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Le Parpaillon... un rêve ?

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Mes plus belles randonnées (RVA à Carcassonne, RDL à Narbonne, randonnée des 3 Gorges d'IBM Montpellier ... c'est avec SyIvie que je les ai faites mais nous étions plusieurs centaines de cyclos. Ce grand nombre de participants, la parfaite organisation, l'ambiance, la convivialité et les magnifiques paysages font de ces sorties de grands moments dans la vie d'un cyclo.
C'est encore avec Sylvie que j'ai fait le Parpaillon. Mais là, nous étions seuls et c'est très bien ainsi, car ce célèbre col ne me semble pas fait pour accueillir la foule.

Dans la tête d'un cyclo il y a toujours quelques objectifs et un plus important que les autres qui pourrait s'appeler un rêve. Mon rêve depuis trois ans, c'était le Parpaillon. Pourquoi ? Parce que le Parpaillon n'est pas un col comme les autres Ceux qui l'ont fait, quand ils en parlent, ont dans le regard une petite lueur particulière. On comprend bien que ce col a dans leur mémoire une place à part. D'ailleurs, ils en parlent entre eux et le ton baisse quand un "qui ne l'a pas fait" s'approche; niais, à moins d'être impoli - ce qu'aucun cyclo ne saurait être - ils poursuivent et ce que l'on entend ne fait qu'accroître le mystère... et l'envie de réaliser mon rêve.

Le peu que j'ai entendu et ce que j'ai lu (car on a beaucoup écrit sur le Parpaillon) m'a convaincu d'utiliser mon VTT, condition nécessaire... pour économiser mes chaussures. Il fallait ensuite trouver trois jours de liberté. En juillet et août, impossible pour Sylvie. En ce qui me concerne, je passe quatre jours à Barcelonnette et pour reconnaître le terrain, si l'on peut dire, je fais la Cayolle, Allos et la Bonnette où, le 31 juillet, j'essuie une tempête de neige aussi violente qu'inattendue. Ma décision est prise; il faut faire le Parpaillon avant l'hiver. Un créneau se présente : le premier week-end d'octobre. La météo sur trois jours est nette et précise : vendredi, grand beau temps; samedi, beau le matin dégradation très rapide l'après-midi; dimanche, très mauvais. Donc, c'est le moment. Départ d'Alès le vendredi après-midi. Le soir, très bon repas préparé par Jeannine à l'hôtel de Jausiers. Soirée animée où il est plus question de chasse que de vélo car une équipe de chasseurs prépare une sortie pour le lendemain.
Samedi matin : temps splendide. Départ 8h30. Echauffement jusqu'à la Condamine. Là le cyclo prend la ligne et le sac à dos des formes. Il fait vraiment très chaud et la pente est rude pour atteindre Sainte-Anne. La route est encore goudronnée et nous avons commis l'erreur de vouloir monter avec le plateau de 38 afin de conserver le 28 pour la partie muletière qui commence à la fontaine de la Chapelle Sainte-Anne où nous faisons le plein (2 bidons par personne, c'est un minimum). Il reste 11 km; 5 dans une forêt splendide avec une pente modérée. Nous sommes absolument seuls; de temps en temps, dans le lointain, un coup de fusil... peut-être notre chasseur de mouflon ? On sort de la forêt, un petit pont et voilà la cabane du Grand Parpaillon. Il est temps de se restaurer un peu et de s'engager sur les six derniers kilomètres. On voit bien la route qui grimpe à flanc de montagne mais on ne parvient pas à situer le col. La pente s'accentue, mais avec le 28, ce n'est pas plus dur que la montée à Sainte-Anne.

De plus, en gagnant de l'altitude, l'horizon se dévoile et le spectacle des montagnes enneigées est magnifique. Quelques petits nuages commencent à voiler le ciel. Enfin au détour d'un virage, après avoir croisé quelques marmottes occupées à parfaire leurs réserves pour l'hiver, nous découvrons à quelques dizaines de mètres, l'entrée du tunnel. C'est alors une grande joie, joie d'avoir réalisé un rêve, mais aussi joie d'être là, (il est midi), au soleil, dans la neige, entourés d'un panorama splendide. Il règne un calme et une solitude totale. Comme les marmottes, la montagne donne l'impression de se préparer à affronter l'hiver qui est peut-être pour demain car les nuages arrivent vite.

Un aller et retour dans le tunnel pour admirer le paysage. L'entrée nord est beaucoup plus enneigée. Descente agréable, c'est là qu'on apprécie les VTT, jusqu'à la cabane du Grand Parpaillon. Repas rapide. Les nuages envahissent le ciel. Il est temps de redescendre. La réussite de notre tentative rend le retour encore plus agréable. Les prévisions météo étaient parfaites: dans la nuit c'est un déluge qui se poursuit le lendemain. Il neige au-dessus de 2000 mètres. Nous sommes peut-être les derniers à avoir fait le Parpaillon en 91. Il était temps !

Alors, le Parpaillon... un rêve ? Non, un merveilleux souvenir.

C. GERARD

G.M.C. ALES


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