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Variantes au pays des génies (*)

Revue N° 20 Page 41

Selon votre point de départ, vous ne verrez pas les mêmes choses et cela sera plus ou moins dur. Carte d'identité obligatoire.

Commençons par le plus facile. Vous partez de Tende ou de Saint-Dalmas de Tende et allez à La Brique. Vous vous arrêtez à Notre Dame des Fontaines, tout ornée de peintures du XVème en parfait état de conservation (demander la clé au village). A quelques mètres de là, Notre Dame a créé des sources intermittentes : si l'une coule, l'autre pas et quelques minutes plus tard le phénomène s'inverse. Après vous être repus de calme et de beauté, il vous reste à emprunter la route de l'amitié pour rejoindre le Pas de Collardente (1685), point frontière. En route, faites le plein d'eau car celle-ci va se faire rare. A droite est fléché le Col Bertrand.

Au passage, effectuez le détour par le Balcon de Marte (2132) pour jouir d'un panorama époustouflant: de la Méditerranée (40 km à vol d'oiseau) aux Monts des Merveilles en passant par la Ligurie et le pas trop lointain Grand Paradis. Au Col Bertrand (1960), la route descend sérieusement et devient fort mauvaise ; il ne faut donc plus la suivre mais passer dans l'échancrure du col et suivre les ronds jaunes ou les barres rouges et blanches 'C.A.C.'. Vous vous retrouvez sur une route militaire italienne plus très large mais tapissée d'aiguilles de mélèzes. Un régal pour les couleurs en automne. Vous arrivez au Passo Grai (1857). Remontez au Passo della Valetta (1909) avant de toujours suivre le balisage.

Au Pas de l'Incise (1680) vous avez une superbe vue sur la vallée de la Roya en contrebas. Vous continuez sur le même versant. Le revêtement se détériore, obligeant à marcher assez souvent. Vous arrivez à la Fontaine Dragunini, premier point d'eau depuis longtemps et dernier avant longtemps. La route est effondrée vous obligeant à un portage d'une dizaine de mètres d'autant plus facile qu'un câble vous servira de rampe. Appréciez l'à-pic, les falaises qui lui font face et, derrière elles, le Col du Corbeau où vous allez. La route devient acceptable, cyclable si la pente ne vous effraie pas. Après la rudesse et la pierraille de l'autre versant, admirez cette fois la pelouse qui s'offre à vous. Elle est l'habitat de multiples sauterelles d'espèces différentes. Lorsque vous quittez la pelouse pour vous trouver face au Col du Corbeau, vous ne pourrez qu'être admiratifs devant le travail militaire et la régularité de la pente de la route. Col du Corbeau (1404). Il faut passer par la brèche du rocher et suivre le balisage du Conseil Général des Alpes-Maritimes.

Il y a trois ans, c'était inaccessible. Maintenant, on y roule sans (trop) de problèmes. Appréciez le travail des militaires italiens qui, il y a un siècle, ont réussi à accrocher cette route loin de tout, avec des remblais sur le vide atteignant parfois vingt mètres. Tout au long, vous verrez des trous de béton avec des restes d'échelles, laissant présager la présence de fortifications sous vos pieds.

Vous voici au Col de Muraton (1157), carrefour de routes. Vous prendrez celle en face, légèrement montante. Mais auparavant, plein des gourdes : la source se trouve le long du sentier italien menant au Col du Corbeau, à 100 m, 5 m en contrebas. Vous repartez direction le Col de Scarassan (1226). A droite se trouve la route du Col de Peigarole (1394) où vous trouverez de nombreuses fortifications. Il n'y a plus qu'à la suivre. Elle devient très (très) mauvaise, passe deux tunnels (pas toujours sur les cartes) pour rejoindre Vintimille en épousant les crêtes. Pour rentrer sur Tende, prendre le train jusqu'à Menton (la nationale est infréquentable et les trains italiens directs pour Tende ne prennent pas les vélos) et y coucher (hôtels, auberges de jeunesse). Le trajet retour sera à votre choix.
Pour la seconde variante, partir de Pigna (Italie, 20 km au nord de Vintimille), monter le Colle Langan (1127), prendre à gauche vers Colle Belenda (1330). Vous êtes alors sur la barre de retenue d'un barrage dont vous ne soupçonniez même pas l'existence. Vous continuez à monter; à Colle Melosa vous aurez alors un des rares points de vue sur le lac de retenue, pourtant assez important (7 à 10 km2). Continuez à monter jusqu'au Col Bertrand où vous reprenez le parcours précédent.

Pour rentrer sur Pigna (ou Vintimille si vous êtes en retard), au Col Scarassan, continuer tout droit jusqu'à Gola di Guta (1213) où Pigna est fléché. Cette seconde variante est plus dure : 2200 m de dénivelé au lieu de 1600.
L'itinéraire est totalement non revêtu, sauf les quinze derniers km avant Vintimille, Pigna - Colle Melosa et Gola di Guta - Pigna ; mais cela reste très facile si la section des pneus est supérieure à 25. Pensez à prendre beaucoup d'eau chaque fois que cela est possible et n'oubliez pas que 10 à 12 heures sont nécessaires.

Pour les amateurs voici la liste complète des cols dans l'ordre de passage Linaire 1430, Collet du Loup 1636, Collardente 1857, Passo 1959, Bertrand 1960, Passo Grai 1857, Passo della Valetta 1909, Pas de l'Incise 1680, Dragunine 1821, du Corbeau 1404, de Sandereau 1305, de Scarassan 1226, de Peigarole 1330, Pas de Muraton 1157 (avant Peigarole), Colle Drego 1080, Colle di Saviglion 994, Passo del Abeillo 750, Passo del Cane 596, Passo della Colla 474, Sella Madona di Nevè 354, Colle Scarba 324.
Sur la seconde variante : Colle Langan 1127, Colle Cautoletto 1320, Colle Belenda 1343, Colle Melosa 1540, puis, au retour, Gola di Guta 1212.

Tout proches sur la première variante : Col de Girenze 1686 en aller et retour sur l'épaulement lorsque vous arrivez en vue du Pas de l'Incise. Gola di Guta et Gola del Rebisso 1213 en aller et retour depuis le Col de Scarassan. Pas de Saorge 1365 depuis Peigarole (poussage puis portage hors sentier).
Sur la seconde variante, dans la première épingle après Gola di Guta Gola del Rebisso à droite, à 200m.

(*) Pourquoi "au pays" alors qu'on part de France ? Parce que, à l'origine et avant 1947, toute la partie française de l'itinéraire était italienne : certaines plaques de rues de Tende sont encore dans cette langue, et certains habitants de Tende ne parlent toujours pas Français.

Pierre CHATEL

OULLINS


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