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Parc National Des Cévennes

Revue N° 29 Page 72

Sillonnant depuis quarante-huit heures le Parc des Volcans d'Auvergne et du Livradois-Forez, je suis le premier arrivé au Massegros (Lozère), lieu de notre rendez-vous. A midi tapante, Jean-Alain, Pierre et Henri sont là. Salutations et pique-nique au pied de la croix, sur la place. Quelques kilomètres de plat nous mènent vers la fameuse descente des Vignes, durant laquelle on a tout loisir de s'arrêter pour admirer cette splendide Vallée du Tarn. Profitons-en, car, jusqu'à notre terminus, le profil sera principalement montant.

Aux Vignes, nous sommes dans les gorges proprement dites. Première crevaison et réparation dans la joie et la bonne humeur, puisque nous sommes au "Pas de Souci" ! Après le cirque des Saumes et ses mini-tunnels en dessous du point sublime, nous traversons La Malène et son port de plaisance d'où partent les touristes, pour se laisser bercer au fil des eaux émeraudes. Petit angle droit autour du château de La Caze (auberge), re-tunnels et admiration du charmant village de St-Chély sur l'autre rive. Dommage qu'il soit dans l'ombre !

Petits coups d'œil sur les petits châteaux autour de Ste-Enimie et nous arrivons à Ispagnac où Jacques se joint à nous, au carrefour de la route de Mende. Nous traversons Florac où nous quittons le Tarn pour son jeune frère, le Tarnon, et là, la montée commence. Après les envolées du Causse de Sauveterre, c'est maintenant celles vers le Causse Méjean, inondé de soleil. Arrêt photos au col du Rey et à celui de Salpérière.

Nous voici installés sur la corniche des Cévennes ! Ne parlons pas de toutes les légendes concernant ces merveilleux panoramas de la Barre des Cévennes ni de ce lieu chargé d'histoire qu'est "La Can de l'Hospitalet". Un peu de réflexion nous ramène à la fin du XVII ème siècle et au début du XVIII ème, avec lumières pour certains, pénombres pour d'autres. Dans ce désert, on pourrait voir surgir d'une cachette, quelques Cévenols revêtus de la célèbre chemise, signe de ralliement des Camisards. Les lacets abrupts du Pompidou nous font glisser à travers ce village, église à gauche, temple à droite. Quittant la corniche, nous filons vers la Vallée du Gardon de St-Jean. St-André-de-Valborgne nous accueille sans un murmure. Que ceux qui ont peur du silence ne s'aventurent pas dans cette région, paradis des cyclos !

A nouveau, nous changeons de vallée, nous remontons celle de la Borgne avec Les Plantiers, village entre les cols du Pas et celui de l'Asclier. Enfin, voici notre camp de base : Faveyrolle et son terrible accès.

Combien de cyclos ont apprécié l'accueil chaleureux et la riche table de la famille Gayraud, sous la tonnelle ? Trois Fées du Logis : Odette, Nadine et Jacqueline nous ont concocté un super menu où rien n'est interdit, plats et vins après apéro : convivialité et cyclotourisme sont de rigueur, sans oublier les discussions inaltérables des joyeux convives.
Après une nuit réparatrice et le copieux petit déjeuner, nous quittons notre havre en nous frayant un passage au milieu d'un troupeau de moutons enclochetés et n'ayant même pas pour nous un regard, pour reprendre la route, avec pour objectif le Mont Aigoual. Montée digestive vers le col du Pas dominé par sa Croix de Lorraine. Allez savoir pourquoi ? Sa descente, par certains aspects, me rappelle l'Aspin côté Arreau. Temple et église après la traversée de l'Hérault et voilà Valleraugue. La vallée, de type fer à cheval, barrée par le massif de notre destination que nous aurons grandement le temps d'observer durant la trentaine de kilomètres de montée, est une véritable muraille verte. Inutile de préciser que l'allure est à la convenance de chacun. Aucune fausse modestie à ce que je ferme la marche ; j'admire la facilité de mes confrères quelques instants, et ensuite, c'est la solitude vers laquelle je suis prédestiné ! C'est un véritable boulevard qui nous mène à l'Espérou où mes amis m'attendent pour "breakfaster". Arrêt à la fontaine du col de la Serreyrède pour photos. Est-ce là une des sources de l'Hérault ? Puis, col de Prat Peyrot et dernier effort jusqu'aux 1567 mètres du Mont Aigoual dont on aperçoit ses antennes depuis longtemps. Visite de l'observatoire et de sa très intéressante exposition de photos hivernales, de la table d'orientation et du club alpin, tout est là, sauf que la voûte céleste s'est abaissée, et la température est largement en-dessous des normales saisonnières. Résultat : pas de panorama !

Après l'indispensable photo (sans panorama) , nous filons sur Cabrillac dont l'auberge est à chercher, mais, est bien présente. Nous tournons à droite, au pied du col de Salidès vers Gaseiral et Labessède pour rejoindre la route forestière qui nous conduit à Aire-de-Cote. Endroit tranquille, traversé sous la pluie et sous les arbres protecteurs qui s'égouttent sur les dos encapuchonnés. Il faut s'accrocher, car la R.F.est défoncée et, par endroits, un vélo entier logerait dans les ravines. La lauze, à fleur de terre, nous donne l'impression de rouler sur des lames de rasoir géantes. A Aire-de-Cote, bien connue des randonneurs à pied, à cheval et à vélo, nous retrouvons enfin l'asphalte. Dans la descente, nous allons d'un nuage à l'autre ; du col de l'Espinas au col du Pas. Ne reste plus qu'à se laisser glisser vers Faveyrolle où nos amies nous ont concocté le repas réparateur pour appétits décuplés : c'est le bonheur !

Même si le temps nous a privé des panoramas, nous sommes satisfaits de notre Tour de l'Aigoual.
Demain sera un autre jour, vers Navacelles !

Jean Marie BOURDELAS N°1999

de LIMOGES (Haute-Vienne)


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