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Le Grand Bi

Revue N° 25 Page 59

C'était un jour de juin dans le Cormet de Roselend, le soir ne voulait pas venir. Dans ce décor alpestre et champêtre nous gravissions, comme on dit dans notre midi "doucemenete", la chaîne sur le 28 dents.

Nous étions au 3 ème jour de la randonnée alpine de Rossini. Le temps était froid et sec, le lac du Cormet était glauque. Bernard comme à l'accoutumée prenait les devants, moi légèrement en retrait, je contemplais ce décor rêvé depuis longtemps. Un bruit de moteur me fit sursauter, un camping-car tchèque me doublait. Il est vrai que le Tour de France approchait et que le parcours passant par là, certains étaient venus le reconnaître. Un lacet plus bas, ma surprise fut grande lorsque je vis, et je dus regarder à deux fois, un énergumène sur un grand Bi. Je m'arrêtais et sortais l'appareil à photos. Ce bicycliste arrivait assez vite sur moi, je le cadrais pour la photo de l'année. Au passage je vérifiais son seul et unique braquet, les pédales agissaient directement sur l'axe de la roue avant, vu la grandeur de la dite roue cela devait faire du six mètres au moins.

Après avoir remis la machine en route, je m'élançais à la poursuite du bicycliste. Je sentais qu'il gagnait du terrain sur moi. Bernard devant, s'était aperçu que le pédaleur inhabituel voulait le rattraper. Je voyais Bernard se retourner assez souvent, le camping-car s'était porté à la hauteur du coureur tchèque et l'encourageait pour essayer de doubler le cyclotouriste. La neige commençait à faire son apparition, j'attendrai le sommet pour me couvrir. Me voilà au sommet, la route est déjà toute blanche. Mon copain m'attend dans un espèce d'abri qui devait servir de magasin d'articles alpins en période estivale. Il me raconte que le tchèque voulait le rattraper, il entendait ahaner quelques mètres plus bas. Mais il avait pu résister, on a sa fierté quand même !
Arrivé en haut, le pilote du grand bi ne pouvait s'arrêter alors il tournait en rond en attendant que ses copains arrivent pour lui permettre de descendre de son engin.

Vite couverts de nos habits d'hiver nous plongeons tous transis vers Bourg St Maurice, lieu de notre étape. C'est tout tremblant que je retrouvais Bernard se chauffant au soleil revenu, les pieds nus sur le chaud goudron. Quelle belle histoire allons nous pouvoir conter à nos amis.

Jack SABATIER N°557

de MILHAUD (Gard)


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