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L’A.S.P.T.T. D’AMIENS AUX 7 COLS DE L’UBAYE

Revue N° 19 Page 45

Je ne vous décrirai pas la traversée de la France en autocar, elle s'est déroulée dans mêmes conditions que nos précédentes expéditions.


Mercredi 5 Septembre 1990

Il est environ 8 heures lorsque nous arrivons à bon port, c'est-à-dire au Centre d'Oxygénation Jean Chaix à Barcelonnette. Ce sera notre port d'attache pendant les 4 jours bien remplis que nous passerons dans cette agréable région.
Le soleil est d'un bleu d'azur, ce qui laisse espérer une belle journée de fin d'été. Une équipe de jeunes footballeurs de Martigues s'entraîne sur le terrain.

Un copieux petit déjeuner nous est servi dès notre arrivée - nous sommes dans un centre réservé aux sportifs et nous constaterons que la cuisine est adaptée aux efforts que nous aurons à fournir. - Ensuite nous faisons connaissance avec notre hébergement ; nous sommes logés dans deux dortoirs ; tout est propre et les lits sont confortables.
Pour certains, cela leur rappelle le temps lointain où ils étaient sous les drapeaux ou dans les jupons de Marianne... à chacun ses occupations.

Notre installation terminée, en selle, car nous sommes venus pour faire de la bicyclette. Ce sera une journée de grand beau temps comme disent les montagnards.

Deux cols doivent meubler notre journée : le col de Larche (1991m) et le col de Vars (2111m). Nous traversons tout d'abord la ville de Barcelonnette par les boulevards extérieurs. Jusqu'à Jausiers la route monte lentement, ce qui permet aux anciens (dont je suis) d'échauffer leurs vieilles jambes. A la sortie de Jausiers nous laissons sur notre droite la route du col de la Bonnette ; c'est un abandon provisoire car samedi nous irons faire connaissance avec elle.
Nous longeons pendant quelques kilomètres la vallée de l'Ubaye dominée par plusieurs forts qui avaient pour mission de surveiller la route franco-italienne à une époque où les relations entre les deux pays n'étaient pas particulièrement amicales.

Un virage à droite et voici tout notre groupe en train d'en découdre avec le col de Larche. Chacun le monte à sa cadence ; évidemment les gros bras (ou plus exactement les gros mollets) sont en tête pour le Grand Prix de la Montagne. Je fais partie de ceux qui n'ont aucune prétention si ce n'est de passer une bonne journée en montagne en suant abondamment.
Notre route longe maintenant l'Ubayette. Le pourcentage n'est pas trop sévère et la route monte régulièrement ; c'est un col idéal pour une mise en jambes en vue de 4 jours de route qui seront bien remplis.
La douane est passée au village de Larche, une douane bien symbolique d'ailleurs. Nous y effectuons un regroupement avant de terminer les 6 Km qui nous permettront d'atteindre le sommet et nous arrivons les uns après les autres au panneau annonçant le col.

C'est avec surprise que je découvre une stèle élevée en l'honneur de Fausto Coppi ; le campionissimo a été maintes fois honoré dans la montagne, que ce soit dans le col de l'Izoard ou dans le Stelvio.
Un autre lieu attire les cyclos au sommet de ce col : c'est la boutique où se vendent des vins et des alcools d'origine française ou italienne. La photo de groupe est faite au sommet et nous dégringolons ensuite jusqu'au village de Larche où nous prendrons notre repas sous forme de pique-nique sur la place devant l'école.

Nous nous installons donc sur la place du village ; les maillots mouillés par la montée du col sèchent au soleil. Les vivres sont sortis de la camionnette et après l'habituel apéritif (aujourd'hui à base de vermouth), le repas des fauves commence. Nous étions vraiment bien au soleil sur la place de Larche ! Une petite sieste fait suite à notre repas.
Et nous reprenons la route en direction de Vars ; nous dégringolons pendant une dizaine de kilomètres le col de Larche avant d'entamer la montée du col de Vars.

Surprise : la route est barrée pour cause de travaux ; les ouvriers paraissent bien décidés à ne pas nous laisser passer. Pendant que je discute avec l'un d'eux monté sur une machine énorme, mes coéquipiers passent de l'autre côté ; je n'ai plus qu'à traverser moi-même les travaux malgré ses vociférations.

C'est à Saint-Paul-sur-Ubaye que commence réellement la montée du col de Vars. Le pourcentage est beaucoup plus sévère que pour le col de Larche ; personnellement, il me faudra une heure pour couvrir les 8 Km séparant St Paul du sommet du col. Les arrivées au sommet sont d'ailleurs espacées. Un cyclo manque à l'appel ; c'est Roland Douay ; en effet, en descendant le col de Larche, au lieu de tourner à droite, il est redescendu vers La Condamine ; nous le rencontrerons grimpant le col alors que nous le redescendrons.

Quelques photos sont prises au sommet. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls cyclistes à avoir escaladé le col de Vars. Je fais alors un bref et lointain retour en arrière pour me souvenir que j'ai monté ce col pour la première fois en 1955 alors que je revenais de Corse.

Nous avons ensuite la récompense des efforts effectués dans la montée sous forme d'une grisante mais cependant prudente descente. Une longue file de véhicules attend devant le chantier en cours dans la vallée de l'Ubaye. A quelques uns, nous avons la chance de passer mais la majeure partie de notre groupe sera retenue pendant plus d'une demi-heure.
La route du retour est facile puisque jusqu'à Barcelonnette la route est en descente plus ou moins prononcée.
Notre première journée s'est déroulée sous le soleil et dans l'ambiance amicale qui règnera au cours de ces journées passées dans les Alpes de Haute Provence. La douche est bienvenue. Le repas en commun est pris au réfectoire ; la nourriture est adaptée aux appétits des sportifs.

Mais que s'est-il donc passé ce soir ? A 9h15 tout le monde était couché et les lampes étaient éteintes ! Je vais vous le dire : les cyclos de l'ASPTT Amiens avaient passé une nuit dans le car, avaient grimpé deux cols et étaient saouls (par l'air de la montagne)... Chut !


Jeudi 6 Septembre 1990

A 6 heures nous sommes déjà debout, mais pourquoi donc se lever si tôt puisque nous n'avons que 125 kilomètres à faire. Aujourd'hui la qualité fera place à la quantité ; notre programme comporte en effet la montée des cols d'Allos (2250m), des Champs (2190m) et de la Cayolle (2327m). Lorsque nous mettons le nez dehors, c'est pour constater qu'il fait presque froid ; nous sommes en effet à 1100 mètres d'altitude et début septembre.

Un substantiel petit déjeuner est pris en commun ; chacun, à son choix, peut prendre café, lait, chocolat, thé, accompagné de céréales, pain, beurre et confitures, enfin tout ce qu'il faut pour mettre un cycliste en forme.
Après quelques kilomètres dans la vallée de l'Ubaye, il nous faut quitter celle-ci pour les premières rampes du col d'Allos. La route est étroite et contraste avec celles de la veille. Le soleil chauffe déjà et malgré l'heure matinale, les cyclos s'arrêtent un à un pour se dévêtir. La circulation automobile est presque nulle, si bien que nous pouvons grimper en toute quiétude. Le maillot vert de Claude Dhuicq est là, devant moi à 50 mètres, mais je n'arriverai pas à le rattraper ni lui à me distancer.

Les bornes kilométriques nous signalent le village des Agneliers ; en réalité, il s'agit de deux maisons et de quelques ruines.
Des fraises des bois sur le bord de la route sont les bienvenues ; seules la bicyclette et la marche permettent de les découvrir. Je mouline patiemment ; les hectomètres se transforment en kilomètres et le sommet du col arrive. Les féminines arrivent : Dominique Gautier et Martine Houllier ; elles nous prouveront sans difficulté que leur coup de pédale égale facilement celui de leurs compagnons de route.

La table d'orientation près du refuge nous permet de découvrir et de localiser les sommets qui nous entourent car le ciel est d'un bleu provençal. Le refuge qui était fermé s'ouvre, ce qui permet à certains de faire pointer leur brevet de BCN et BPF.

24 Km de descente s'offrent à nous jusqu'à Colmars. Nous découvrons un troupeau de moutons en transhumance dans la montagne ; puis ce sera la station d'Allos ; maintenant nous longeons le Verdon qui vient de prendre sa source et qui dans quelques dizaines de kilomètres creusera les gorges que nous avons tous admirées un jour ou l'autre.
Le regroupement est fixé à l'entrée de Colmars, mais pourquoi le Président a-t-il éprouvé le besoin de descendre jusqu'au centre de la localité ? Nous faisons le tour du Fort de Savoie qui défend l'entrée de Colmars et las d'attendre le retour de Patrice et de Régis Dheilly, nous entamons la montée du col des Champs.

C'est en nous apercevant grimper le col que Patrice et Régis reprennent la route afin de nous rejoindre. La route traverse une forêt qui laisse parfois apparaître le village de Colmars, la vallée et ses forts.
Jean-Jacques Pruvot, ses aimables accompagnatrices et sa camionnette nous rejoignent ; nous élisons alors domicile pour une bonne heure dans un pré ensoleillé où se déroulera notre repas dans la bonne humeur habituelle, repas préparé par le Centre Jean Chaix de Barcelonnette. L'apéritif, la bière et le vin facilitent notre réhydratation. Il serait toujours tentant de faire la sieste après le repas, mais la journée n'est pas terminée ; le col des Champs et le col de la Cayolle nous attendent.

Connaissant ma lente progression dans les cols, je suis dans les premiers à reprendre la route. Celle-ci est bien agréable ; elle serpente dans une forêt qui nous dispense généreusement son ombre.
Patrice Godart me rejoint, il se met à mon rythme et c'est en bavardant que nous terminons ensemble la montée du col des Champs. La montagne est aride avec de nombreux éboulis de pierres. Comme à l'habitude, le regroupement s'effectue ; la camionnette livre ses boissons aux cyclos toujours aussi assoiffés.

Parmi nous, Max Lenne a l'avantbras plâtré ; il arrive à monter les cols à condition de ne pas trop tirer sur le guidon mais il ne lui est pas possible de descendre, car les trépidations transmises par la route au guidon l'empêchent de le tenir. Max aura donc recours à la camionnette pour descendre les cols ; c'est rageant quand même !
Maintenant, plongeons vers la vallée du Var, car n'oublions pas qu'un col est la partie déprimée d'une montagne permettant de passer d'une vallée à une autre ; ainsi de la vallée du Verdon nous passons maintenant dans la vallée du Var qui ira se jeter dans la Méditerranée près de Nice.

Le regroupement s'effectue au bas du col et nous commençons la grimpée du col de la Cayolle qui culmine à 2327 mètres. Il sera le plus haut des trois cols de la journée. Jusqu'à Entraunes le pourcentage n'est pas trop sévère et la montée s'effectue facilement, mais bientôt le pourcentage passe à 7 et 8%. Je souffre sur la route mais je ne suis pas le seul ; certains sont arrêtés et s'en prennent avec véhémence à la chaleur, à l'état de la route, à la soif, à tout ce qui fait qu'un col devient dur, surtout lorsqu'il s'agit du troisième de la journée.
Les arrivées sont très échelonnées à Esteing où un regroupement a lieu. J'en profite pour boire et me restaurer. Nous sommes à 1800m d'altitude ; il nous reste environ 500 mètres à monter en 7 kilomètres.
Ce ne sont pas les plus faciles et je suis surpris que certains ont encore plus de difficultés que moi ; il est vrai que depuis ce matin je suis toujours resté sur mes réserves.

A 18h30, au sommet du col, il fait froid. J'enfile mon K-Way et mes gants et commence prudemment la descente du col. Elle est longue, cette descente, car 30 Km nous séparent de Barcelonnette et nous ne donnerons pas beaucoup de coups de pédale pour rejoindre notre camp de base. Régis Dheilly me dépasse en trombe dans un virage ; attention Régis ! un jour tu en manqueras un !

Les derniers kilomètres de la descente s'effectuent dans les gorges du Bachelard ; à certains endroits le passage est si étroit que la route et la rivière se fraient difficilement un chemin.

Et c'est le retour à Barcelonnette après une journée bien remplie et tous aspirent à un peu de repos. La récupération se fait facilement, aidée par une douche et un repas où les langues vont bon train. Nous revivons les différents épisodes de la journée ; une nouvelle fois nous avons pu constater qu'en montagne, la dénivellation tient plus de place que le kilométrage ; en effet, nous avons monté environ 3140 mètres, ce qui est moindre que les brevets cyclomontagnards français dont la dénivellation se situe entre 4000 et 4500 mètres.
Personnellement, je ne tarderai pas à gagner mon lit.


Vendredi 7 Septembre 1990

Après la dure journée d'hier, celle d'aujourd'hui doit être plus douce puisque le programme annonce 1781 mètres de dénivellation pour 119 Km. En descendant dans la cour, nous constatons qu'il a gelé blanc ; effectivement, il ne fait pas chaud et il est prudent d'enfiler les collants ou les maillots à manches longues. Les trois cols de la veille ne nous ont pas trop marqués puisque tout le monde est au départ.
La route est facile puisque nous descendons la vallée de l'Ubaye, puis nous longeons le lac de Serre-Ponçon dont les eaux, en cette année de sécheresse, sont basses.

Nous nous regroupons au pied du col de Pontis. Il n'est pas bien long : 5 Km environ, mais son pourcentage est sévère : la carte Michelin annonce plusieurs passages à 15% !. Effectivement, nous sommes bientôt à la peine ; nous avons 500 mètres d'élévation à monter en 5 Km.
Les tout petits braquets sont utilisés, évidemment ; ce n'est pas la haute montagne puisque le sommet du col n'est qu'à 1301 mètres.

Cette chasse aux cols à laquelle nous nous livrons depuis 3 jours est destinée à obtenir le Brevet des Sept Cols Ubayiens. Les contrôles s'effectuent en poinçonnant notre carte de route au sommet des cols avec un appareil ressemblant aux machines poinçonnant jadis les tickets de métro.
Nous revenons sur nos pas ; notre route domine le lac de Serre-Ponçon qui a perdu beaucoup d'eau. Maintenant c'est la route du col St jean. Dès les premiers kilomètres, tout le monde s'envole comme une volée de moineaux et c'est un peloton passablement étiré qui arrive au sommet du col. Ce n'est plus la haute montagne et notre itinéraire se déroule au milieu des prairies.

Notre camionnette nous suit fidèlement avec le ravitaillement, la boisson et le matériel de dépannage. Une clairière nous permettra de déjeuner tranquillement sous le soleil qui ne nous quitte pas depuis notre arrivée.
Après Seyne-les-Alpes, le col de Fillys en surprend plus d'un.

Il faut dire qu'après la journée d'hier, nous avions considéré l'étape d'aujourd'hui comme une promenade de santé. Dans la descente du col, je me retrouve sur le bitume sans avoir eu le temps de dire Ouf ! En effet, j'ai dérapé sur les gravillons que je n'avais pas vus puisque situés dans une zone d'ombre.

C'est maintenant le retour vers Barcelonnette que j'effectuerai en compagnie de Louis Sannier avec un vent favorable.
De retour plus tôt qu'à l'ordinaire, j'irai flâner dans les rues de Barcelonnette. La rue piétonne est particulièrement animée ; j'y rencontre quelques coéquipiers qui viennent également découvrir la ville. J'admire également les belles propriétés construites au siècle dernier par les "Barcelonnettes", habitants de la ville qui avaient émigré au Mexique à la fin du siècle dernier et qui, après avoir fait fortune, sont revenus au pays et ont fait construire les belles propriétés qui se trouvent en périphérie de la ville.

Jean-Jacques Pruvot était non seulement le chauffeur de l'équipe, mais encore le cinéaste. En effet, il a passé une grande partie de son temps un caméscope à l’œil afin de filmer notre équipe dans la montagne. La soirée est consacrée à visionner à la télévision le film pris ces derniers jours ; les commentaires vont bon train devant les images dévoilant les difficultés parfois rencontrées par les uns ou les autres.
Vers 23 heures, les lampions sont éteints.


Samedi 8 Septembre 1990

C'est déjà le dernier jour de notre escapade alpestre. Aujourd'hui nous allons monter vers les hauteurs, puisque le col de la Bonnette (2802m) est au programme.
Vers 8h30 nous prenons la route en direction de Jausiers ; une dizaine de kilomètres de mise en jambes est toujours appréciée. Un virage à droite et commence la montée du col de la Bonnette. A un petit groupe nous nous élevons lentement au-dessus de Jausiers. Je constate que ma roue arrière frotte ; rien de particulier quand je ne suis pas sur mon vélo mais le frottement reprend quand je repars. Je fais part de mes difficultés à Patrice qui me rejoint ; il examine ma machine et remédie aux maux qui me soucient. J'aurai les explications à la sortie du dimanche suivant où je constaterai que l'axe de mon moyeu arrière est cassé !

Nous ne sommes pas les seuls à escalader la Bonnette en ce samedi matin ; de grands cyclistes hollandais sont aussi à la tâche et nous saluent amicalement lorsqu'ils nous doublent.
Une pancarte nous indique que le restaurant situé à l'altitude 2000 est à 3 Km. C'est une bonne surprise car je me croyais beaucoup plus loin. Je monte en compagnie de Patrice ; je lui demande de me laisser monter à mon lent train de sénateur, mais rien n'y fait.

Le regroupement s'effectue à l'altitude 2000 ; c'est la traditionnelle photo, puis nous reprenons la route. La végétation a disparu et nous roulons maintenant dans des prairies. Le pourcentage oscille entre 7 et 8%.
Soudain je me retrouve au milieu d'un troupeau de moutons en transhumance et qui descend de la montagne en coupant la route et ses lacets. Aux casernes de Restefond, je retrouve un groupe qui attend les retardataires. Cela fait une bonne récupération ; seuls 3 Km au pourcentage facile restent à monter. Les plus rapides sont déjà en haut, défendant leur place pour le grand prix de la Montagne.

Puis arrive Roland Douay, suant, soufflant, écrasant ses pédales de tout son poids. Ne croyez pas que ces quatre jours passés en haute montagne furent pour Roland une promenade de santé car il dût hisser ses 97 kilos au sommet des cols. Bravo Roland, tu as fait preuve d'énormément de volonté et de courage, mais peut être faudrait-il que tu fasses également preuve d'un peu plus de prudence.

Il reste encore un gros effort à faire, celui consistant à monter à la cime de la Bonnette ; le pourcentage est d'environ 10% Un marchand de frites s'est installé au sommet ; les clients ne manquent pas car monter à cette altitude, surtout à bicyclette, ça creuse ! Est-ce la baraque à frites la plus haute d'Europe ? Probablement !
La table d'orientation nous révèle les noms des sommets qui nous entourent. Le ciel est d'une telle clarté qu'on découvre même le massif du Pelvoux dans le massif des Ecrins, distant d'environ 75 Km.

Notre pique-nique a lieu quelques kilomètres après le col sur le versant sud. C'est notre dernier repas en altitude.
L'après-midi, notre groupe s'éparpille. Certains, continuant la chasse aux cols, se dirigent vers le col des Fourches et le col des Granges Communes, d'autres vers le col de la Moutière à 2490 mètres.
Quant à moi, je rentrerai par la route directe, appréciant la longue descente vers Jausiers et m'accordant plusieurs arrêts pour jouir de ce paysage grandiose.

Je vous avais promis le classement du Grand Prix de la Montagne, le voici ; je vous le donne d'autant plus volontiers sachant parfaitement que nos lauréats savent que la gloire "passe et tombe éphémère"...
1er - Gérard Gavory ; il est grand, longiligne, et monte les cols avec plus de facilité que je ne lis le journal... a-t-il du mérite ?
2e - Bernard Nettersheim.
3e - Louis Sannier, jeune homme sexagénaire qui livra combat avec les quadragénaires, mais ce que ne savait pas notre ami Louis à l'époque c'est que ses efforts alpestres devaient lui causer quelques jours plus tard un blocage des reins et qu'il allait traîner la savate pendant plusieurs semaines comme un véritable octogénaire... Louis, souviens-toi que tu n'as plus 20 ans ! (moi non plus, d'ailleurs).
Enfin, je vous précise que les réclamations concernant ce classement sont à formuler auprès de Louis Sannier qui en est l'auteur.

Après s'être égayés dans la montagne, le soir, tous le cyclos se retrouvent au Centre jean Chaix. En effet, aucun d'entre nous n'a chu, ni n'est porté disparu dans les rochers qui bordent la route du col de la Bonnette.
Monsieur Louis Honorat, Président du Club Cyclotouriste de l'Ubaye et son épouse viennent nous remettre les diplômes qui justifieront à nos rejetons qui connaîtront l'ère spatiale qu'un de leurs lointains ancêtres gravissait les montagnes sur une drôle de machine à la vitesse de pointe de 10 Km/heure.

La soirée se passe avec un repas en commun pris en compagnie de M. et Mme Honorat et du directeur du Centre qui nous apprennent, notamment, que Jean Chaix dont le centre porte le nom, fut un montagnard chevronné décédé en montagne, victime de sa passion.

Une nuit réparatrice nous remet sur pied pour affronter cette fois, non pas la montagne, mais une journée d'autocar pour rejoindre notre plate Picardie.
Le Brevet des 7 Cols Ubayens fera partie des grandes randonnées et des bons moments de l'ASPTT d'Amiens et à peine sommes-nous rentrés que déjà nous tournons nos yeux vers d'autres montagnes alpestres : la Savoie, puisque Bernard Nettersheim nous a proposé d'y organiser un séjour en 1991.

Jean GALIMANT

ASPTT Amiens


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