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VOYAGE EN PAYS ANDORRAN

Revue N° 19 Page 34

Il est 19h30 lorsque j'atteins Foix avec l'aide du train. C'est dans cet ancien comté que je passerai la nuit de ma première étape au pied même des Pyrénées. La ville est en liesse car, ce soir, c'est la fête foraine annuelle : manèges et autres attractions sont contemplées par les fêtards.

Aujourd'hui, samedi 1 septembre, débute ce voyage vers l'Andorre via Porté-Puymorens. Il est 9 heures, je charge mon vélo de la sacoche "randonneur" et me voici paré. En partant, une petite halte déjeuner satisfera mon appétit pour quelques heures.
Avant mon arrivée à Tarasconsur-Ariège, je décide d'allonger mon circuit. En effet, je suis en avance sur mon horaire ; je passerai donc par le col de Souloumbrié (911m) sur la route des corniches. L'étroite route longe un torrent, l'Arnave, pour arriver à Cazenave, pied du col. L'ascension, rapidement effectuée, est agréablement située dans une sorte de défilé impressionnant, non loin du Pic de Han (2074m).

Je passe les villages de Senconac, Caychase, Appy et Axiat pour atteindre Lordat, ancien site cathare dont le château en ruine surplombe la vallée. C'est à ce village que débute la route menant aux carrières de talc de Trimous.
La route serpente maintenant à flanc de montagne, ce qui marque l'approche du col de Marmare (1361m). Les lacets de plus en plus nombreux rendent la montée moins raide malgré quelques belles rampes.

Au col de Marmare, je suis encore à 12 Km d'Ax-les-Thermes et il est 11h30 avec, en prime, le col de Chioula (1431m) qui sera assez vite passé grâce au petit dénivelé le séparant du col de Marmare. La descente sur Ax-les-Thermes est bonne et j'y parviens vers 12h15, juste à temps pour me procurer mon repas de midi acheté au marché : un gros et beau melon d'un kilo qui fera l'affaire pour le restant de l'après-midi.

C'est donc vers 14h que je m'élance sur le "morceau" de la journée : le col de Puymorens (1915m), à 30 Km de là. Je remonte l'Ariège par une route assez sinueuse mais bonne malgré tout. Après mon passage au téléphérique désaffecté du plateau de Saquet, je parviens à Mérens-les-Vals, village renommé pour ses chevaux dotés d'une endurance remarquable.

L'Hospitalet, à 1436 mètres, est le dernier ravitaillement possible avant le col à dix kilomètres. Un court arrêt s'impose pour observer la gueule ouverte du futur tunnel du Puymorens, prévu pour 1992. Je rejoins le carrefour bifurquant sur Porté-Puymorens d'un côté et Andorre via le Pas-de-la-Case de l'autre. Le temps reste couvert depuis l'Hospitalet et la température n'est pas excessivement élevée pour la saison. Au col, la pluie s'abat sous la forme de neige fondue et le K-Way ainsi que le jogging seront utiles à la descente sur Porta où je dois rejoindre le groupe parti deux jours auparavant.

La jonction se fait et c'est donc à six que nous remontons à Porté-Puymorens pour passer la nuit. Nous retrouvons notre ancien président, Francis Touzeau, faisant ses emplettes pour le repas du soir.

C'est en sa compagnie que nous roulerons le lendemain, ainsi qu'avec deux cyclos venus de Clermont-Ferrand. C'est un appartement aimablement loué par la mairie du villagestation qui nous servira de logis.

Dimanche 2 septembre, 8h30. C'est sous un ciel étonnamment bleu que nous débutons cette journée par l'inscription au départ de la randonnée du Club des Cent Cols. Nous y retrouvons Frédéric Mouchon, plus connu sous le nom de la Mouffle et Maxime Carayol, dit la Taupe, venus en voiture le matin même. Le hors d'œuvre consiste à gravir (remonter pour moi) le col de Puymorens. La montée se fait sans encombre et, parvenus au sommet, un déshabillage s'effectue sous un soleil déjà présent et chaud malgré les 4 degrés relevés la nuit précédente !

Le plat de résistance est annoncé par la montée du Pas-de-la-Case (2091m). La douane passée, nous abordons les boutiques à touristes postées sur les abords de la route. Audessus de nous se dresse le Port d'Envalira que nous montons avec des cyclos de l'Union (31). Une queue plus qu'importante indique la station-service toute proche ; en effet, la crise du Golfe ne semble pas toucher l'économie andorrane et donc le pétrole coule à flots à un prix peu important.
C'est au Port d'Envalira (2407m) que cela se corse ! En effet, nous prenons une piste qui nous conduira quelques kilomètres plus loin au col de Maïa (2492m) situé à proximité d'un réémetteur que nous atteindrons dans le brouillard. Celui-ci se dissipera quelques instants plus tard et nous nous acheminerons vers notre second col, le Soldeu (2507m), pour atteindre ensuite du jamais vu, une pente que j'estime à plus de 35%...

Evidemment, personne ne montera celle-ci, sans parler des "couraillons" qui, avec leurs développements importants, n'impressionneront personne dans ce passage, bien au contraire ! Arrivés au sommet en file indienne et en poussant notre machine, c'est la fin de la piste et nous entamons donc notre avancée dans les rocs, éboulis et autre chaos. Le portage des vélos s'effectuera facilement pour les uns, moins bien pour les autres.

Nous voici donc au but de notre randonnée : le col Dret (2525m), surplombant la vallée de Soldeu et avec une vue sur le cirque dels Pessons, de l'autre côté de l'Envalira. La surprise fait suite à ce merveilleux paysage : direction... demi-tour gauche ! Nous reprenons donc le même chemin, à flanc de montagne, pour rejoindre le Port d'Envalira. Nombreux sont les amateurs de Look et de Time, les célèbres pédales, et nombreux sont les glissages et autres dérapages annonçant, bien sûr, d'inévitables jurons ! Certains vont jusqu'à dire qu'on ne les reprendra pas de sitôt dans un circuit pareil ! Cela dit, la descente est entamée, les poignées de freins serrées au maximum.

C'est avec les doigts engourdis que nous nous élançons cette fois en direction de l'émetteur de "Sud-Radio" pour atteindre la Porteille Blanc à 2528m. La montée est défoncée par les rigoles creusées lors des violents orages ; malgré cela, nous parvenons au terminus des remonte-pentes mécaniques et le K-Way sera nécessaire à la descente effectuée en plein vent. Le paysage toujours aussi magnifique retiendra les cyclos présents au Grau Roig avec vue sur les étangs de Vall Civera et de Illa. La descente sur le Pas-de-la-Case se fait sans problème et une halte déjeuner sera la bienvenue. Il est 14 heures et nous avons fait 30 Km tout juste...

Nous faisons nos adieux aux différents cyclos, puis continuons notre route sur l'Hospitalet et Ax-lesThermes. Il nous faut moins d'une heure pour y parvenir malgré les 30 kilomètres nous séparant de cette ville connue pour ses eaux. Un bain de pieds réconfortant nous fera passer quelques minutes dans cette eau chaude (40°) à odeur de soufre ou, si vous préférez, d'oeuf pourri ! Nous atteignons Foix, gîte de la soirée, en fin d'après-midi et nous terminerons celle-ci par un arrosage de mes premiers cols à plus de 2000 mètres d'altitude.

Lundi 3 septembre, 9h. La fête foraine de la veille au soir a laissé des traces au départ de l'ultime étape. Nous nous séparons de la famille Husson qui nous a aimablement hébergés pour la nuit. Nous nous dirigeons vers la rivière souterraine de Labouiche et quelques kilomètres plus loin nous quitterons Gérald qui nous avait tenu compagnie. Le pas du Portel sera notre dernier col du voyage, à la modeste altitude de 498 mètres. Nous rentrerons par la vallée de la Lèze et retouverons, après une ultime côte, la vallée de la Garonne à Muret.

Le square Clément Ader, gloire du pays, abritera notre repas de midi. C'est ensuite le parcours classique pour les Randonneurs : la traversée de la banlieue toulousaine avant de retrouver le Tarn-et-Garonne et notre ville de Montauban. Ce voyage, long de 480 kilomètres, m'aura enfin fait découvrir la haute montagne à bicyclette, qu'à plusieurs reprises j'avais parcourue à pied.

C. Moser, dit La Greille (17 ans)


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