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La quarantaine volage (suite et fin...)

Revue N° 30 Page 43

Il y a un an, je parlais de divorcer de ma bonne grosse draisienne, un cycle à bras à trois roues qui a toujours eu un peu d'embonpoint en hiver comme en été : 18 kg prête à partir (Revue 2001 n°29 p5).

Il y a un an, je rêvais sans retenue sur la photo d'une jeunette à la ligne mannequin : un vélo couché, un fin coursier à deux roues de 12 kg, une machine sur laquelle on pédale avec... les pieds.

Il y a un an, ma mère me disait : "Un divorce dans la famille, ça fait désordre". Et immanquablement, elle ajoutait : "Tout le monde sait que le temps guérit toutes les blessures, celles du coeur et celles du corps". Je dois aujourd'hui admettre que, dans un sens, elle avait raison. Mais seulement dans un sens, car, j'ai certes repris la vie (sportive) commune avec l'ancienne, mais j'ai aussi ouvert ma porte (du garage) à la belle jeunette. Avec celle-là, nous continuons de grimper des cols à la force des biceps, lentement mais sûrement, et avec celle-ci, depuis peu, nous fendons la bise sur le plat. Oh, n'allez pas imaginer des records de vitesse. Avec mes jambes à la musculature à moitié paralysée et atrophiée, 30 à 40 kilomètres en plaine, une moyenne de 16 à 18 km/h, un pont enjambant la voie ferrée constituent déjà des victoires, des petits exploits personnels impensables il y a seulement deux ans.
C'est qu'il n'est pas facile pour un quadra de vivre avec une jeunette à la ligne aussi... aérodynamique. Il a fallu tout bonnement réapprendre à faire du vélo, et sur un vélo couché, ce n'est déjà pas une mince affaire pour le commun des mortels car, le tronc du cycliste faisant corps avec le siège, on ne peut corriger les réactions de la machine qu'avec la direction, qui du coup en devient très sensible. Grimper à 5 ou 6 km/h tient ainsi de l'exercice d'équilibriste.

Serons-nous capables un jour de nous hisser au sommet d'un col, si petit soit-il ? Nul ne le sait aujourd'hui. Elle a tout à découvrir, la jeunette ! Pour les grandes moissons d'été, il y a encore et toujours la bonne grosse draisienne, qui a déjà tant supporté.

Alors, comme vous pouvez vous en douter, il n'est plus question de divorce. Et ne dites surtout pas à ma mère que je vis en ménage à trois, elle me croit fidèle dans toutes mes balades.

François MIROUX N°4900

de KAUFBEUREN (Allemagne)


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