Page 31 Sommaire de la revue N° 32 Page 33

"Homme de la plaine, pourquoi vas-tu à la montagne ?"

Revue N° 32 Page 32

"- Pour mieux regarder la plaine"

Mon voyage annuel m'a conduit de mon domicile, situé au nord de Rocroi (mais de l'autre côté de la frontière) dans les Alpes suisses et à son terme à Coire dans les Grisons où l'International de Bruxelles via Bâle, Strasbourg, Luxembourg, accepte les vélos. Tout en roulant, je me disais que cette longue progression vers la montagne s’apparentait « mutatis mutandis » à la marche d'approche des himalayistes de la grande époque et que mes étapes étaient en quelque sorte leurs camps successifs. Dans la même ligne, j'ai vécu un grand moment lorsque après avoir parcouru la délicieuse petite route entre La Brévine et Mauborget, je découvris, de ce balcon du Jura, le plus admirable des paysages : à mes pieds, la plaine (à l'usage pas si plaine que cela) comprise entre le Jura et les Alpes, le lac de Neufchâtel avec Yverdon à sa pointe, dans le lointain le Léman et en face dominant les Préalpes la chaîne de l'Oberland Bernois avec ses sommets mythiques : la Jungfrau, le Mönch, l'Eiger, le Finsteraarhorn...
Le lendemain, j'étais au coeur du problème en me colletant avec les pentes de la Grande Scheidegg, un col interdit aux voitures et dont Pierre Mai m’avait dans un e-mail aimablement confirmé qu'il était cyclable. Ensuite, après le Susten déjà vaincu mais sur l'autre versant, je vins à bout des trois derniers grands cols helvétiques qui manquaient à mon bonheur : l'Oberalp, le Lukmanier et le San Bernardino, ce dernier offre une dénivelée appréciable puisque Chiavenna à son pied se pose à quelques 350 mètres alors que le sommet dépasse 2 000 mètres, de peu il est vrai. Au total, je n’avais que six cols à proposer au club mais je les avais bien mérités.

Au début de saison, j'avais dans un B.R.M transfrontalier Chimay-Rethel-Chimay rencontré un compatriote lui aussi sociétaire du Club des Cent Cols. Il parlait peu le français, moi très peu le flamand, hélas ! Nous parvînmes cependant à nous comprendre sur l'essentiel et échangeâmes nos noms et adresses. De retour au domicile, je découvris dans la revue du club le palmarès flatteur de ma nouvelle connaissance : André Verbeek totalisait alors 3260 cols. Pas moins. C'est peu de dire que je complexais. Belle leçon de modestie.

Philippe Tamignaux

CC n°4733


Page 31 Sommaire de la revue N° 32 Page 33