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Randonnées valaisannes

Revue N° 32 Page 19

En cette période de canicule, j’ai eu la bonne idée avec quelques amis de réaliser un séjour dans le canton du Valais au coeur des Alpes suisses. Ce canton dispose de nombreux cols à plus de 2 000 m d'altitude et nous passerons régulièrement la barre des 2 500 m, parfois presque 3 000 m, ce qui nous a permis de bénéficier d'un peu de fraîcheur ou plutôt d'une chaleur moins pesante. Toutefois, la dénivellation importante ne permet pas le franchissement de nombreux cols, en général un ou deux par jour seulement.

Nous avons opté pour des randonnées à la journée avec un camp de base situé dans la vallée du Rhône à Sierre, dernière ville de la Suisse romande au centre du Valais.

La vallée du Rhône, entourée de hauts sommets, présente un climat privilégié très sec qui permet la présence de nombreuses vignes et la production du fendant. Les anciens ont créé de nombreux bisses (petits canaux) afin d'irriguer les cultures. La plupart des sentiers longeant ces bisses sont cyclables avec un peu de dextérité, à l'exception de certains bisses taillés dans la falaise et vertigineux, notamment le bisse du Rhône.

Les parcours ont été réalisés avec des VTT afin de profiter de merveilleuses descentes atteignant jusqu'à 2000 m de dénivellation d'affilée. Ils se répartissent sur 3 secteurs :

La région de Martigny avec le Trient, le Val Ferret (La Fouly), le Val de Bagnes (Verbier) et le Val d'Entremont (Vallée du Grand Saint Bernard). Ce secteur offre de belles vues sur les massifs du Mont Blanc et du Grand Combin.

La station de ski de Verbier présente de nombreuses pistes qui permettent facilement l'ascension de plusieurs cols. Le col le plus fréquenté est celui de la Croix de Coeur. Il est emprunté lors de la plus grande épreuve de
VTT de montagne qui relie les stations de Verbier et de Grimentz. Cette épreuve, Le Grand Raid Cristalp, regroupe chaque année fin août plus de 4000 participants pour un parcours démentiel de 130 km avec plus
de 4 000 m de dénivellation positive. Le premier ne met que 6 heures et il n'a donc pas le temps de noter le nom des cols et de regarder le paysage, ce qui n'est pas notre vision du vélo de montagne. Du col de la Croix de Coeur, il est vivement conseillé de monter à la Pierre Avoi en passant par le col de la Marlène. Les dix dernières minutes sont à faire en aller et retour à pied du fait de la présence d'échelles et de mains courantes. Ce sommet présente un large panorama sur la vallée du Rhône et les sommets du bas Valais.

Dans la vallée du Grand St Bernard, il ne faut pas manquer le parcours des crêtes du Mont Brûlé avec de belles pistes et des sentiers taillés pour le VTT.

Du côté du Val Ferret, la montée du Grand Col Ferret situé sur le sentier du Tour Mont Blanc est inoubliable : le sentier est cyclable en quasi-totalité à la montée et l'arrivée au col est à couper le souffle tellement l'effort a été important et le paysage grandiose au pied du Mont Dolent, sommet à la frontière entre la Suisse, l'Italie et la France. Emportés par notre élan et afin de réaliser un parcours avec une dénivellation suffisante, nous décidons de descendre sur le versant italien côté S2-3 mais pas si facile que cela. Ensuite, nous remontons au Petit Col Ferret. Quelle erreur ! Le versant italien est très raide et il faut porter le vélo pendant 400 m de dénivellation sur un sentier qui ne présente que quelques vagues traces de pas. Il n'aurait pas fallu succomber aux charmes de la descente côté italien mais aller directement du grand au petit col Ferret. C'est beaucoup plus facile. Heureusement, la descente du Petit Col Ferret sur La Fouly est merveilleuse. Un grand névé (le seul du séjour) présentant une pente régulière et une consistance parfaite (ni trop dure ni trop molle) permet une descente sur neige de rêve. Rare. Difficile de diriger le vélo car on n'a pas l'habitude mais les chutes ne sont pas douloureuses. La suite de la descente est assez technique mais ça passe et c'est superbe au pied des glaciers du Mont-Blanc.

Du côté de Salvan, les sentiers sont beaucoup plus caillouteux et moins cyclables mais c'est aussi de toute beauté avec un mélange de lacs, rochers et petits glaciers. Le lac d'Emosson et le col de Barberine avec la descente sur l'alpage d'Emaney valent le détour même si c'est difficile. Il en est de même pour le lac de Salanfe au pied des Dents du Midi et de la Tour Salière. La fin de la montée à La Golette au-dessus de la station des Marécottes nécessite un portage difficile mais la descente sur le lac de Salanfe est très belle bien que le sentier accédant aux anciennes mines d'arsenic soit très caillouteux. Depuis le lac, la montée au Col de Jorat est un vrai régal. La descente du lac de Salanfe sur le vallon des Vans s'effectue sur une piste raide et très caillouteuse (du rarement vu).

Le Valais Central (régions de Sion et de Sierre) présente au sud des vallées où la vie d'alpage est encore bien présente : Val d'Hérens et Val d'Anniviers. De nombreuses pistes d'alpage permettent d'accéder presque jusqu'aux cols.

C'est le cas pour le col de Cou qui permet ensuite l'accès au vallon supérieur de Réchy et au lac du Louché. Il en est de même pour les cols au pied du sommet de l'Illhorn (le pas de l'Illsee et Illpass). Ce jour là, il faut impérativement suivre les pistes qui conduisent à l'hôtel Weisshorn car le sentier de descente dans les mélèzes sur Vissoie est inoubliable. Il faut aussi partir de Grimentz pour aller rejoindre la cabane des Becs de Bosson qui culmine à presque 3000 m et d'où l'on jouit d'un des panorama les plus beaux du Valais avec aux premiers plan les sommets du Bishorn et du Weisshorn ainsi que « la Couronne impériale des 4000 de Zinal ». L'itinéraire descend ensuite sur le Pas de Lona et on rejoint la fin du parcours du Grand Raid Cristalp. Passage au lac de Lona, au Basset de Lona puis très belle descente sur le lac de barrage de Moiry face au glacier.

De l'autre côté de la vallée du Rhône, les massifs montagneux sont plus calcaires et plus abrupts et donc moins propices à la pratique du VTT. Il faut toutefois monter au Col du Sanetsch (23 km de petite route goudronnée très agréables depuis Sion) car la vue sur le glacier des Diablerets mérite vraiment le détour. Ce glacier est surprenant car il repose sur un sol calcaire, ce qui n'existe pas en France. L'abri de car au sommet du col a été le bienvenu car il nous a protégé d'une courte averse orageuse mais d'une intensité rare. Le rayon de soleil sur le glacier des Diablerets après l'orage est indescriptible tellement c'était fabuleux. Le sentier de descente sous I'hôtel du Sanetsch permet une descente très agréable. Il faut aussi monter du côté de Crans Montana et du sommet de Bella Lui pour jouir d'un beau panorama sur la chaîne frontière avec l'Italie.
La région de Brig (Haut Valais) est grandiose et présente plusieurs sentiers de descente de rêve pour la pratique du VTT. On se trouve en Suisse alémanique et les cols se changent en Pass, les lacs en See, les sommets en Horn et les vallées en TaI.

La petite vallée de Leuk présente un beau parcours au départ du petit village d'Albinen. Une petite route pastorale conduit aux villages préservés d'Oberu et de Galm. De là, il ne faut pas manquer l'aller-retour (peu cyclable) au Restipass car la vue sur la vallée du Lotschental est saisissante avec ses petits villages authentiques et son cirque de montagne présentant de nombreux glaciers. Il faut ensuite passer au Schnydi pour rejoindre en traversée l'imposante arrivée de remontées mécaniques de Rinderhutte de style germanique. On se trouve au dessus de la station thermale de Leukerkad au pied du Gemmipass qui présente un sentier impressionnant taillé dans une barre rocheuse. Nous n'avons pas franchi ce col à VTT car la cotation est vraisemblablement en S5*. La descente sur Torrentalp puis sur Albinen s'effectue sur un sentier agréable de toute beauté.

Nous avons flirté avec l'altitude des 3000 m au col dénommé Furggji entre l'Unterrothorn et l'Oberrothorn. Ce circuit se déroule dans le cadre fabuleux du Cervin et du Mont-Rose. Le départ s'effectue depuis Tasch, terminus de la route avec des grands parkings payants. En effet, la montée finale sur Zermatt est interdite aux véhicules, à l'exception des livreurs, ce qui fait tout de même pas mal de véhicules sur une route présentant des sections très étroites. Zermatt est une petite ville de montagne bourgeoise qui doit sa renommée au sommet du Cervin. Il n'est pas facile de trouver la piste qui conduit à Sunnega tellement il y a de chalets et d'hôtels. De plus, beaucoup de véhicules électriques circulent dans cette petite ville. Une fois la piste trouvée et la foule de Zermatt au loin, on peut dorénavant apprécier le paysage avec notamment la pyramide si parfaite du Cervin. La montée au Furggji n'est pas fabuleuse du fait de la présence de remontées mécaniques mais le paysage est tellement grandiose... L'inconvénient réside dans la foule de touristes et les tournées incessantes des hélicoptères. Pas de pollution automobile mais quelle pollution sonore...

La descente du Furggji sur Tasch est constituée d'un très beau sentier parfait pour descendre à VTT et la vue sur le Cervin est toujours aussi splendide.

Le lendemain, même scénario avec un site aussi grandiose et aussi touristique : le glacier d'Aletsch. C'est le plus long glacier d'Europe avec 24 km de longueur depuis les sommets de la Jungfrau et du Monch. Départ de Lax pour Betmeeralp et Riederalp, deux villages comme Zermatt sans voitures à essence avec accès uniquement par des remontées mécaniques. Toujours autant de petites voitures électriques et malheureusement le bruit fréquent d'hélicoptères. Le village de Riederalp présente une image de carte postale avec un paysage fabuleux sur le Mont Rose, le Cervin et le Weisshorn. La fin de la montée à la Riederfurka est raide et c'est la déception car on ne voit pas le glacier d'Aletsch et il est impossible de descendre sur le glacier sur l'autre versant qui est classé en réserve naturelle et patrimoine de l'UNESCO. Il faut monter presque jusqu'au sommet du Mossfluo pour enfin admirer le glacier tant attendu. Nous traversons ensuite jusqu'à Kuhboden où il est vivement conseillé de prendre la remontée mécanique jusqu'au sommet de l'Eggishorn afin de contempler la totalité du glacier d'Aletsch. Peu après Kuhboden, nous entamons une descente vertigineuse sur Fiesch. En effet, cette descente balisée est un concentré de technique pour le VTT et c'est vraiment dur. Heureusement, on peut faire des pauses pour admirer une «demoiselle coiffée» et suivre les histoires du sentier des nains.

Le lendemain d'un orage, nous partons de Glis à côté de Brig pour attaquer les 22 km de montée du col du Simplon. La première partie se déroule sur une petite route mais les 13 derniers km se font sur la route nationale toutefois peu gênante car il n 'y a pas trop de trafic au petit matin. La montée se fait dans la brume et un petit crachin et les nombreux paravalanches des derniers kilomètres nous protègent du froid et de l'humidité. Nous gardons toutefois espoir car la météo prévoit le retour rapide du beau temps. En effet, c'est le grand soleil de l'autre côté du col et toute l'équipe retrouve le sourire. Courte descente puis nous prenons un bon sentier parfois cyclable pour le Bistinepass. Très belle descente roulante et facile sur le Nanztal avec quelques petits ponts au dessus de précipices impressionnants. Nous avons en fait rejoint l'itinéraire de compétition de VTT qui relie Gspon à Glis. C'est du grand VTT…Superbe !

Autre parcours extraordinaire depuis Visp avec la montée au Gebidum (col, lac et sommet) qui présente une très belle vue sur le glacier d'Aletsch. La descente dans les mélèzes sur Rohrberg est fabuleuse: c'est un très beau sentier sur un tapis d'aiguilles de mélèzes qui permettent une descente tout en douceur.

Pour en finir, voici un autre parcours exceptionnel depuis Brig avec presque 2000 m de dénivellation. On longe le Rhône jusqu'à Grengiols en passant par Morel. Il s'ensuit une rude montée (R1 très soutenu) de plus de 1 300 m de dénivellation sur une piste très efficace pour atteindre le col dénommé Furgge. Cette montée offre de très belles vues sur le massif de la Jungfrau et le glacier du Rhône. Petite descente puis remontée agréable (S 1-2) au Saflischpass. La descente sur Brig est alors entièrement cyclable et vraiment merveilleuse. On passe par le village isolé de Rosswald dont le cadre est digne des meilleures cartes postales. La fin de la descente se déroule sur un très bon sentier dans les bois qui a certainement été créé par les anciens pour accéder au col du Simplon d'où la qualité exceptionnelle de ce sentier.

Ce séjour de trois semaines ne nous a pas apporté de nombreux cols supplémentaires mais les paysages, la qualité des sentiers, l'excellent balisage et une météo parfaite en ont fait un séjour exceptionnel et inoubliable. C'est une région attachante, proche de la Haute Savoie, et qui mérite vraiment le détour.

Michel Mathieu

CC n°3397



*NDLR : Michel de Brébisson précise que seul le départ du sentier est impressionnant, la suite étant nettement plus facile.

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