Page 01 Sommaire de la revue N° 33 Page 05

L'école du respect

Revue N° 33 Page 04

Tu fais des cols pour toutes sortes de raisons : le paysage, la montagne, le goût de l'effort, etc, ...
Un jour, tu as "X" cols dont "Y" à plus de 2000 m ; tu rentres " aux Cent Cols" : voilà un premier objectif atteint.

Pour le plaisir, quand tu sais un col dans le coin, tu vas te le faire. A la Mandallaz, nous avons des colophages, genre Christophe Guitton, l'homme qui n'a jamais mal, et des plus modestes dont je suis.

Un jour, mon ami Pascal "le connétable" 1149, me dit :
- "tu devrais faire un article pour la revue des Cent Cols"

Moi, petit cyclo du dimanche, écrire dans les Cent Cols...: il est fou ce " connétable " Lorsque je lis cette revue, je lis des gens qui ont fait La Cordillère des Andes, des cols en Pays Baltes , des volcans en Bolivie, le Tibet, etc ...Moi, je suis là pour m'amuser, pour me donner un but de promenade, pour le plaisir et pour tirer la bourre à mon trésorier Gilbert Roy.

Rien à voir avec ces cabris.

Cette année, à l'occasion de la journée du SILA à Annecy, les cyclos ont encadré les enfants des écoles sur la piste cyclable. Au cours d'une halte pour les ateliers de sécurité, j'ai discuté avec un gars de tout et de rien. Dans le fil de la conversation, je me rends compte que l'on monte les mêmes cols et qu'on est aux Cent Cols

"- Quel numéro as-tu me lance-t-il ? 5600, je crois.
- Quel numéro crois-tu que j'ai ?"

Je cherche. Ce gars a à peu près le même âge que moi. Je donne ma langue au chat.
"- Numéro 1" me dit-il
Je discutais depuis une demi-heure avec le fondateur des Cent Cols, Jean Perdoux 795 cols. Heureusement que je n'ai pas fait comme un cyclo qui expliquait combien il était dur d'effectuer une flèche Vélocio à un grand gaillard ventru, qui l'écoutait du haut de ses 71 ans, l'air admiratif. Et l'autre en rajoutait ; " quand il faut rouler la nuit, quand Pâques est tôt dans la saison. Il fait froid etc .. "

La bouche du grand osa un "ça doit être dur, jamais je ne pourrais faire ça " ; et son ventre de se bidonner.

Le premier n'avait jamais fait la flèche, le deuxième en était à sa 11e, 12e, 13e, je ne sais plus. Et nous de pouffer.
Le grand, c'était Henri Dusseau ; c'est lui qui a initié notre Président Philippe Gibert à la Flèche en 1993. L'autre ?
Le 15 août, tu te rends à la concentration des Cent Cols. Tu rencontres des hommes, des femmes, des grands, des petits, des jeunes, des vieux, des gros des maigres, des barbus, des moustachus, avec leur vélo, course, VTT, randonneuse, 700, 650, 26 pouces, porte-bagages, sacoches ou pas ; peu importe.

Tout ce beau monde grimpe le col de l'Echelle pour partager un moment agréable, revoir des amis faits au cours de promenades.

Il n'y a pas de compétition. On se fout de savoir si tu montes en 1 heure ou en 2 ; tu es là. Tu te retrouves donc à la frontière italienne dans un champ de maillots bleus. J'ai gardé celui du club avec le chamois pour être reconnu par un gars de Montauban rencontré à Pernes les Fontaine (Georges n° 5090) Et le voilà, la mine réjouie, comme si nous étions des frangins qui ne s'étaient pas vus depuis 6 mois. La conversation va bon train. Vient se joindre à nous ; Momo 3210, on parle de Granon, de Rochilles, d'Agnel, de la Finistère etc ... Le lendemain, chacun va y aller de son itinéraire. Momo va faire le Granon, Georges est obligé de rentrer, moi je suis venu pour des 2000. Donc, L'Assietta.
Voilà une randonnée pas dure avec un splendide paysage ; prévoir tout de même un départ de bonne heure. Au cas où quelqu'un serait tenté de mettre en avant une performance quelconque, il y en aurait toujours un autre qui aurait fait plus.

Quand tu as compris ça, tu as tout compris et tu te tais.

Les Cent Cols, c'est les cols de la modestie, par la force des autres. Les Cent Cols, c'est les cols de la tolérance et du respect. Que tu aies un vélo Truc ou Machin, quelle que soit ta façon de monter les cols (départ du pied du col ou de chez toi) pourquoi pas du niveau de la mer ; chacun franchit ses cols comme il l'entend. Chacun se fait homologuer ses cols selon son propre choix ; l'important, c'est qu'il soit en règle avec lui-même ; c'est un rapport entre toi et toi.

Pour mon compte, j'ai monté des cols goudronnés en partant de mon domicile ; et puis, devant m'éloigner de plus en plus, je les ai faits en partant près du pied.

N'ayant plus beaucoup de cols goudronnés dans mon coin, j'ai attaqué les muletiers entraînés par mes colophages. J'ai découvert des endroits magnifiques avec des efforts plus ou moins importants. En fin d'année, lorsque je fais ma liste, je suis satisfait de ce que j'ai fait quelle qu'en soit la quantité ou la dureté. Et ça, c'est une grande joie.

Donc si un jour, tu es gêné pour pédaler tellement tes chevilles sont grosses ou si ta tête ne rentre plus dans ton casque, rentre aux Cent Cols. Rendez-vous à Seix ou dans une montée de cols avec un petit "Bonjour !" ça fait toujours plaisir.

Roger Lepage dit "Moogli"

CC n°5631


Page 01 Sommaire de la revue N° 33 Page 05