Page 80 Sommaire de la revue N° 30  

Valeurs

Revue N° 30 Page 81

Par un beau matin d'août, je quitte Paris en direction du sud. Je me fais une joie à l'idée de participer au séjour de la Confrérie des "Cent Cols" à Vesc, puis à la Concentration au col d'Espréaux. Ayant un peu de temps libre, je décide d'effectuer le trajet en quelques étapes pour faire des balades à vélo... et glaner des cols supplémentaires.

Le premier arrêt est à Renaison, non loin de Roanne. La première randonnée, une belle boucle dans les monts de la Madeleine, agrémentée de quatre cols, me laisse bien augurer de la suite de mon voyage. Le lendemain matin, je laisse la voiture à l'Etrat, au nord de Saint-Etienne, pour une courte mais agréable promenade agrémentée de deux cols. Tout va décidément très bien ! Pour l'après-midi, l'Ardèche est au programme. Arrêt dans le village de Saint-Jeure d'Ay (Entre Tournon et Saint-Vallier), et en selle pour une nouvelle balade. A nouveau, le beau temps, les paysages et les cols (8 d'un coup, mieux que le brave petit tailleur !) sont au rendez-vous. N'ayant pas trouvé de chambre d'hôtel dans les environs, je me résous à pousser jusqu'à Valence, où je passe la nuit.

Dimanche 12 août : le jour du rendez-vous à Vesc est arrivé et, bien qu'impatient de retrouver mes amis cent-colistes connus et d'en rencontrer de nouveaux, je ne résiste pas à l'appel d'un dernier tour en Ardèche. Je laisse donc la voiture sur l'autre rive du Rhône, dans la charmante petite ville de Saint-Péray. De là, je pars pour une nouvelle promenade à vélo, tout aussi agréable et encore plus fructueuse (11 cols) que les précédentes. En redescendant vers Saint-Péray, je me dis qu'il fait décidément bon vivre et que mon voyage, qui a si bien commencé, va continuer au moins aussi bien. Arrivé à la voiture, il me faut déchanter : une vitre a été brisée, et mes bagages, avec mes effets personnels et mes affaires de vélo, ont disparu ! Me voilà donc beau, avec ma voiture, mon vélo, et ma tenue de vélo ! Ce n'est certes pas dramatique, mais tout de même fort désagréable. Après les formalités d'usage à la gendarmerie, je me mets en quête d'un commerce pour acheter le minimum, mais un dimanche après-midi, c'est peine perdue. C'est donc dans ce triste appareil et en plein désarroi que j'arrive finalement au domaine de Damian.
Aussitôt, j'ai été pris en charge par les participants déjà arrivés, et notamment par les organisateurs Tanou et Jean Perdoux et Nicole et René Poty, me prêtant qui une serviette, qui une savonnette, un short, un polo (par ukase de ma part, le tee-shirt personnel de Jean Perdoux, à l'emblème de la Confrérie, est d'ailleurs devenu ma propriété, et je le porte depuis fièrement !). Dans toutes mes nécessaires démarches administratives ou pratiques (achats, remplacement de la vitre de la voiture, etc.), de l'aide m'a toujours été proposée. Merci à tous pour votre sollicitude, qui m'a ainsi permis de passer trois journées inoubliables. Inoubliables, elles le sont, par le beau temps, les paysages et les villages de la Drôme, la variété et le pittoresque des parcours, sans parler d'une belle moisson de cols. Inoubliables, elles le sont bien entendu par les retrouvailles avec les amis, et les nouvelles rencontres à vélo, au pique-nique ou le soir au domaine. Inoubliables, elles le resteront surtout par la gentillesse et la serviabilité de tous. Je savais déjà que la Confrérie n'était pas seulement une machine à comptabiliser les cols, mais que ses membres plaçaient les aspects humains bien au-dessus des kilomètres parcourus, des dénivelés et du nombre de cols franchis. Ma mésaventure m'a confirmé que ces valeurs humaines sont bien le vrai fondement de l'actuelle Confrérie des "Cent Cols". Tant que ces valeurs seront perpétuées, je me sentirai Centcoliste, et les discussions, voire les querelles sur tel ou tel point de la règle du jeu de la Confrérie me sembleront bien futiles !

Paul LEVART N°4953

de VANVES (Hauts-de-Seine)


Page 80 Sommaire de la revue N° 30