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Plus sec que moi tu meurs !

Revue N° 13 Page 07

Le Vigan! 6 mai 1984.
Le Vigan j'y suis né (le 1er mars 1938 - 1, rue du Mûrier) ! Le Vigan j'y ai passé une partie de ma jeunesse !
Le Vigan mes parents y sont retournés à l'âge de la retraite!
Le Vigan c'est mon berceau! Bref...

Le Vigan des Cévennes... J'aime!!!!

Et ce n'est pas le 6 mai 1984 qui me fera changer d'avis.
C'est au Vigan bien sûr que j'ai appris à faire du vélo. Oh ! Sur un vieux vélo qui était celui du vicaire qui s'occupait des jeunes. Son vélo il le laissait dans le couloir de la cure et le jeudi, à tour de rôle, les gamins du quartier allaient emprunter le vélo de l'abbé Cartairade pour faire le tour de la place. Pauvre vélo et "super-curé" comme dit mon fils !
Bien plus tard lorsque je me suis remis à la bicyclette, j'ai constaté qu'un club existait au Vigan.
On sait qu'il n'est pas facile d'être disponible le jour où un rallye est prévu. Ce fut souvent mon cas. Mais en 1984 le 8 mai était un mardi : il me suffisait de "prendre le pont" du lundi et d'arriver au Vigan, chez mes parents, le samedi 5 au soir avec femme, enfants, bagages et vélo sur le toit de la voiture.

Dimanche 6 - 7h.30, départ de la Maison de Pays, place des Halles.
Tout va bien, j'attaque la côte de Montdardier que je n'avais plus grimpé depuis quelques années, le poids des ans... et des sacoches se fait sentir et je suis heureux de me retrouver à la hauteur du vieux lavoir dans la ligne droite qui précède le village.
Le plateau, le BPF est "super". J'entre dans le magasin désigné sur le guide et avec la dame, le dialogue est celui-ci :
- Ah un cyclo! C'est pour le tampon ?
- Oui, s'il vous plait.
- Servez-vous, je suis occupé, vos copains ont l'habitude.
Et elle me désigne un tiroir. Je prends le tampon, la boite d'encre et je tamponne ma carte. Je pose tout à sa place, je récupère mes affaires.
- Voilà, vous êtes servi ?
- Oui madame, au revoir et merci.
- De rien on a l'habitude. Vous avez visité le cirque ?
- Bien sûr !
- Bonne route !

Il ne reste plus qu'à reprendre la bicyclette direction Vissec, descente rapide, le Caylar, la Couvertoirade, contrôle sous les remparts et on continu sur St-Jean-du-Bruel.
Plusieurs cyclos sont arrêtés pour manger. Je prends du pain de campagne à la boulangerie sur la place, tout en me faisant préciser la direction... Je me trompe. Au lieu de prendre la petite route à droite, je continue tout droit. Je suis seul, je m'arrête pour manger et puis je repars tranquillement. Nous passons les 1000 d'altitude, il commence à faire froid. J'arrive à Dourbies, je fais une nouvelle halte casse-croûte et je sors mon K-Way car le temps se couvre. Bien m'en prends, dès la sortie de Dourbies, il tombe des cordes... Et c'est là que commence à la fois le calvaire (!) et le côté rigolo de l'affaire.
Jusqu'au Col du Minier, il pleut, il pleut, il pleut... Pour ceux qui connaissent la route entre le Col de l'Homme Mort (dernier contrôle de la randonnée) et le Col du Minier c'est l'enfer ! Route défoncée, cailloux, graviers, pluie, brouillard. Je quitte mes lunettes je n'y vois plus rien, plus la fatigue et le froid, je suis obligé de marcher à pieds à certains endroits. Heureusement au contrôle de l'homme mort (sic), l'équipe de contrôleurs qui n'attendait plus que moi, me donne une boisson chaude, prend mes habits mouillés et m'en donne des secs. La voiture me suit jusqu'au col du Minier... Et l'opération échange d'habits mouillés/secs, recommence. Ouf ! La chaussée est meilleure, l'équipe est rassurée de me voir au bout de ce mauvais passage. Ils me demandent d'être prudent et ils rentrent au Vigan.

J'attends un moment sous un arbre, je mange quelques fruits qui n'ont de sec que le nom et je commence la descente à pied en faisant fonctionner mes freins pour en évacuer l'eau. Au bout d'un kilomètre je remonte sur le vélo et doucement je descends.
Par beau temps c'est une superbe ballade. Environ 20 kilomètres de bonne descente jusqu'au pont de Cavaillac et trois kilomètres de plat jusqu'à l'arrivée. Cette fois, avec le brouillard, je descends très, très, très lentement, je suis gelé et par moments je marche "à côté de mes pédales" pour essayer de me réchauffer. Heureusement à la hauteur du village d'Aulas, la route est sèche et c'est tout engourdi que j'entre au Vigan. L'arrivée était contrôlée au Musée cévenol, à côté du Vieux Pont (XIIème siècle si mes souvenirs de Viganais sont exacts !). Coup de tampon, boisson, médaille, dernier échange habits mouillés/secs et retour chez mes parents qui se faisaient du souci de mon retard avec le mauvais temps.

Le point final de mon récit pourrait être là. Je ne suis pas journaliste, ni écrivain et certainement mauvais conteur. Mais par ces quelques lignes, je voulais seulement relater environ 150 kilomètres dans une région magnifique que le très mauvais temps n'a pas réussi à me faire détester. La joie aurait pu être double avec du soleil. Mais enfin je suis parti confiant, il ne pleuvait pas. Ce sont les aléas du circuit cyclo. Quant au club organisateur, il avait mis tout en oeuvre pour que cela soit une réussite. Le mauvais temps n'était pas inscrit sur la feuille de route, chacun a trouvé ce jour là ce qu'il a voulu. Pour moi, beaucoup de satisfaction. Et puis chaque année il ne fera certainement pas mauvais temps. Aussi pour conclure j'invite tous ceux et toutes celles qui aiment les petites routes de montagne à faire cette Randonnée à Travers Causses et Cévennes du Groupe Cyclotouristes Viganais. Bien sûr on ne passe pas plus de 2000; mais ne vous y trompez pas : Montdardier, Le Cros, Cassanas, l'Homme Mort et le Minier par la répétition des efforts font de cette randonnée, sur un ou deux jours, une sortie admirable dans cet arrière pays viganais... Ce qui me fait répéter :

Le Vigan : j'aime !

Georges AGNIEL

UCT Montélimar


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