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Itinéraire d'un randonneur comblé

Revue N° 33 Page 39

Pour ce 26 juin le temps s'annonce des plus beaux. C'est donc le jour de mener à bien ce raid qui m'a toujours pour des raisons diverses glissé entre les mains. La nuit a été très courte afin de démarrer à la pointe du jour. Je laisse donc la voiture se reposer à SAINT LARY à l'ombre au bord de la rivière. Il fait encore sombre. La rude grimpette jusqu'au col de l'ESTRADE puis de l'HERBE SOULETTE se fait dans le calme et la fraîcheur juste troublée par le 4x4 des bergers eux aussi très matinaux.

Au sommet le troupeau ne semble pas avoir bougé depuis ma dernière visite et la fontaine me permet de refaire le plein avant le morceau de bravoure. Seule une petite surprise m'attend la nouvelle table d'orientation.

Le poussage et le portage jusqu'au col de la TERME se révèle toujours aussi pénible notamment le passage au col géographique sous le pic des AGNERES.

Enfin voici la cabane de la TERME que les chevaux semblent pour une fois avoir désertée. Après le col de la TERME et une petite causette avec un homme et son fils,un peu de poussage et une descente à travers pré me permettent d'atteindre le col d'AUARDE . Ensuite il faut pousser en partie sur le sentier horizontal qui contourne le pic de PIELE DE MIL où trois isards observent dubitatifs ma trajectoire, puis éviter de prendre un bain de pied dans la mouillère qui m'amène au sympathique mais fade COURET DE L'ÉTANG. J'enfourche de nouveau ma monture pour me diriger vers la cabane d'ULS et le PAS DU BOUC.

En rejoignant le GR10 le caprin se révèle pentu et m'oblige à un nouveau poussage. La surprise viendra pour moi le topo de la présence de bornes en plastique pour délimiter le GR. Durant la montée de petites haltes me permettent de jeter un œil sur la cabane d'ULS et plus à droite sur son étang.

Deuxième surprise au sommet la neige est au rendez-vous, il faudra l'escalader sur quelques mètres la récompense sera un pédalage réparateur jusqu'au col d'AUERAN, la vue sur les crêtes du CAP DU MAIL DE CRISTAL est magnifique. Au sommet du col un panneau m'apprend que je suis sur la commune de MELLES "célèbre grâce à "MELBA"*. Le CRABERE est somptueux et en contrebas l'ÉTANG D'ARAING qui miroite au " soleil me tend les bras, mais ma gourmandise me fait obliquer sur la gauche où les jumeaux de BASSIBIE semblent me narguer. Il faudra effectivement se jouer des plaques de neige pour les atteindre. La descente vers celui de DESSOUS est grisante et me permet de surprendre et de courser involontairement quatre magnifiques isards incrédules qui me font admirer leur vitesse et leur agilité. Face à moi le surprenant et imposant PIC DE LA MEDE me barre la route et sur ma droite la falaise annihile toute tentative pour rejoindre directement l'étang.
Il faudra donc se "pomper" la rude remontée jusqu'au col de DESSUS. La suite fut une partie de marelle entre la neige, les ruisselets et les rochers qui affleurent le long des sentiers filiformes. Enfin quelques randonneurs m'annoncent le retour vers la civilisation, il est temps de faire une halte casse-croûte au bord de l'étang et d'apprécier la magie de ce lieu que seul vient ternir l'architecture discutable du refuge du CAF**. La pause terminée la descente se révèle assez ardue dans sa première partie où le sentier très pentu est jonché de rochers ; il faut pousser le vélo,le retenir, le porter bref le supporter ! Il reste donc peu de place pour contempler les impressionnantes falaises des HAUTS D'ILLAU. La longue procession des randonneurs permet d'échanger quelques amabilités en particulier avec l'ânier qui m'avouera être aussi chargé que ses deux bêtes de somme. D'autres déjà fatigués d'avoir hissé jusque là leurs carcasses me demandent par quel stratagème j'ai pu atterrir ici. Je leur explique alors que dans ma confrérie ce genre de pèlerinage est indispensable.

Après la cabane d'ILLAU je laisse la chapelle de l'ISARD*** sur la gauche se préparer pour la mi-août et je jubile intérieurement à l'idée de savourer maintenant cette sympathique descente ombragée à travers bois pour rejoindre le hameau de FRECHENDECH. Ici la magie disparaît et il reste "vingt kilomètres de bitume pour rejoindre le bercail" ; qu'importe la journée aura été somptueuse et la boucle enfin... bouclée. Un grand merci aussi aux bénévoles qui ont permis d'éditer ces guides topo muletier sans lesquels je n'aurais sans doute jamais tenté cette traversée que je recommande à tout les amateurs de muletiers un "peu hard".

* MELBA La feue ourse slovène
** CAF Club alpin français
*** Chapelle de l'ISARD, son pèlerinage du 5 août est célèbre dans la région (Bénédiction des troupeaux)

GUY RUFFIE

N°5497


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