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Nous irons tous au paradis !

Revue N° 13 Page 36

Je suis un vieux cyclo blanchi par la poussière
Qui sent venir sans joie sa minute dernière.
Tout au long de mes jours, tout au long de mes nuits,
Cette question m'obsède : irais-je au Paradis ?
A force de couver ce tracas qui me ronge
Je ne m'étonne pas d'avoir reçu en songe
Le spectacle édifiant du Jugement Dernier
Auquel chacun de nous devra se présenter.


En compagnie du cyclo que j'ai cartonné de bon coeur et expédié avec moi au fond du torrent boueux, je viens de pénétrer dans la salle d'attente du Tribunal Suprême où plusieurs dizaines de rappelés nous ont déjà précédés. On se croirait dans l'antichambre d'un médecin, à ceci près qu'il n'y règne pas la prostration muette qui sied d'ordinaire à ces lieux; au contraire, ici s'élève un brouhaha dense et confus ponctué d'éclats de rires, preuve d'une santé morale que n'altère en rien la solennité de l'instant. Remarquant mon émotion et ma pâleur, ma victime, peu rancunière, me pose la main sur l'épaule avec la paternelle condescendance d'un ancien vis à vis d'un bleu.

- Courage, camarade, il fallait bien que ça arrive, une fois.
-Ah! tu es belge ?
- Oui, mais je me soigne, comment as-tu deviné ?
- Un pressentiment; je regrette d'autant plus de t'avoir entraîné là. Tu aurais mieux fait de rester chez toi ce jour-là.
- Oh ! ne fait pas cette tête, sais-tu, ce n'est pas si terrible.
- Facile à dire, comme si tu le savais...
- Oui, justement, je suis déjà venu ici, une fois. - Ce n'est guère le moment de plaisanter...
- Mais si, c'était il y a quinze ans, j'ai même eu le temps de purger une semaine de Purgatoire avant qu'on s'aperçoive que je n'étais pas très mort mais plutôt comateux; et on m'a réexpédié dans mes foyers.

- Alors, comme ça, tu connais tout ici ?
- Je ne voudrais pas me vanter, mais...
- Eh! bien, explique moi d'abord pourquoi il y a tant de monde.
- Nous, on a eu de la chance, on arrive juste pour la session mensuelle; les autres, ils attendent depuis des jours et des semaines. Tu penses bien qu'avec un contingent moyen journalier de deux trépassés, en données corrigées des variations saisonnières évidemment, le Tribunal ne peut siéger en permanence.
- Bien sûr, ça ne serait pas rentable; autre chose : qu'est-ce qui les rend aussi sûrs d'eux ?
- Ils crânent parce qu'ils sont ensemble, comme les soldats qui sifflent les filles quand ils sont en groupe et qui piquent leur phare quand ils sont seuls. Et puis ils ont pris la précaution d'apporter leurs preuves de bons et loyaux cyclos : regarde, une fois, certains sont tout caparaçonnés de médailles, on dirait des maréchaux soviétiques; d'autres sont assis sur d'énormes valises, comme des bouledogues sur leur tas d'os.

-Qu'est-ce qu'ils ont donc là-dedans ?
- Tous les brevets pieusement amassés durant leur carrière édifiante, ainsi que leurs carnets de route tout noircis de coup de tampons. Avec ça, ils pouvaient prouver autour d'eux qu'ils n'étaient pas des bouffons et des traîne-patins.
- Je croyais que la bonne foi suffisait... Si on m'avait dit. A toi au moins ils ont fait une fleur avec ce sursis de 15 ans. Tu as pu vachement enrichir ta collection.
- Tiens !
Ici, mon compagnon étaye sa pensée d'un geste bizarre, en frappant violemment du plat de la main droite son biceps gauche, tandis que son avant-bras gauche se dresse à la verticale, poing fermé. Je crois comprendre le sens de l'allégorie...
- Mais alors, on les a couillonnés ?
- Et comment ! Que veux-tu, on est jeune, on veut bien pédaler mais plus pour des clous comme les dinosaures à pignon fixe; plus tard, on s'assagit mais la routine a pris racine; moi, je me suis fait posséder une fois, pas deux : ce coup-ci, rien dans les mains ni rien dans les poches. Viens, tu vas être édifié.

Mon guide bénévole me tire pantelant vers la porte vitrée qui donne accès à la salle d'audiences. Bien qu'il soit possible de tout observer à loisir, mais sans rien entendre, cette faculté n'intéresse visiblement pas les autres rappelés que rassure le poids de leurs pièces à conviction. En hasardant un regard par la vitre, je sens un malaise m'envahir à la pensée de cette faveur imméritée, un peu comme une fripouille recevant la Légion d'Honneur. Une lumière surnaturelle, insoutenable m'aveugle, mais par bonheur j'ai pu sauver mes lunettes noires au cours du plongeon fatal.

- Tu vois, reprend ma victime, j'avais raison, ils n'ont même pas fait ouvrir sa cantine au gars qui flageole devant eux. J'aimerais voir, une fois, la tête qu'il fait...
- Abrège, explique-moi plutôt qui sont tous ces gens ?
- Devant nous, trônant sur d'énormes selles rigoureusement d'époque, c'est Julocio, le Juge Suprême, et ses deux acolytes.
- Je t'en prie, épargne-moi tes plaisanteries de Vel'd'hiv'.
- Mais si, c'est Vélocio, mais depuis qu'il s'est pris pour Jupiter, il est devenu Julocio, c'était conforme à l'humour de ce temps-là. Le sceptre qu'il brandit, c'est la fameuse clé à huit trous qui lui sert à calibrer les entorses.
- Il ne juge que les estropiés ?
- Les entorses à sa Loi. Tu ne m'as pas laissé finir.
- Mais la Loi ne comporte que sept points !
-Ah! je vois que tu n'es pas tout à fait ignorant; mais il a bien fallu la réactualiser en fonction des technologies de pointe apparues depuis et qui permettaient aux plus malins d'embrouiller Julocio. La Loi actuelle, seuls les Trois Juges la connaissent, d'où l'effet de surprise totale. Bien vu, non ?
- Ça me semble tout de même un peu perfide et guère démocratique !

- Si tu veux, mais admets que ce serait trop facile si chacun savait ce qui est permis et défendu; quant à la démocratie, cite-moi donc un dieu démocrate ?
- C'est vrai, j'ai beau chercher...
- Et en plus ils se soutiennent tous mordicus au sein de leur toute puissante C.G.T.
- Eux aussi, on croit rêver...
- Oui la Confrérie des Gardiens de la Théocratie, mais rassure-toi, le rôle des deux assesseurs est justement de nuancer les jugements à l'emporte-pièce du Maître.
- J'ai l'impression d'avoir vu ces deux têtes-là quelque part...
- C'est bien possible, je t'expliquerai une fois plus tard. Celui de droite, c'est le bienheureux Pierre-Roch, émule du Pape; il tient ouverte sur ses genoux sa célèbre encyclique «Solem habeo in ragionibus meis», recueil exhaustif des châtiments qui contient tous les cas de figure, en huit psaumes correspondant chacun à un trou de clé. A gauche, le Bienheureux Paul du Métatarse, un saint ascète ainsi nommé parce qu'il fait chaque année, pieds nus, même par les étés les plus rigoureux, le raid Menton-Damas. Regarde bien, il tient une pompe graduée prolongée par un rayon de vélo creux : c'est la sonde à intentions avec laquelle il sonde les reins et les coeurs, selon l'expression consacrée.
- Il ferait bien de sonder quelque fois les sacoches...
- D'accord, mais beaucoup n'en ont pas. Bon, n'insistons pas, je te résume le processus :
1/ la clé à 8 trous
2/ le tarif de l'encyclique
3/ la sonde à intentions
4/ le verdict final de Julocio.
C'est simple et équitable.

- Sans doute mais je ne saisis pas pourquoi les deux acolytes sont des vivants et non des saints confirmés du Paradis.
- C'est facile à comprendre. Tous ces élus sont morts depuis longtemps et ont plus où moins, comme Julocio perdu les pédales, c'est pourquoi il faut des esprits intègres ayant gardé les pieds sur terre et aptes à déjouer toutes les roueries des cyclos économes d'energie.
- Quelles roueries ? je comprends pas.
- On voit bien que tu n'as jamais fait de brevets.
- Drôle d'histoire... Et quand Pierre et Paul seront morts ?
- On les remplacera par d'autres, sais-tu, les candidats ne manquent pas. Tu penses, une séance par mois. en heures supplémentaires au tarif syndical de la magistrature assise céleste, personne ne crache dans le nectar; et il y a les petits travaux annexes : révision périodique de la Loi, de l'Encyclique. Si je te disais que Pierre a même pu s'acheter une mobylette dont il ne se sert que la nuit, le traître !
- Pas de blasphèmes, ils peuvent sûrement nous entendre. Dis-moi, c'est le Diable, ce grand escogriffe poilu qui somnole à l'écart, appuyé sur une fourche télescopique à chasse variable ?
- Oui, c'est bien lui, le fameux Athanase, l'archange déchu, préposé à l'enfer.
- Je connaissais Satan, Lucifer, Belzébuth, Méphistophélès, mais Athanase...
- Allons, souviens-toi de ton catéchisme. Celui qui a voulu débaucher Julocio lui-même en l'embringuant chez les Cyclosportifs et qui s'est fait joliment souffler dans les bronches; «Vade rétro, Athanase», du coup, il était baptisé et en même temps excommunié. Moi, je trouve ça fumant !
- En effet, ça me revient maintenant... Et en toute logique, les élus, c'est cette phalange innombrable de séraphins aux ailes blanches qui tournent lentement et inlassablement derrière les Juges ?
- Affirmatif. Et pour leur ôter l'envie d'avoir la grosse tête, ils n'ont pour auréole qu'une jante de mini-vélo, ce qui du même coup rend improbable tout nouveau pugilat entre pro-650 et pro-700. On ne les entend pas d'ici mais ils n'arrêtent pas de psalmodier des versets de l'Encyclique. C'est ça le Paradis.
- Pas très jouissif, à première vue; il n'y a même pas une femme !
- Mais enfin, tu sais bien que les anges n'ont pas de sexe. Il en était justement question à Byzance quand les Turcs, à qui on ne demandait même pas leur avis, ont tranché le débat ainsi que quelques doctes têtes mitrées à coups de cimeterre bien appliqués, et depuis plus de 500 ans personne n'a osé rouvrir ce dossier scabreux, et les choses restent pendantes. Maintenant, sois tranquille, personne n'est jamais entré direct au Paradis, sauf bien sûr Julocio, et puis je vais te dire, ce Paradis un peu douceâtre vaut mieux que leur Purgatoire vicieux : j'en ai tâté mais pas assez longtemps pour être quitte. Purée !
-C'est si terrible que ça !
-C'est selon le barème de l'Encyclique et l'échelle de la sonde à intentions. Moi, j'ai été déclaré coupable de diagonalité frénétique.
- Avec un diagnostic pareil, tu as du en prendre un maximum...
- Va savoir, jamais on ne t'annonce la durée, de telle sorte que s'ils t'oublient, tu ne peux même pas réclamer
- On te reprochait quoi au juste ?
- De prendre mon pied à traverser la France d'un bout à l'autre et dans tous les sens, une année comme-ci, l'autre année comme ça. Comprends-tu ?
-Tu vois bien que tu aurais mieux fait de rester chez toi : mais où est le mal ?
- Ils ont appelé ça de la déviation, alors que j'allais toujours au plus court, mais pas possible de discuter ; ils ont estimé aussi que j'aurais dû prendre des photos, visiter des églises, des châteaux, des musées... et quoi encore ? Ils me font rire, comment j'aurais pu respecter les délais ?
- Et ensuite ?
- On m'a bouclé dans un grand vélodrome de forme hexagonale et confié un vélo de marque «Alléluia»(1) sur lequel je devais jour et nuit, en 30 x 28, joindre un angle à un autre, me cognant ici à un mur massif appelé «Central», ailleurs plongeant dans le «Marais Nostrum», dans un chassé croisé vertigineux avec les autres punis. Imagine un fois ! Et pas même un cornet de frites à chaque bout !
- Je te plains, mais il n'y a pas que ça ?
- Non bien sûr, mais il serait trop long de tout t'énumérer tant est féconde leur sadique imagination.
- Tais-toi, tu vas aggraver notre cas.
- Par exemple, sais-tu quel est le divertissement des coupables de collectionite ? Enfoncés jusqu'aux yeux dans une montagne de papier, tous les brevets apportés ici par des générations de cyclos, ils pédalent désespérément sous une grêle serrée, non pas de frites là non plus, mais de médailles, de breloques, de coupes, de soucoupes et j'en rejoue : et le port du casque est interdit.
Ça ne vaut guère mieux que ton hexagone !
- Chut! Regarde ceux-là :

Une fois de plus la porte du Tribunal s'ouvre, livrant cette fois passage non à un seul prévenu, mais à un défilé d'une vingtaine d'automates raides, au pas cadencé. Une, deux, une, deux... Scandent certains d'entre eux. Interloqué, j'interroge :
- Pourquoi passent-ils tous à la fois, il y a des privilèges ici ?
- Non, c'est pour gagner du temps. Comme aucun d'eux n'a d'opinion personnelle, c'est leur conscience collective qui est jugée. Ce sont des Prussiens, ils vont rigoler.
- Pourquoi? Julocio n'aime pas les bons Aryens ?
- D'abord ce ne sont pas des Allemands, on les appelle ainsi parce qu'ils ont introduit dans leurs loisirs une discipline à la prussienne, en réaction, disent-ils, au laisser-aller qui règne dans leur vie professionnelle; alors ils ne roulent qu'en groupes compacts solidement encadrés par des sortes d'adjudants qui se gonflent du titre de capitaine et qui donnent la cadence: eins, zwei, eins, zwei.. Cette fournée-là à dû percuter un train sur un passage à niveau qu'elle n'avait pas vu venir, ou s'envoler en choeur dans un virage vicieux au cours d'un brevet montagnard.
- Un peu comme nous deux, alors ne te moque pas. A leur vue, la face de Julocio s'assombrit tout à coup, il fronce ses sourcils épais, signe avant-coureur d'un courroux majuscule. Dans son coin le sinistre Athanase qui, du fond de sa léthargie a pressenti une rare aubaine, raffermit sa poigne sur le manche de sa fourche télescopique à chasse variable et esquisse un sourire significatif.
- Ce n'est pas vrai, il ne va pas lui faire ce cadeau ? Ils n'ont fait de tort à personne.
- Non, mais ils ont infligé à Julocio le camouflet de haut de gamme en rejetant ce qu'il considère comme une faveur incomparable de sa part : la liberté. Remarque, sur le principe je l'approuve, sur le principe seulement, mais j'ai bien peur que ça chauffe d'ici peu.

On devine que Pierre et Paul, suspendus chacun à l'oreille du Maître qui est le plus à leur portée, plaident les circonstances atténuantes, mais il n'écoute même pas et la porte de la damnation s'est déjà refermée sur les malheureux prussiens, dans un grincement épouvantable que ne parvient pas à couvrir l'éclat de rire triomphal d'Athanase.
- Et maintenant ?
- Si rien n'a changé depuis ma première venue en ces lieux, ils vont être pris en mains par les suppôts-sportifs. - Qui ça ?
- Les cyclosportifs, tu sais, cette secte de schismatiques fidèles à Athanase dont ils sont devenus ici les suppôts. Sur de pesants vélos de facteurs à vade-rétro-pédalage, de marque «Génial Lucifer» (1) ils harcèlent sans trêve de leur fourche à chasse variable les Prussiens qui font ce qu'ils peuvent pour esquiver, mais le sol infernal, dépavé à leur intention, ressemble au Boul'Mich en mai 68, et ils n'ont que des cycles «Amen» (2), sans pneus à cause des risques d'incendie.
- Quelle horreur! Et cela pour toujours !
- Non, il parait que Julocio finira par lever la punition, mais pas avant longtemps, afin que la leçon ait le temps de bien les imbiber.
- Imprégner, on dit en Français.
-C'est pareil. En tout cas, eux ne le savent pas. Et en fin de compte les seuls damnés éternels sont les cyclosportifs qui se sont vautrés dans leur vice. C'est normal et il faut bien que l'enfer fonctionne puisqu'il existe. Oh ! mais voilà que nous sommes seuls, le dernier vient d'entrer. J'ai peur...
- Pourquoi, tu as mauvaise conscience ?
- Un peu quand même. Figure-toi que j'ai lâchement capitulé une fois ou deux sous des prétextes météorologiques, que j'ai monté honteusement à pied toutes les côtes d'un taux actuariel brut supérieur à 27,25% et de plus à reculons pour faire croire que je descendais.
- Tu parles, le truc est archiconnu. C'est tout ?
- J'ai bien grillé quelques Stop, mais c'était en Italie. Oh ! j'oubliais la sentinelle du palais princier de Monaco que j'ai éjectée de sa guérite après l'avoir ligotée (3) avec un câble de frein et bâillonnée avec un démonte-pneu; il faut dire qu'il faisait nuit, qu'il pleuvait et que j'avais cherché en vain une grange dans toute la Principauté.

- Mais dis-moi, tu ne t'es jamais dopé ?
- Si, mais rien qu'avec des bananes, du lait et du miel.
- Alors, ce sera le supplice de Tante Anne
- Décidément, tu n'arrêtes pas de me terroriser. Ça consiste en quoi ?
- Allons, tu connais bien la légende de Barbe Bleue ?
- Oui, mais quel rapport ?
- Eh! bien, de même que du haut de sa tour, Tante Anne...
- Pardon, c'était soeur Anne
- Cesse de m'interrompre tout le temps, c'est Tante Anne sinon mon histoire ne tient plus debout et puis la soeur est souvent la tante des enfants de son frère...
- Evidemment, sauf si son frère n'en a pas...
- On s'égare... Je disais donc que comme tante Anne, tu seras le jouet de mirages perpétuels adaptés à ton cas: partout des bananiers ployant sous le poids de leurs fruits, des fontaines crachant le lait et le miel, mais toutes ces gâteries se dérobent à ta convoitise coupable pour te narguer un peu plus loin, tu sais ? Comme ces cols qui reculent toujours devant tes yeux et à force de te démener, tu tireras une langue pas possible.
- Je me connais, je craquerai avant terme.
- Ce serait trop commode de s'évanouir. Ils te ravigotent de temps à autre avec une petite ondée bienfaisante, et tu repars pour un tour ! Justement en parlant de tour, c'est le tien à présent. Courage !... Mais je rêve, il s'évanouit pour de bon, l'imbécile, et je reste seul pour faire le bouche-à-bouche à ce débris...

Ainsi sous un baiser chaud comme une ventouse
Je me réveille hagard aux bras de mon épouse,
Sauvée du châtiment par l'amour conjugal.
Me voilà bien vivant, c'est là le principal,
Mais je ne peux chasser cette pensée morose
Qu'on n'a pas vu de femme en cette apothéose,
Et si je dois un jour partir pour l'au-delà
Je ne suis pas très chaud pour ce paradis-là.

(1) A l'intention des jeunes qui pourraient douter du sérieux de ce récit je précise que cette marque de vélo a bien existé dans les années 30 à 50. Demandez aux anciens.
(2) Je précise que je ne suis pas sûr que cette marque ait réellement existé.
(3) Dois-je préciser qu'il s'agit de la sentinelle et non de la guérite.

M. PERRODIN

Talent


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