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Pavezin

Revue N° 31 Page 51

Le réveil n'a pas sonné. Dès le lever nous sommes à la bourre. Il faut appuyer plus fort sur la pédale. Non ce n'est pas une erreur ce singulier. Il s'agit bien de la pédale, mais d'accélérateur ! Cela permet de compenser un peu le temps perdu. A huit heures passées, nous stoppons sur la place, située le long du Rhône, à Serrières. Les jeunes montent un peu plus haut pour prendre le départ d'une balade VTT. Ils nous rejoindront sur le coup de midi au col de Pavezin. Comme chaque année le dernier dimanche de septembre s'y déroule une concentration nationale en souvenir de Vélocio.

Cette année, pour faire une surprise à un ami, nous avons décidé de jumeler la concentration avec le premier rassemblement des amis de l'Aigle de Valcavera. Nous avons lancé les invitations voilà un mois. Une quinzaine de lettres a été distribuée. A coup sûr, seule l'élite du cyclotourisme du bassin valentinois sera présente. L'Aigle de Valcavera est plus connu sous le prénom de Denis. Sa légende est née le jour où celui-ci tentait l'ascension du fameux col Piémontais : un aigle et Vélocio lui seraient apparus pendant la montée. Une sorte de miracle. Les amis qui l'accompagnaient, ce jour là, considèrent qu'il s'agit aussi d'un miracle que leur camarade ait atteint le col. Deux miracles dans la journée suffisent à bâtir une légende.

Patricia, Christian, Claude, Denis, finissent de préparer leurs montures. Nous ne sommes pas si en retard que cela. Michel vient me serrer la main. Lui me connaît. Moi ?

Un cycliste passe. Il se dirige vers le nord. Ce vélo jaune avec des sacoches protégées par un plastique, nous l'avons déjà rencontré cette année. Voyons, c'était vers Digne pour Pâques en Provence. C'est bien lui : c'est Patrick Plaine, le voyageur inlassable.

Coïncidence, toutes les bicyclettes se rendant au rassemblement sont équipées de garde-boue et de porte-bagages. Certains de leurs propriétaires ont même installé dessus une cagette. Il semblerait que ce soit le signe de reconnaissance des amis de l'aigle.

Denis dispose du modèle étalon. C'est normal, c'est lui, l'Aigle. Elle est parfaitement adaptée à la taille du porte-bagages. Il apparaîtrait même que la somme de tous ses côtés atteindrait le chiffre magique de 650 ! Claude dispose d'un modèle très affûté, super léger, bâti en peuplier tranché de 5/10 d'épaisseur. Un modèle cyclosport tout à l'image de son possesseur. Cet accessoire ferait plus d'un envieux sur la ligne de départ de l'Ardéchoise.

Michèle utilise un spécimen de style plutôt utilitaire. D'ailleurs elle transporte dedans un suisse en forme d'aigle. De chaque côté un foulard matérialise les filets d'air. Un peu comme les penons sur les voiles des bateaux. Nous sommes quelques-uns à n'avoir pas de cagettes, mais comme l'amicale est très tolérante nous pouvons nous intégrer au groupe.

Nous quittons rapidement la vallée du Rhône par une petite route ascendante. Il est beaucoup question de mécanique et de sécurité des cyclistes pendant la montée. Malgré le faible pourcentage de la côte, les foulards, pourtant très légers, de Michèle refusent de se mettre à 1'horizontale. Un indicateur démoralisant, un peu comme lorsque le compteur affiche 4 km/h. Maclas, Pélussin. Il est décidé de passer par le col de la Croix de Montvieux. A l'avant dernière épingle, je décide de faire un gag. Par un itinéraire VTT coupant le tournant, j'espère doubler tous ceux qui sont devant sans qu'ils ne me voient. Mais, malheureusement, je me trompe de chemin et dois faire demi-tour. Je perds du temps. Quand j'atteins le col, tout le monde est déjà là. Je reste discret sur cet épisode.
Par contre, un chemin sympa part vers le nord en direction du col de la Croix de Mazet. Sans regarder la carte, j'annonce : "ça sera tout plat". Patricia et Christian choisissent cette option. Pendant un temps nous roulons en suivant une courbe de niveau. Puis cela se met à descendre. Ca descend même franchement fort. On aurait peut-être du regarder la carte ? Patricia négocie un passage délicat à pieds. Un peu plus bas, Christian freine brusquement. Je pile, juste derrière lui et je rate de peu l'OTB (out the bar = un beau soleil). Nous devons rouler dans un sombre chemin creux sur des dalles glissantes et entre de gros cailloux. Et tout à coup, voilà la lumière et le col. Ouf !

Mais cet itinéraire était bien plus rapide que le crochet routier et nous avons tout le temps de choisir le meilleur endroit pour applaudir nos camarades lors de leur passage au col.

Arrêt obligatoire à la Croix du Mazet, car se tient en ce lieu la concentration annuelle de la confrérie du 650. Seul Denis va signer le registre, accompagné de Christian, très courageux à cette occasion : il roule en 26". Il reste encore 7 kilomètres pour rejoindre le Col de Pavezin. Il est déjà tard. Nous croisons beaucoup de cyclistes qui rentrent déjà. Peu de cyclos. La route est assez plate. Tiens ! Voilà Julien et Sylviane de Firminy.

Il est onze heures quand nous franchissons le col. Il y a foule encore, sur la place. Un petit bonjour à Geneviève et Daniel derrière les fourneaux. Voilà Jean, Dédé, Simone. Les Valentinois arrivent : Joce, Françoise, Alphonse. Robert le président de la ligue Rhône-Alpes est là. Voilà Patrick Plaine. Il lui semble me connaître. Michèle lui rappelle Mimi Mathy ! On parle vélo. Je photographie. On parle, on a des nouvelles des amis. Je n'ai pas entendu le discours du président du Codep 42. J'ai une excuse: j'écoutais Patrick Plaine. Intarissable ce cyclo de la passion.

Les jeunes arrivent vers midi et quart : la balade était plus difficile que prévu.
Tous les amis de l'aigle sont maintenant là. Nous pouvons manger. Patrick Plaine est déclaré invité d'honneur. Il aura aussi droit à un morceau de suisse.

Denis offre l'apéritif, Michèle le dessert. Nous vivons un instant unique: c'est le premier rassemblement des amis de l'Aigle. Ce sera peut -être le seul. Savourons !
Après le pique-nique, il est proposé une variante de "Antoine le fantôme" : cela s'appelle "Vélocio le cyclo". Une partie des convives ne connaissait pas encore. Quelle rigolade !

Au moment de la dislocation, un cyclo vient discuter avec nous. Il est rapidement question de voyage à vélo. Dommage que ce cyclo-campeur ne se soit pas approché plus tôt. Il y aurait eu un bout de suisse pour lui.

Puis chacun décide de son itinéraire de retour. Patrick Plaine reste encore un moment.
Une carte postale nous apprendra qu'il a quitté Pavezin à 18h30 et qu'il a dormi au Col de l'Oeillon à la belle étoile.

André Peyron

CC 317


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