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Randonnée des Cols de Canjuers

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A 1069 m d'altitude, le col de la Glacière (83-1069b) partage avec le col de Clavel le privilège d'être le plus haut col routier du Var. La route qui le franchit est dans un état déplorable et il est parfois prudent de mettre pied à terre. Peu utilisée, les ronces en envahissent les bords et s'enhardissent par endroits à traverser : il faut alors choisir entre le nid de poule et l'égratignure. Le seul énoncé de son nom évoque immédiatement la bise venue des plateaux de Haute-Provence, à moins qu'il ne s'agisse, comme à la Sainte-Baume, d'un ubac suffisamment froid pour y conserver la glace destinée au littoral. Au surplus, il ne conduit qu'à Brovès, village fantôme évacué par tous ses habitants. Mais ces traits ne suffiraient pas à en faire un des cols les plus fascinants et recherchés par les chasseurs de cols. Non : le col de la Glacière est un col à part parce qu'il a la saveur du fruit défendu, en un mot, parce qu'il est interdit.

Il est situé dans le gigantesque camp militaire de Canjuers, (40 km sur 10) et la route, autrefois CD 37, s'appelle maintenant «route interdite». Certains s'y sont risqués, le plus souvent sans dommage et quelquefois ont été refoulés. Renseignements pris, le col est inclus dans un "périmètre de tir" et pour avoir entendu lesdits tirs lors d'un précédent tour des gorges du Verdon, je n'avais pas envie d'essayer cette roulette russe d'un autre calibre.

Une demande officielle en bonne et due forme, le parrainage du Club des Cent Cols et des Cyclotouristes Randonneurs Cagnois, une reconnaissance en jeep et le commandant du camp nous donnait son accord "avec plaisir" pour rouler ce dimanche 25 août 2002 au matin.

Pierre Camaïti, Jean-Marie Falguière, Gérard Fillion, André Laurenti, Marc Séguy et votre serviteur, soit 6 centcolistes, accompagnés de 6 autres cyclistes, sommes partis de Fayence, nous sommes échauffés jusqu'au col d' Avaye (83-0751) et avons quitté la route de Mons pour entrer dans le camp au lieu-dit Préfagoux, accès interdit lui aussi. Là, nous sommes arrivés sur un rond-point digne d'une entrée de ville et avons fait un détour vers les ruines de Saint-Marcellin afin d'éviter l'ancienne route, transformée en piste pour chars et qui monte raide. Traversée de la plaine de Saint-Marcellin sur une piste très roulante et nous abordons enfin l'ascension du col lui-même.
La pente est régulière et l'on est plus attentif au revêtement qu'à son propre souffle : la difficulté n'est pas là. Au col, le paysage s'ouvre. Pause photos, au milieu des éclats d'obus et recommandations pour la descente, passage le plus difficile de la sortie. Nous traversons Brovès dans le silence de ses ruines, rejoignons la route publique sur quelques kilomètres et, peu avant le col du Bel Homme, qui mérite d'être abordé par son versant sud, empruntons à gauche une large route superbement goudronnée, anonyme au point de ne pas figurer sur la carte Michelin du Var au 1/100 000ème. Elle nous ménage quelques vertigineux points de vue sur l'Est varois, les Maures et l'Estérel et nous conduit en corniche aux cols jusque là confidentiels de la Cabane (83-0981) et d'Aïsse (83-0955). Une descente rapide et nous voici de retour au rond-point, d'où nous rejoignons Fayence par le même itinéraire.

4 heures en ayant pris le temps de s'attendre souvent, 51 km et 1100 m de dénivelée. Et si les centcolistes manifestent leur intérêt et l'armée nous autorise à nouveau, l'envie de recommencer avec la possibilité d'un parcours plus étoffé pour la journée (les cols ne manquent pas dans le voisinage) dans des paysages magnifiques.

Merci à ceux qui m'ont permis d'organiser cette randonnée : Jean Perdoux qui avait tout de suite donné son accord, André Laurenti, président du CR Cagnois, qui a accepté d'en prendre la responsabilité et le commandement du Camp, qui a fait preuve de compréhension avec beaucoup de simplicité.

Bernard Langlade

CC 4311


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