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Un cadeau pour ma femme

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Durant l’été 2001, ma femme Nuria et moi, avons participé à la concentration annuelle des Cent Cols. Je suis membre de la Confrérie depuis quelques années et jusque-là, je pensais avoir un bon curriculum de grimpeur de cols, parmi les plus hauts tant en Espagne qu’en Europe. Mais au sein de la concentration, je me suis senti plus modeste : le niveau y est très élevé ! Plusieurs participants ont gravi plus de 1000 cols et sont allés en Himalaya, dans les Andes et les Montagnes Rocheuses.

Là, à Vesc, nous ne connaissions personne et n’avions pas une grande aisance en langue française. Naturellement, il n’est pas facile de nous introduire dans les groupes d’anciens copains et de vieux amis. Ils parlent, ils bavardent et ils sont heureux de se retrouver. Nous observons le spectacle en souhaitant nous y introduire.

Et pendant toutes ces heures, j’entends comme une brise qui s’écoule doucement parmi quelques participants : on parle de cols à plus de 4000 mètres et je remarque un gros atlas qui est l’objet d’une attention toute spéciale et qui circule de mains en mains. C’est l’atlas du Colorado aux USA. Je suis intéressé mais encore songeur... Peu après, je comprends qu’on prépare une expédition à vélo pour l’année prochaine. Je réfléchis et je médite, mais je n’ai pas assez d’assurance pour me mêler à ces confrères et je ne fais de remarque sur ce thème à personne, à ma femme non plus. Les trois jours de la concentration se passent très agréablement, nous nous amusons beaucoup et tout finit si vite ! Pendant le voyage du retour, je suis troublé, je repense à cette question et j’en fais plusieurs fois le tour.

Quelques mois passent, j’avais presque oublié la question. Noël arrive. A cette époque de l’année, en Catalogne, il est traditionnel de se faire des cadeaux dans la famille. Nous sommes presque à la fin du mois de décembre et je n’ai aucune idée sur le cadeau pour ma femme, cyclote comme moi. Plus que quatre jours, plus que trois, plus que deux. Je ne trouve aucun cadeau pour l’occasion. La nuit précédant la fête, j’ai une brillante idée. Je prends l’ordinateur et une feuille de papier et, abstraction faite des conséquences ultérieures, j’écris simplement : Bon pour un voyage à vélo pour deux personnes au Colorado, USA.
Le lendemain, ma femme est aussi contente que radieuse. Elle aime le cadeau qu’elle vient de recevoir. Mais pour moi, commencent les problèmes. Le cadeau, sur le moment, n’a pas été trop cher et fut simple à faire. Mais maintenant, il faut le réaliser. Il reste encore quelques mois avant les vacances, mais il ne s’agit pas de s’endormir !

Je me mets en contact avec les dirigeants de la Confrérie et ils me dirigent sur la piste de Bernard Chalchat et des futurs voyageurs au Colorado, lourde expédition de dix personnes. Et Bernard me met sur la piste de John Wilkinson, notre confrère au Colorado. A partir de là, je progresse résolument et sans pause. Je commence à envisager la possibilité de réaliser ce cadeau. La grande famille de la Confrérie va m’y aider.

En juin, on met les vélos dans un avion d’Air France, destination les USA. Les vélos n’arrivent que deux jours après nous, mais on oublie vite ce contretemps. Le 15 juin, on franchit les cols routiers du Rocky Mountain National Park à plus de 3600 mètres. Et le lendemain, on gravit le Mont Evans qui, avec ses 4314 mètres, constitue le toit de notre randonnée cycliste. Et Bernard Chalchat m’a dit qu’en montant à ce pic, on franchit le Campion Pass qui, avec ses 4019 mètres, est notre plus haut col franchi, pour ma femme et moi. Nous sommes heureux et fiers de notre exploit ! Le cadeau s’est bien matérialisé. Et peut-être sommes-nous les premiers Espagnols à monter aussi haut en vélo de route...

Avec cette petite histoire, on constate l’utilité d’une organisation aussi simple que notre Confrérie qui sert à bien plus qu’à organiser un championnat permanent de grimpeurs de cols. Elle sert aussi à se faire des cadeaux et à résoudre des situations embarrassantes.

Merci à tous pour votre compréhension et votre camaraderie. Nous restons à votre disposition.

Frederic Ràfols

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