer, de convivialités a partager !

J'ai déjà repéré en Lozère, sur la D34 un certain col des Trois Sœurs (48.70), tout aussi symbolique pour moi car nous étions dix enfants à la maison du côté de Nancy.
Sept Frères, Trois Sœurs, deux Cols, une grande émotion et un Pèlerinage aux sources sans aucun doute...

Philippe DEGRELLE

N° 3165


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