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Editorial

Revue N° 32 Page 01

Et un et deux… et cent !

Nous sommes tous passés par là : que ce soit sur des feuilles volantes ou sur les pages d’un cahier mieux organisé, que ce soit en ouvrant un fichier sur ordinateur, en cochant des lignes sur nos catalogues de cols ou en surlignant des noms sur des cartes, chacun a sa méthode pour repérer et dénombrer les cols qu’il a franchis. Et chacun a su dresser sa liste du premier jusqu’au centième col qui permet d’entrer dans notre Confrérie.

Par la suite, le mouvement se perpétue : chaque saison on effectue sa mise à jour des nouveaux cols franchis : et un, et deux… jusqu’au score qui sera atteint en fin d’année. Il est des saisons précoces où le hasard des sorties et des randonnées, hasard un peu dirigé il est vrai, vous permet d’engranger des cols dès le printemps. D’autres sont plus tardives, et les belles journées d’automne sont mises à profit pour compléter sa collection. Entre temps, la période des vacances d’été permet de programmer une escapade en haute montagne au-dessus de la ligne des 2000 m.

Mais quand on aime on ne compte pas me direz-vous ? pourtant tous les jeux fonctionnent de manière plus ou moins directe avec un décompte de points. Devant l’exubérance d’un joueur de foot qui vient de marquer un but, il ne vient à l’idée de personne de douter de son amour pour ce sport, bien que les buts y soient effectivement comptés.

Il en est de même chez nous. Certes, on a rarement vu des cyclos se rouler par terre au sommet d’un col ni courir autour d’un panneau les bras levés au ciel en signe de victoire. Non, chez nous si la joie est intense, sa manifestation est plus discrète : un sourire, parfois une tape amicale sur l’épaule du copain qui vous a encouragé dans la montée, une photo, une gorgée d’eau. Ce qui n’empêche nullement d’arroser, à la terrasse d’un café, une réussite particulièrement attendue. Et le soir à l’étape, il est des repas où l’ambiance ne cède en rien à celle des fameuses « 3ème mi-temps » des sports collectifs.

Et un, et deux… et cent ! Combien d’amitiés se sont nouées autour de l’idée des Cent Cols ? Alors là, pour le coup, on ne compte pas, et les témoignages sont innombrables, les pages de la revue en sont remplies : échanges, entraide, rencontres, projets, tout démontre qu’une amitié vraie unit les membres de la Confrérie. Une amitié née du partage de valeurs communes et d’une estime réciproque au delà des capacités physiques et de la diversité des terrains de pratique. Une amitié qui se joue des distances et des frontières, qui résiste à l’usure du temps, et dont seule la mort pourra hélas interrompre le cours…

Et un, et deux… et cent ! le nombre cent a été judicieusement choisi par notre fondateur. Il exprime l’idée de grand nombre, tout en restant de taille humaine : l’être humain peut espérer devenir centenaire, sa mémoire est capable d’enregistrer une centaine de noms comme par exemple ceux des départements français. Les spécialistes de numérologie voient dans le mot cent divers symboles qui se rattachent tous plus ou moins à l’idée de sagesse. Citons à ce propos Bernard Besrest, ancien prieur de l’abbaye de Boquen en Bretagne : « quand on a fait un pas vers la sagesse, on s’aperçoit que le suivant est encore et toujours le premier pas ».

Il serait sans doute prétentieux d’affirmer que chaque col nous conduit vers la sagesse et je ne le ferai donc pas. En revanche, et pour rester dans notre domaine qui est la joie simple de découvrir de nouveaux paysages de montagne, quel que soit le nombre de cols déjà franchis, le prochain ne vous procurera-t-il pas autant de plaisir que le premier ?

Claude Bénistrand

Président du Club des Cent Cols


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