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PAILHERES, MON PREMIER 2000

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Quel pratiquant régulier à vélo n a pas rêvé, un jour, de faire l'ascension d'un col à plus de 2000 mètres ? Pour ma part, bien que membre du club depuis plusieurs années et ayant déjà quelques cols, je n'y songeais nullement, jugeant la tâche trop ardue.

Mais les vacances 1990, à Quillan dans l'Aude, mettent à notre portée le Port de Pailhères et, encouragée par Rolland, adepte fervent du Club des Cent Cols, je souhaite ajouter à ma petite collection un premier 2000, le Port de Pailhères. Dans cette optique, nous ferons les deux premières semaines de très belles promenades agrémentées de cols, bien sûr, car il faut se préparer physiquement. Puis le jour prévu arrive ; quelle anxiété mais quelle envie de pédaler !
Mijanès, les choses sérieuses commencent.

La route, très pentue et sinueuse, m'offre alternativement la vue sur les façades puis sur les toits du petit village sagement allongé au pied de la montagne. Rolland ne me dira que bien plus tard que ce premier kilomètre est le plus dur de toute la grimpée, à 11 % de moyenne.

Effectivement, ce passage m'avait semblé très difficile et l'envie d'abandonner, déjà, m'avait effleurée plus d'une fois, jugeant la difficulté un peu trop importante et le soleil d'août bien trop ardent.

Après quatre kilomètres de montée sur une route peu encombrée et offrant un panorama magnifique, et contre toute attente, j'étais toujours sur mon vélo et mon compteur indiquait même une moyenne fort honorable à mon goût. Arriver au sommet devint alors définitivement mon objectif. Dès lors, il me fallut appuyer sur les pédales pour gravir, kilomètre après kilomètre, avec une pente moyenne de 8,3%, la distance qui me séparait du sommet. Après chaque lacet, je contemplais admirativement la vue qui s'étendait sous mes yeux, très heureuse en même temps de constater ma progression sur la pente. Ces quelques lacets très courts sont d'ailleurs le plus beau souvenir que je garderai de cette ascension car, bien que difficile, cette portion était très encourageante.
Peut-être quelques marcheurs que nous avons croisés ce jour-là ont-ils pensé que je ne pouvais apprécier à sa juste valeur la grandeur du paysage, tant mes efforts étaient visibles. Il est vrai qu'il me fallut tous les encouragements de mon mari et ceux de Claude qui nous accompagnait pour garder mon sourire.
A 1920 mètres d'altitude, nous franchissons le col de Trabesses.

L'arrivée au sommet était à présent toute proche ; j'avais presque gagné.
Ceux qui ne m'ont jamais vue que dans mes fonctions de trésorier du club, ou bien tenant un contrôle à l'une des organisations des C.T.G., ou encore pilotant la voiture suiveuse lors du voyage de Pentecôte, seraient sans doute bien surpris de me voir à vélo sur les pentes d'un col aussi prestigieux. Et pourtant c'était vrai : le sommet du Port de Pailhères était là, devant mes yeux !

Heureuse ? Certes, mais avec un petit pincement au coeur. Bien sûr, je ferai d'autres cols à plus de 2000 mètres, mais je pense que jamais je ne retrouverai cette sensation de fierté, de découverte, de nouveauté ; ce ne sera plus jamais la première fois. Et c'est presque à regret que je descends de vélo devant la plaque "Pailhères 2001m".

Au sommet, nous irons admirer les lacets si durement escaladés et la troupe de chevaux s'ébattant sur le Picaucel. Puis, après la série de photos destinées à immortaliser cet instant, ce sera la descente grisante vers la vallée, chaudement vêtue, avec déjà au cœur l'espoir de revenir un jour fouler les hautes terres à plus de 2000 mètres d'altitude.

Mauricette Roméro

Cyclotouristes Grangeois


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