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Une Assietta de poudre

Revue N° 32 Page 06

Courant juillet, alors que mes "vacances" (je suis en retraite...) s'avançaient, je remontais de la Provence en passant par les Alpes. Mon cumul de cols à + de 2000 étant insuffisant, l'idée m'est venue de « passer » par l'Assietta. Me déplaçant en camping-car, mes points de chute ne me posent aucun problème. Direction Sestriere où je loue un VTT, tout simple, sans suspension, chez un commerçant en articles de sport (16 € la journée, avec la possibilité de le prendre la veille). Il y a deux boutiques de ce genre dans la commune. C'était le samedi 19 juillet et en discutant avec le loueur très sympathique, à qui j'ai d'ailleurs prêté la dernière revue des CC, je lui explique ce que je voulais faire avec son vélo. Il m'encourage et me signale que le lendemain il y a une fête au sommet de l'Assietta et que j'aurais intérêt à partir de bonne heure. J'avais prévu de tourner dans le sens inverse horaire. Bien m'en a pris !

Dimanche matin, départ 7 heures. Une petite demi-heure pour descendre à Pourrières où je tourne à gauche vers Balboutet pour attaquer la montée. A peine avais-je tourné que les premières voitures me doublaient. Pas très nombreuses au début, c'était supportable, d'autant plus que la partie goudronnée s'allonge de plus en plus. A cette époque il restait environ 800 mètres de caillasse (R1) avant d'arriver au Plan dell' Alpe. Les travaux étaient en cours et il me semble avoir lu dans un mail que maintenant la route est terminée. Que du bonus pour les futurs amateurs.

Sur le plateau, je roule vers le colle delle Finestre et là je croise les voitures qui arrivent de la vallée de Susa en passant par ce col et qui se dirigent vers l'Assietta. Premières grosses difficultés, et premières poussières. Arrivé au col, je rencontre des Italiens qui m'expliquent qu'ils se rendent à la commémoration de la victoire des Piémontais sur les Français en 1847. Très heureux de l'apprendre mais moins heureux de voir tous ces véhicules sur mon chemin. Je fais demi-tour, je redescends sur le plateau et je commence à être doublé par une file pratiquement ininterrompue de voitures et de motos accompagnées de leur nuage de poussière. J'attaque la montée vers l'Assietta, toujours poursuivi par ces monstres. A mi-chemin, je suis doublé par un cyclo qui me salue et dans un accent très prononcé me lance « Beaucoup de poudre ! » Eh oui, il y avait beaucoup de « poudre dans l'Assietta » et nous en avons ingurgitée ainsi jusqu'au pied de la cime où se déroulait la cérémonie. Une messe était célébrée sur le plateau en forme de cuvette, autour de laquelle se tenaient de nombreux figurants habillés en tenue d'époque, brandissant des drapeaux ou tenant des instruments de musique. Je suis arrivé, tout poussiéreux, pendant l'homélie, je me suis glissé « discrètement » entre les spectateurs pour me diriger vers la sortie où se trouvaient des stands de restauration attendant la fin de la cérémonie pour passer aux réjouissances. J'en ai profité pour chiner un peu d'eau (très bon accueil) et j'ai ainsi pu refaire le plein de mon bidon !
Quelques centaines de mètres plus loin, je trouve la piste barrée par un 4X4 auprès duquel se tenaient deux « fliquettes italiennes ». Je m'arrête à leur hauteur pour leur demander le passage, ce qu'elles font gentiment en me demandant d'être prudent car un peu plus loin se déroule une course de vélo. Il ne manquait plus que çà ! Je me voyais déjà peinard, débarrassé de tout ce tintamarre bruyant (pléonasme révélateur) et encombrant. Eh bien non, ce n'était pas mon jour. Effectivement, je passe le colle Lauson et arrivé au colle Blegier, je débouche très rapidement sur un contrôle ravitaillement d'une cyclosportive dont les participants émergent de la vallée de Susa pour emprunter les crêtes, heureusement dans le même sens que moi. D'ailleurs, dans le cas contraire, les 2 gendarmettes ne m'auraient sûrement pas laissé passer et ma randonnée s'en serait trouvée bien compromise. Je pense que vous avez déjà vu un contrôle ravitaillement dans une cyclosportive, mais à 2400 mètres, sur une piste R1, dans un site aussi grandiose, cela surprend, enfin, je fais confiance aux organisateurs pour nettoyer derrière.

Je n'ai pas le choix et me voici embarqué dans une course, sans dossard, essayant tant bien que mal de me frayer mon chemin parmi cette horde de poursuivants. Je me souviendrai longtemps de la montée du mont Genevris, tantôt à pied comme certains autres d'ailleurs, tantôt sur le vélo, respirant à pleins poumons une fine « poudre » comme disait l'autre. Dans les descentes, j'ai pu admirer avec quelle dextérité les plus téméraires prenaient des risques incroyables à côté de moi qui effectuais ma première sortie VTT en montagne... J'ai donc subi ce supplice jusqu'au dernier col (Basset) avant de nous séparer, les cyclosportifs redescendant vers la vallée opposée à Sestriere. Il ne me restait plus qu'à remonter vers la station et à "plonger" tous freins serrés vers la douche que j'ai particulièrement appréciée ce jour-là.

Un aveu, mais ne le répétez pas à mon toubib : je rentrais de Gréoux-les-Bains où je venais de passer
3 semaines, en cure pour les voies respiratoires !

Conclusion : quelques points importants avant de s'attaquer à l'Assietta. Ne jamais programmer cette sortie le troisième dimanche de juillet, sauf si cette commémoration vous intéresse. Se renseigner sur d'éventuelles courses cyclosportives et sur leur sens de circulation. A noter que le dimanche suivant, une autre course était programmée au départ de Sestriere. Si possible, préférer un vélo avec suspensions....car je n'ai pas parlé de la piste mais ce n'est pas de la tarte qu'on trouve dans l'Assietta !

Malgré tout çà, je garderai un très fort souvenir de cette première en VTT.

Hubert Le Corre

CC n°2883


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