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La Trancoulette

Revue N° 17 Page 35

2 Juillet 1988. Enfin, le soleil brille. Depuis une semaine, j'étais bloqué aux Combes Hautes Alpes par le mauvais temps. Tel le chasseur guettant sa proie, j'attendais le moment propice pour aller "faire" à vélo le col de la Trancoulette, altitude 2293 m. Ce col, je l'avais parcouru en randonnée pédestre et en ski de randonnée ; je rêvais de le faire à vélo. N'ayant pas de V.T.T., c'est avec mon vélo cyclo que je partais. Du hameau des Combes, altitude 1850, la route descend jusqu'à Briançon sur 10 kilomètres. Je prends la N 94 vers Prelles, mais avant ce village, je bifurque à droite au niveau de l'Intermarché. Altitude 1150. Une route non goudronnée, mais en bon état me conduit au hameau de Sachas, puis à Ratière, hameau d'alpage. Le 30x21 me permet de grimper à l'aise. Un panorama remarquable s'offre à la vue : Briançon dans son écrin de montagnes brille au soleil, et, vers le sud, la belle vallée de la Durance sur un fond de montagnes enneigées. Après Ratière, les mélèzes deviennent plus rares, les alpages fleuris montent à l'assaut des sommets sans jamais les atteindre.

Je poursuis mon chemin jusqu'à une portion plate et je prends à droite une piste caillouteuse. Je suis obligé de mettre pied à terre et de pousser le vélo car la côte est raide. Je roule encore un moment avec le 30x23 (tout à gauche). Un groupe de promeneurs qui descend me souhaite bon courage ! Les passages à pied alternent avec les passages à vélo... J'arrive à une bergerie qui a été remise à neuf. Les moutons, les chèvres sont un peu plus bas, j'entends leurs clochettes. La piste finit-là. C'est un sentier que je vais suivre. Le col, en haut, se détache dans le ciel bleu. Mille fleurs sont à mes pieds : des myosotis, des renoncules blancs, des boutons d'or, et d'autres encore ! Toute une flore en pleine éclosion, c'est formidable !
Je pousse mon vélo car la côte est forte, frôle quelques névés, vestiges de l'hiver, mais qui ne passeront pas l'été. Je peux encore rouler un moment. Les sommets environnants s'élancent dans le ciel bleu où quelques gros nuages s'en vont vers l'Italie toute proche. La Tête des Lausières, la cime de la Condamine, la Croix d'Aquila, le Rocher Jaune, dans leur majesté, me voient arriver au col de la Trancoulette (2293 m) que je mets un point d'honneur à franchir sur le vélo ! Voilà deux heures que j'ai quitté la N 94. L'herbe est rase au niveau du col, d'où j'ai un très beau point de vue sur le sommet de Serre-Chevallier et sur le Prorel défiguré par les travaux d'aménagement des remontées mécaniques et des pistes de ski plein sud !

La descente vers la vallée des Combes est très abrupte avant de rejoindre la route carrossable. Je retiens mon vélo dans un sentier pentu, retrouve la forêt de mélèzes, puis les rhododendrons en fleurs, c'est magnifique ! J'ai dérangé plusieurs marmottes qui ont poussé leurs cris stridents, surpris un renard au pied du Rocher Jaune ; des coqs de bruyère ont pris leur puissant envol à mon passage. La montagne est vraiment pleine de vie !

Je retrouve mon hameau des Combes. J'ai parcouru 35 kilomètres ! Un bel après-midi s'achève.

Jean-Claude MOUREN

C.S.P. Aix-en-Provence


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