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Les Ruisseaux Cévenols

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C'est toujours avec un grand bonheur et beaucoup de respect (dû à ces profondes Cévennes chargées d'histoire) que je participe tous les ans, le 1er mai, à cette manifestation oh ! combien sportive, sévère, à l'image de ce granit et à la personnalité rude de ces cévenols. En ce jour, c'est avec une joie juvénile que seule connait la passion, dès 7h30, je me glisse dans cette foule bigarrée, affluence des grands jours, la petite ville est submergée, les deux parkings du haut affichent complet. J'opte alors pour la place du temple, tout au bord du Gardon, qu'enjambe un pont chargé d'histoire.

Pas de temps à perdre, il est près de 8 h, le temps de préparer le vélo, en quelques centaines de mètres, je suis à la permanence. Ambiance des grands jours, on se serre la main, je suis accueilli par Gilbert, un compagnon de route de l'année dernière, sur la prestigieuse randonnée des cols Pyrénéens, il est là, à une des tables pour l'engagement, puis je rencontre un collègue de club, l'ami Coclet de Bellegarde, on est représenté, ça fait toujours plaisir ! Le temps de prendre un petit café, très apprécié il est 8h15. Que le temps passe ! mais pas de panique, la journée s'annonce belle, le parcours difficile aux reliefs capricieux, donc départ prudent...

Dès la sortie de St-Jean une vallée large et profonde s'ouvre à nous, tout au loin, les sommets barrent l'horizon. La route bien dessinée s'élève en corniche, fleurtant avec ce gardon vigoureux aux eaux limpides, nous traversons des villages chargés d'histoire : l'Estréchure, Saumane, Saint-André de Valborgne, ils ont du caractère avec leurs maisons de granit sombre, aux fenêtres étroites : elles sont belles ! ces Cévenoles !

Une courte halte pour se ravitailler et c'est maintenant que les difficultés vont se présenter, un croisement et direction le Pompidou, nous nous engageons en quelques hectomètres dans ce creuset sauvage, aux échappées qui se succèdent, le braquet est sollicité, un 8 % en moyenne, la rampe est régulière et en quelques kilomètres nous voici au village du Pompidou, déjà heureux d'être arrivés là !

Le plus dur reste à faire....direction Masbonnet, Biasses, Témelac et surtout Trabassac

Nous empruntons de petites routes très étroites qui devaient naguère être tout simplement des chemins de terre qui ont été goudronnés ; elles ont du charme, elles nous invitent à la poésie mais sportivement nous touchons quelquefois l'apothéose ! les échappées se succèdent, du creux intime des vallons aux sommets des crêtes en de véritables toboggans; le 10 et le 12 % sont à l'honneur, aussi tout à gauche !... et encore !
Dans ce silence profond au coeur d'une nature fabuleuse, tapissée de mille fleurs nous progressons lentement, les muscles se tendent, les faciès grimacent sous un soleil ardent, la sueur nous inonde le visage, l'effort est constant...

Une anecdote peu commune, la rencontre avec une belle vipère qui, sans se presser, traversait la route, d'un muret à une ruine, juste le temps de l'éviter, croyez après le recul, le frisson....

Passées les dernières maisons de Trabassac, la vallée s'élargit, on devine tout là-haut le sommet mais pour l'atteindre une succession de lacets aériens, certains impressionnants; on flirte avec le 15 %, facile. On est à la fête mais heureusement tout a une fin ! On devine le sommet, un replat. Un air plus frais nous fait comprendre que le but est atteint, nous terminons sur un 400 mètres de terre battue et enfin soulagement ! nous débouchons sur la départementale 13 en direction du Plan de Fontmort, lieu du contrôle ravitaillement.

En quelques kilomètres nous touchons au but, une clairière au coeur d'une superbe forêt de sapins se présente à nous, altitude 896 m, lieu reposant et oh combien chargé d'histoire et de recueillement ! Ici est érigée une stèle commémorant les sacrifices de mes aïeux Camisards Huguenots qui, les armes à la main, se sont opposés aux dragonnades des armées du Roi, pour la liberté de pensée et de tolérance....

Les amis du club organisateur nous accueillent, le casse croûte et la détente sont les bienvenus, rien ne manque pour se refaire un coup de santé, on ne repartirait plus mais l'heure avance, le moral est au beau fixe, le plus dur est derrière nous. Heureusement la suite est plus roulante car les muscles étaient quelque peu meurtris.

Les villages et les cols se succèdent, le long ruban défile sous nos roues, il nous conduit de corniches en belvédères surplombant de magnifiques paysages, les échappées sont multiples, une dernière descente s'ouvre devant nous, bien dessinée. La vallée s'élargit, un coquet village nous accueille: Saint-Etienne Vallée Française; court arrêt pour se désaltérer, une photo et me voilà reparti. Le but n'est plus très loin, une ultime difficulté, le col de Lamira, 250 mètres d'altitude, une simple formalité ! et roue libre jusqu'à la permanence où nous sommes heureux malgré tout d'en avoir terminé. Soulagement et ambiance de bonheur sont à l'arrivée !

97 est passé, vive 98 ! Un grand merci au club organisateur pour la gentillesse et l'esprit de famille dont ils ont fait preuve. Longue vie à cette épreuve très sportive, au caractère montagneux, une bonne condition physique est indispensable.

23ème du nom, 131 km, 2400 m de dénivelée

Robert TRESCAZES N°3245

de MANDUEL (Gard)


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