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De formidables "TOPOS" !

Revue N° 33 Page 63

Le lac de Saint Guérin apportait une touche de fraîcheur en cet après-midi caniculaire du 12 juillet 2003.

La D218 avait eu rapidement raison de nos ardeurs crânement affichées dès la sortie d'Arêches. La progression était plus lente et plus adaptée à la chaleur encore perceptible malgré l'altitude. Le reflet d'un rapace m'extirpa de la contemplation des eaux turquoises du lac ; la présence de l'aigle était de bonne augure et laissa présager du déroulement sans faille de la randonnée préparée depuis l'hiver. L'ascension pouvait continuer dans un cadre magnifique où la forêt cédait progressivement le pas aux alpages. A quelques tours de roues du lac des Fées, une cascade s'offrit à nous, la montagne nous autorisant ainsi une halte rafraîchissante. L'air enfin devenait respirable à presque 1900 mètres d'altitude. Mon compagnon me lâcha dans le dernier kilomètre avant l'accès au col du Cormet d'Arêches (2109 m). Je découvrais alors les splendeurs du Beaufortain que des nuages bas m'avaient volées quelques années auparavant : panoramas splendides, alpages mouchetés de Tannes et vastes forêts ; par contre j'avais pu rencontrer 3 pratiquants VTT purs et durs en train de boucler le Tour du Beaufortain. Ne connaissant pas le Club des 100 Cols, ce sont pourtant eux qui m'avaient entraîné jusqu'au col du Coin (2398 m) où nous avions eu du mal à tenir tous ensemble tant il est étroit.

La montagne s'était alors offerte à moi sous un autre jour : un confort plus important offert par des montures et des pneumatiques adaptés (même si je connais le 650B !), côté convivial et rassurant d'une randonnée organisée à plusieurs et l'option sécurité liée à la présence d'un moniteur pour qui les chemins et la technique n'ont plus de secrets. C'est ici que je voudrais rendre un hommage appuyé à ceux d'entre nous qui répertorient inlassablement et présentent des randonnées, certes riches en cols, mais surtout riches en émotions : parcours testés, chemins éprouvés, classés, détaillés, ... nous permettant d'ajouter une grande touche de tourisme dans notre quête des cols. A partir du Topo 3, j'avais décidé mon beau-frère à réaliser le Tour du Grand Cretet en modifiant juste l'accès. Dans la descente qui suivit, ce dernier me laissa apprécier (de loin et à raison de longues séances de crispation sur les manettes de freins) l'efficacité d'une fourche et de freins à disques.
A Aime, le décor bucolique, le silence écrasant de la montagne et le rafraîchissement offert par une descente, cédèrent le pas à une nationale très fréquentée et à un fond de vallée étouffant. La nuit passée à Moutiers ne fut pas très reposante, en grande partie à cause de cette canicule tenace. Le sommeil nous gagna au point du jour lorsqu'il fallait nous préparer et boucler à nouveau les sacs à dos. La montée sèche en direction d'Hautecour la Basse puis du Breuil nous rappela rapidement les efforts consentis la veille. L'ombre offerte au col du Pradier fut pour moi une délivrance mais il nous fallait quitter ce havre de paix et de fraîcheur pour atteindre péniblement le Passage du Bozon. La canicule sévissait même à cette altitude et les réserves d'eau fondaient comme neige au soleil. Une piste rejointe en contrebas du col nous permit d'accéder rapidement au refuge du Nant du Beurre que nous pensions fermé. Dans les bacs desservis par une fontaine d'altitude, un véritable trésor pour baroudeurs assoiffés sommeillait paisiblement : sodas, eaux minérales diverses, vins blancs savoyards, crémants... et même champagne. Un groupe commençait à s'attabler après une nuit, visiblement trop courte, passée en grande partie à festoyer dans la salle commune, pas complètement débarrassée des agapes de la veille. Cet arrêt inespéré nous permit de récupérer un peu et de refaire le plein des réservoirs d'eau des sacs à dos. Ce refuge vaut à lui seul le détour et reste pour nous un merveilleux souvenir. En laissant nos hôtes impressionnés par notre itinéraire depuis moins de 24 heures, nous n'avions plus qu'à nous armer de patience et de courage pour atteindre dans un silence religieux le col des Tufs Blancs (2304 m).

Je commençais à coincer sérieusement trouvant le 22/28 encore trop juste. L'accès au col des Génisses (2348 m) puis au col de la grande Combe (2356 m) fut un peu plus aisé. La descente sur le Cormet d'Arêches plutôt typée "Pif-Paf" révéla rapidement les limites du VTT rigide non suspendu et le manque de maîtrise technique du pilote ; je n'osais d'ailleurs imaginer une telle descente par temps humide et sur terrain détrempé !! Le contact avec le bitume au lac de Saint-Guérin fut une grande délivrance. Les 97 kilomètres du parcours bouclés en 13 heures (arrêts compris) furent une révélation pour tous deux, encore sous le choc des panoramas sans cesse renouvelés au cours de cette randonnée et sous le poids des 3200 mètres de dénivellation (positifs et négatifs !). Merci aux "Cent-cols" pour ces randonnées fabuleuses consignées au chapitre des "Rêves" de deux néophytes découvrant Ie VTT de Montagne.

Eric Lastennet

CC n°3191


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