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A la recherche des cols perdus...

Revue N° 14 Page 32

Après la saison des grands brevets montagnards, fin août, je suis allé passer quelques jours à Briançon dans mon id d'aigle, un vieux chalet à 1850 m d'altitude que j'ai retapé depuis plusieurs années.

De là, c'est ma base de départ pour des randonnées cyclo montagnardes. Je suis passionné de montagne à vélo et je recherche sur les cartes des
nouveaux cols à épingler au palmarès du club des 100 Cols. Cela m'a amené à des ascensions caillouteuses.
Un beau matin, me voilà parti pour réaliser un parcours autour de Vallouise avec deux cols au menu. J'en profiterai pour faire apposer un tampon sur ma carte de route BPF (encore une autre maladie cyclo). Je passe à Briançon et descend la vallée de la Durance jusqu'à Prelles où je bifurque vers Vallouise : porte du Pelvoux, des Ecrins et du Glacier Blanc. De là, je grimpe à Puy StVincent et les Prés, je m'engage alors sur la route forestière qui monte au Col de la Pousterle alt. 1763 m., de la terre battue puis carrément des pierres. Le paysage est formidable, les forêts de mélèzes avec déjà des teintes qui annoncent l'automne, c'est magnifique. Je grimpe régulièrement sur le 32 x 24. Avant le sommet, je traverse des étendues de framboisiers où des promeneurs font la cueillette de ces fruits savoureux. Au passage, un ramasseur de framboises me crie : "C'est un pari ?" - "Non, c'est pour voir" - Il n'en revient pas et poursuit sa cueillette.

Toujours autant de pierres, mais ça passe. Le col est là, je m'arrête, un moment pour savourer le paysage et j'amorce la descente vers la vallée du Fournel. Je retrouve avec plaisir la route goudronnée. Le paysage est toujours très beau et grandiose. Je passe sur des ponts de bois qui enjambent le torrent, je descends vers l'Argentière, puis sur ma droite un mauvais chemin monte subitement à flanc de montagne. Un panneau m'indique qu'il va au Col d'Anon 1891 m., mais que la route est coupée. C'est mon chemin, mais dans quel état, encore pire que le 1er col ! J'hésite un peu avant de m'engager, pour le moment je n'ai pas crevé, puis j'attaque franchement la côte. Toujours sur le même braquet, je ne peux pas monter en danseuse à cause des pierres, c'est assis que je dois grimper. Je traverse des bois touffus mais je surveille surtout où passe ma roue avant. Ça monte toujours et j'arrive à proximité d'un chalet d'alpage occupé par des bergers. Encore des ramasseurs de framboises qui chargent des seaux dans une voiture. Je demande : "le col est encore loin ?" - "Deux ou trois Km,", je suis dans la caillasse, cela me rappelle la grimpée du Parpaillon. Encore un effort et j'arrive au col. La route est coupée par des tranchées creusées au bull (un différent entre deux municipalités parait-il). Je porte mon vélo et reprend la route qui sur ce versant, est sableuse. Il est midi, c'est l'heure des braves, je tire mon casse-croûte de la sacoche et mange de bon appétit. La vallée de Freissinière est là, devant moi, encore un très beau site. Moins sauvage que la vallée du Fournel, celle de Freissinière est plus propice à la culture et au pâturage. Je descends vers le village, des lacets à n'en plus finir, le sable du chemin devient une poussière épaisse où mes boyaux s'enfoncent. Prudence, prudence. Des paysans sont occupés à faucher les prés, il fait chaud. Ouf ! La route goudronnée est là, ça roule mieux. Je passe à Freissinière, remplit mon bidon à la fontaine et reprend ma route vers l'Argentière. Je longe l'usine Péchiney qui a fermé ses portes, tout semble mort et désolé ; mais où sont les hommes ? Puis je reprends la route de Briançon et regagne mon hameau des Combes. Et sans crevaison ! Brochette au menu... 5 cols de plus de 2000 mètres ! Deux jours plus tard, l'appel des cimes raisonne encore, et me voilà reparti pour une journée de cyclisme en montagne.
Passage à Briançon et cette fois, je remonte la vallée de la Guisance jusqu'à Chantemerle où je prends la route du Col du Granon à droite. La route s'élève rapidement de 1350 m d'altitude à 2404 m en 12 Km pour atteindre le sommet du Granon. Mais je vais en rajouter et compliquer la sauce. Je grimpe en compagnie d'un cyclo venu de Normandie, il découvre la haute montagne. Nous nous sommes rencontrés au pied du col. Lui va jusqu'au sommet du Granon et je le quitte un peu avant le sommet pour bifurquer à gauche à l'altitude 2171 m. Je prend une ancienne route militaire dans la "caillasse" direction le col de Buffère 2427 m. Bien assis sur ma selle, je grimpe 36 x 24, je rencontre des marcheurs en randonnée, on se salue, eux étonnés de voir un cyclo sur ce chemin.

Toujours un paysage magnifique, pas d'arbres, que des pierres et de l'herbe. En bas, la vallée et la route du Lautaret, en face un décor de montagne unique avec des glaciers en fond. Mais il faut surtout regarder le chemin pierreux. J'arrive au col de Buffère, une herbe rase me permet de faire une pose casse-croûte au soleil. Je reviens par le même chemin et grimpe au sommet du col du Granon où des bâtiments militaires abandonnés donnent une impression de désolation. Je prends un chemin pierreux vers le col des Cibières 2525 m. Un coup d'œil de l'autre côté, un petit casse-croûte et je descends par le même chemin jusqu'au croisement où je tourne à droite vers la Porte de Cristal, 2483 m, un col qu'il faut finir à pied, les 50 derniers mètres, tellement, c'est raide et étroit. Et toujours dans la "caillasse", je retourne au col du Granon. De là, je vais au Col de Barteaux, 2382 m, c'est le plus facile, mis à part la route pierreuse, je rencontre des amis venus en promenade en voiture. Retour au Granon et descente folle sur la route goudronnée. Ouf ! Et toujours avec les mêmes boyaux ! Ce fut encore une bonne journée.

Plus haut que Risoul... la vraie nature...
Pour finir la semaine et ma moisson de cols, j'ai choisi un parcours de 120 Km vers Risoul. Nouveau passage à Briançon et descente de la vallée de la Durance jusqu'à Mont Dauphin. Je prend la route de Risoul et commence la grimpée interminable jusqu'à la station de ski Risoul 1850 m. Là, je prends la route forestière qui grimpe encore dans la "caillasse" (je commence à aimer). Une station de ski sans neige, ce n'est vraiment pas beau. On voit les remontées mécaniques mortes et les saignées faites au bull pour les pistes de ski. La montagne est défigurée aussi je ne traîne pas dans ce coin et grimpe volontiers vers le col de Chérine 2270 m. Le chemin va vers un relais télé, mais je continue la grimpée vers le col de Valbelle 2372 m. Un beau panneau m'annonce le col et je m'arrête un moment pour contempler le paysage. Ici, la nature a repris ses droits, mais des engins de terrassement me font penser au pire !... Il est midi, mais il y a trop de vent au col, je commence la descente vers St-André d'Embrun, 22 Km de descente dans la "caillasse" encore ! Un troupeau de vache me regarde passer. Je fais une pose casse-croûte à l'abri du vent. Pendant que je mange deux motards à trial montent et attaquent la montagne à travers les pâturages très pentus. C'est incroyable comme ça grimpe bien ces trucs là. Je reprends la descente qui n'en finit plus, c'est comme le Parpaillon. J'ai mal aux poignets. Puis je passe au col de la Coche 1791 m., la route goudronnée est là, enfin ! Rude, la descente, mais ça va mieux. St-André d'Embrun est là, je fais le plein d'eau à la fontaine. Beaucoup de monde devant l'Église, ce n'est pas pour moi, c'est pour un mariage ! Au fait, je n'ai toujours pas crevé, quelle chance ! Le retour à Briançon se passe bien.

Jean-Claude MOUREN

Gardanne


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