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Marin d'eau douce

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1991, une grande année dans les Alpes. Deux traversées intégrales, d'Est en Ouest, puis d'Ouest en Est, puisqu'il faut bien revenir chercher la voiture au départ. Trois jours pour les deux traversées intégrales, et un assez bon temps à notre actif de savoyards grimpeurs pur jus. Une chouette année dans les Alpes.
Mancelles, les Alpes !
En trois jours, il ne fallait pas exagérer. On est de Savoie, pas de Marseille.

Les Alpes Mancelles ?
Un massif montagneux de Normandie. 330 mètres au zénith, d'après le dictionnaire, parce que nous ne sommes même pas allés tâter des sommets locaux. En grimpeur sur le déclin, nous nous contentâmes de ramer sur la piste balisée. Une bleue, entre Saint-Paul-le-Gaultier et Villaine-la-Juhel. D15 au début; D119 après, quand cela eut monté et que cela ne redescendit plus guère...

Ah ! Les balcons des Alpes Mancelles ! S'élever un peu au-dessus des ternes débats d'un Paris-Brest. Voir enfin autre chose que le maïs voisin. Porter le regard à des dizaines d'hectomètres, sur des champs peignés jaunis par un soleil d'août inhabituellement serein.
Ah ! Les Alpes Mancelles ! Au matin de l'allée à la nuit du retour. Ah !
Ah ! Les Alpes, il y avait un col à deux coups de pédales, nous étions dans Paris-Brest talonnés par un chrono aux dents longues. Que fîmes-nous ?
Nous passâmes, en détournant nos regards, de la pancarte tentatrice. Deux fois, à l'aller comme au retour, faisant la preuve d'une grande force morale (et surtout d'une grande faiblesse physique). Chronique d'un déclin amorcé... Quatre albertvillois tous honorables membres de la confrérie, refusant d'entamer le combat avec le col de Saint Sulpice. 246 mètres en temps normal. 246,30 mètres les années de grandes neiges, avant que l'on dame. Lamentables. Mais heureux cette fois d'être allés droit devant, sans céder aux diaboliques tentations...

P.S. : Passé ce court instant de grande force morale, les mêmes sont retombés dans leurs travers coutumiers, organisant un séjour du côté de Tournus pour racler le Beaujolais septentrional (avant l'heure des vendanges), s'enfuyant aux portes de l'hiver sur les flancs du Verdon, où ils virent du brouillard, mais aussi quelques pancartes inconnues... A l'heure qu'il est, ils se penchent sur des cartes vérolées par une poussée de colite...

François RIEU


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