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Venez, nous allons faire une balade magique...

Revue N° 24 Page 04

Il est vrai que depuis quelque temps je ne lisais plus. Mis à part les nouvelles glanées au hasard d'un quotidien pour connaître l'actualité, et des hebdos pour avoir une vue plus générale sur le monde d'aujourd'hui. Sans oublier "Cvclotourisme" et la revue du club des "Cent Cols".

Il aura fallu un voyage de trois jours à vélo dans le Trièves et le Dévoluy pour que l'envie de lire me reprenne. Je veux dire de m'attaquer à des livres !

C'est un ami qui a aiguisé ma curiosité. Il est passionné de Giono, chose que j'ignorais jusqu'à ce passage à Mens dans le Trièves. L'office du tourisme annonçait quelques expositions dans la région, où Giono aimait venir passer des vacances. Nous y achèterons aussi un guide de VTT en Trièves qui nous servira plus tard.

Mais le déclic s'est produit à Tréminis où se tenait cette fameuse exposition.

Nous étions partis le matin de Grimone. Nous descendons les belles gorges du Gas pour remonter voir le cirque d'Archiane. Après le col de Menée, nous arrivons dans le Trièves.

Les nuages cachent le Mont Aiguille dans leur voile cotonneux. Nous passons plusieurs petits cols et à midi nous mangeons à Mens.

Nous grimpons le col de Mens pour aller à Tréminis. La déception. L'expo n'ouvre ses portes qu'à 17 heures. Nous ne pouvons attendre, cela nous ferait arriver trop tard au gîte à Grimone. D'autant qu'il nous reste trois cols à passer ! Après une bonne douche, nous revenons en voiture visiter cette exposition.

Il s'agit de photos noir et blanc, agrandies et sous verre. Des photos de montagne, de ruisseaux, de troncs d'arbres, de villages et de portraits réalisés par un photographe d'aujourd'hui. Ce qui a un peu déçu Patrice qui s'attendait à voir des photos anciennes de l'époque de Giono. Mais ces photos étaient accompagnées de textes courts empruntés aux livres de Giono, commentaires livresques qui semblaient avoir été écrits pour chaque photo. Ce qui me fit penser que les écrits de Giono ne sont pas limités à son époque - lui qui est né il y a cent ans - mais qu'ils sont toujours actuels et universels.

Notre deuxième jour fut une journée VTT, pour faire des cols bien sûr. Nous avions repéré un itinéraire de 55 km sur le Topo-Guide n°2 du Club des "Cent Cols", au départ du village de Lus la Croix Haute.

Nous partons tôt le matin et attaquons notre parcours VTT par un beau chemin en forêt jusqu'au col des Tours. Après c'est du sentier avec, par moment du poussage lorsque ça monte trop. Nous passons les cols du Vallon, de l'Aup et de Lauteret autour de 1800 mètres d'altitude. Le parcours balisé du G.R., varié et sauvage à travers prairies et forêts nous offrira des points de vue assez exceptionnels.

Nous rejoignons le Dévoluy par une descente très agréable pour arriver au village de la Cluse où nous faisons une pause a la fontaine. Des enfants jouent avec l'eau fraîche du petit bassin.

Nous remplissons nos bidons et repartons sur la route goudronnée jusqu'au col du Festre. Nous bifurquons sur la gauche pour passer aux hameaux de Lachaud et de Maubourg par de petites routes tranquilles.

Il est midi, il fait assez chaud et le plus dur reste à faire.

Nous prenons un chemin forestier qui monte bien. Nous passons près de la cabane du Chorum Clot. Les Chorums sont des trous assez profonds quelquefois, il y en a beaucoup dans cette région, plus de 430. Ce sont des cavités souvent pleines de glace qui captent les eaux de pluie et de fonte des neiges. Elles alimentent des rivières souterraines qui aboutissent aux résurgences des Gillardes puis au barrage du Sautet.
Nous passons près de ces Chorums profonds que j'ai failli ne pas voir. Me penchant sur un de ces gouffres je constate qu'il est encore plein de neige dure. Nous rejoignons le vallon supérieur des Adroits, qui descend un peu pour remonter ensuite rive gauche avec une succession de plats roulants et de ressauts à poussage qui nous mènent au col du Charnier à 2104 m d'altitude.

De ce col à plus de 2000 m, nous avons une vue splendide.

Le grand Ferrand nous domine avec sa tête dans les nuages, et cet immense banc de roches avec des à-pics impressionnants que certains appellent "Dolomites" françaises. L'autre versant du col du Charnier, très pentu, dans les rochers, nous oblige à porter nos vélos pendant cinq cents mètres environ.

Nous passons les cols des Aurias et de la Croix avec des points de vue remarquables. Des successions de collines avec croupes arrondies forment des vagues jusqu'à l'horizon. Nous descendons le vallon de la Jarjatte avec des passages très pentus. Puis nous retrouvons la route goudronnée qui nous ramènera à Lus.

Il nous a fallu dix heures de VTT pour réaliser ce parcours comportant 2000 m de dénivelée en 55 km et le franchissement de 7 cols.

Un itinéraire assez difficile ! Nous apprenons qu'une exposition permanente sur Jean Giono a lieu ici à Lus dans un ancien hôtel. Décidément Giono aura marqué notre voyage !

Le lendemain nous ferons encore du VTT au départ de Grimone, par des chemins forestiers plutôt faciles avec encore cinq cols au programme. Un itinéraire choisi dans le guide VTT en Triéves.

C'est moins dur que le parcours d'hier. Le ciel est plus nuageux, il ne fait pas chaud, un temps à faire du VTT. Nous passons le col des Aiguilles par un magnifique passage entre les rochers. Nous descendons au hameau de la Vière pour grimper ensuite le col de Lus. Le sentier traverse une forêt épaisse, il serpente dans des sous-bois, dans des herbes hautes où l'on roule difficilement. Des trouées dans les voûtes de feuillage laissent entrevoir des morceaux de ciel bleu. Puis ce sera le col sans nom (c'est son nom !)

Après un bon casse-croûte pris dans cette clairière herbeuse, nous repartons avec prudence. Un très beau chemin nous conduit près d'une ferme abandonnée, perdue au-dessus de la vallée de Lus.

La vie devait être trop rude ici, un peu comme dans ces vieilles fermes mortes de la montagne de Lure, décrites par Giono dans ses livres. Un chemin nous ramènera au col de Grimone avec une bonne grimpée dans un vallon.

Nous avons bouclé ce parcours de 35 kilomètres en cinq heures.

Arrivé chez moi, je prends les livres de Giono, les feuillette, les tripote en tous sens. Je vais les lire !

Je revois les photos de Tréminis et leurs commentaires.

"Rondeur des jours", le titre me plaît..... les jours commencent et finissent dans une heure trouble de la nuit. Ils n 'ont pas la forme longue, cette forme des choses qui vont vers des buts : la flèche, la route, la course de l'homme. Ils ont la forme ronde, cette forme des choses éternelles et statiques: le soleil, le monde, Dieu..." Giono.

C'est fou les choses auxquelles on peut penser sur un vélo. Ca fait partie de notre richesse.

Comme l'écrit Giono: ..." la richesse de l'homme est dans son coeur. C'est dans son coeur qu'il est le roi du monde. Vivre n'exige pas la possession de tant de choses... "

Jean-Claude MOUREN N°1870

Gardanne (Bouches du Rhône)


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