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J'accuse

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J'accuse la DDE de laisser négligemment quelques mètres cube de gravier roulants, répartis en fines couches vicieuses, dans les descentes de mes cols favoris, au sortir des virages les plus rapides, m empêchant de prendre totalement mon pied.

J'accuse le verglas de tomber plutôt le dimanche début Mars, que le lundi fin Novembre.
J'accuse les pelotons de vaches d'avoir la fâcheuse habitude d'aller batifoler sur le bitume au moment même où les troupeaux de cyclos font de même, si bien qu'en fin de compte tout le monde s'y mélange les cornes.
J'accuse mon copain habituel, qui grimpe d'habitude comme un fer à repasser et qui est présentement en train de me larguer dans une bosse archi-connue, d'avoir pris "quelque chose"; c'est quand même pas moi qui suis planté !
J'accuse les foirineurs du samedi soir de prendre un malin plaisir à casser leurs canettes de bière au beau milieu de la chaussée, laissant leurs débris pointus pourfendre mes BIB TS.

J'accuse la flotte de tomber préférentiellement les jours où j'ai oublié mon imper et surtout lors des grande virées exploratrices en des sites enchanteurs et par des itinéraires très fouillés, alors que dans les obscures randonnées de patelin sur des routes barbantes, il fait toujours un temps magnifique.
J'accuse les chiens errants d'avoir une attirance toute particulière pour mes mollets et dans certains cas, d'avoir un museau plus solide que ma pompe.
J'accuse les apprentis Prost qui foncent au bistrot du coin valider leur tiercé, d'avoir moins de considération pour les cyclos que pour les hérissons.
J'accuse la DDE de laisser sur mes routes nocturnes des trous à côté duquel le gouffre de la sécu fait figure de nain.
J'accuse cette saleté d'éclairage de tomber en panne la nuit (bien sur) de préférence lors d'un grand brevet, sous la pluie, et sur une route à grande circulation.
J'accuse le vent de face de souffler trop fort et le vent dans le dos d'être particulièrement insignifiant.
J'accuse la DDE (je sais, encore !) de me dévier en me rallongeant de 10 km, pour éviter une tranchée de 20 centimètres de large que j'aurais pu sauter à pieds joints, le vélo sur l'épaule.
J'accuse les intégristes de tout poils et les doctrinaires à courte vue de discerner des vrai cyclos à petites roues et des faux cyclos à grandes roues, des lycras avec pub et des chemisettes sans pub, des avec sacoches et garde-boue, et des avec vélo tout nus, là où je ne vois que des cyclos amoureux de la nature, de la liberté et de l'effort librement consenti.

Je les accuse tous mais je suis de mauvaise foi.
Ces désagréments pimentent notre activité et lui donnent un certain relief.
Ce n'est qu'après la tempête que l'on apprécie au mieux le temps calme...

Jean-Louis ROUGIER

Randonneurs de l'Anjou


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