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Chasser : Oui ! Braconner : Non !

Revue N° 29 Page 48

Ah ! Je m'en souviendrai longtemps de ce 31 Juillet 2000. Ce devait être jour de fête. J'allais retrouver tous mes copains cyclos de Reims que je n'avais plus vus depuis que je m'étais exilé en Savoie. A l'occasion de la "Beaujolaise", nous allions pouvoir effectuer une récolte de cols impressionnante puisque les organisateurs nous en avaient promis pas moins de 24 sur le parcours.

J'avais, comme à mon habitude avant chaque randonnée, pris le soin de recenser consciencieusement sur ma carte Michelin tous les cols supplémentaires à attraper au prix de quelques détours. Bilan de mes recherches : c'est une quarantaine de cols que je pouvais envisager. Un record !

Au départ de la randonnée, mes compagnons de route sont tout de suite mis au parfum : "Les gars, aujourd'hui, ça va cartonner !"

Au début, pas de difficulté. Un petit crochet qui ne rallonge pas notre parcours nous permet de franchir déjà trois cols de plus. Et hop : + 3 !

Tout va bien. Les copains me suivent encore... Jusqu'au prochain col, où je les abandonne pour une deuxième escapade : "Je vous rattraperai...". Un petit col en cul de sac m'attend, pour un aller-retour d'environ 4 kilomètres. Et hop : + 4 !

A ce moment, mon regard se porte sur ma carte. Un peu plus au sud : 1, 2,... 3 cols me tendent les bras ! Mieux : il y en a même un qui est un BPF. C'est parti ! Y a pas à réfléchir : je fonce.

Me voilà au col des Sauvages, mission accomplie. Je pointe mon BPF : Et hop : + 7 !
Mais c'est plus fort que moi, je regarde ma carte et que vois-je ? Un autre col tout près d'ici ? Je ne peux pas le laisser m'échapper ! Et hop : + 8 !

Voilà, je suis fier de moi. Il est grand temps de rejoindre la parcours officiel et de continuer la moisson. Seulement, je réalise maintenant que je me suis drôlement éloigné. Et que l'heure a tourné.
Premiers doutes...

Mais, de toute façon, il n'est pas encore temps de me poser trop de questions. Il me faut remonter au nord et rattraper le parcours "officiel". Et au passage, ce sont encore 3 cols de plus que je vais franchir... Et hop : + 11 ! Qui dit mieux ?
Personne, oui mais il est 13 heures ! Me revoilà certes sur le parcours mais je suis seul. Le contrôle ravitaillement a fermé depuis belle lurette !

Là, je retombe enfin sur terre et réalise mon erreur. Quel imbécile ! Me voilà sans rien à manger ni à boire. Je commence à battre de l'aile. Les copains sont loin et je me demande comment je vais pouvoir les retrouver. Car c'est devenu maintenant mon tout nouvel objectif. J'ai déjà renoncé à ma moisson de cols.

Je dois me rendre à l'évidence : il me faut raccourcir le parcours. J'étudie la carte. Le verdict fait mal. Ce raccourci va me faire rater 8 des cols prévus sur cette randonnée. Et un BPF aussi. Je me maudis. Mais le mal est fait... Et hop : +11-8= +3 ! C'est très réussi !

J'ai bien retrouvé l'itinéraire et vais enfin pouvoir me ravitailler. Mais où sont les copains ? Derrière ? Devant ? Personne en vue : je vais continuer tout seul. Quel abruti !...

Bon, au point où j'en suis, je vais aller chercher le BPF de Vaux-en-Beaujolais.
Il est temps que j'en termine. Je suis harassé. J'ai roulé les trois quarts du temps tout seul. J'ai pas vu les copains. Ou presque pas. Quelle andouille !

Finalement, je vais pouvoir terminer sur une bonne note. Car les copains vont me rattraper. On va finir ensemble dans la joie et la bonne humeur. En finissant dans les tout derniers, nous aurons même le privilège de déguster un plateau repas gratos, arrosé copieusement de Beaujolais.
Me voilà consolé.

Les copains font le bilan de la journée. En restant ensemble et en suivant gentiment le parcours, ils ont pu franchir plus de cols que moi...

Là, j'ai pris une bonne leçon. Une leçon d'humilité. Je suis chasseur de cols. Je le revendique. Mais aujourd'hui, j'ai voulu braconner. J'ai été sanctionné. Je ne recommencerai plus, c'est promis.

Et hop !

Fabien SAVOUROUX N°4367

de CHAMBERY (Savoie)


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