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Pour les cols en descente...

Revue N° 12 Page 40

Il est question dans les revues n° 10 et 11 du Club d'une adjonction au règlement : «avoir franchi à bicyclette et, dans le sens de la montée au moins 100 cols différents». Ce qui semble à certains si évident ne l'est pas du tout pour d'autres, dont je fais partie.

Il est parfois difficile de savoir si on a passé un col dans le sens de la montée. Prenons l'exemple connu du Col du Télégraphe. Que l'on vienne de Valloire ou de St Michel de Maurienne, il faut monter pour y accéder, mais du côté Valloire, c'est court et facile, comparé à l'autre côté, Doit-on en conclure que pour prétendre avoir monté le Télégraphe, il faut l'avoir escaladé depuis St Michel de Maurienne ?

Vous répondez oui. Si vous êtes logique vous devez alors admettre les points suivants :

- il faut faire le même raisonnement pour tous les autres cols et déterminer pour chacun le seul côté qui compte (le plus difficile, puisqu'il y aura toujours un côté plus difficile que l'autre) ;

- en poussant davantage le raisonnement, il faut aussi déterminer le point de départ de l'ascension pour chaque col; pour le Col du Télégraphe, le point de départ ne serait pas St Michel de Maurienne puisqu'on peut partir de plus bas ... il faudrait partir d'Aiguebelle (en suivant la vallée de l'Arc) ou de Grenoble (en suivant la vallée de l'Isère) ou de Valence ou ... du bord de mer (vallée du Rhône) ! Voilà où nous emmène ce point de vue .., du travail en perspective pour refaire la "bible" de Monique et Robert Chauvot.

- il est interdit d'enchaîner des cols, d'en monter deux ou trois à la suite,. il faut pour chacun repartir à zéro !

Vous répondez non. Vous admettez donc que pour avoir franchi un col dans le sens de la montée, il suffit d'avoir monté un peu. Mais alors .., imaginez que vous descendiez du Col du Galibier vers le Col du Lautaret, col que vous franchissez (malheureusement) en descente. Pour pouvoir homologuer le Lautaret, il vous suffit de descendre 500 m (500 m suffisent : prétendre le contraire rendrait l'homologation de nombreux cols, comme des cols corses, impossible !) puis de faire demi-tour pour franchir le Lautaret dans le sens de la montée et pour pouvoir vous l'homologuer la conscience tranquille ...
Nous nous apercevons que cette adjonction : «dans le sens de la montée» veut en fait introduire la notion de mérite : il faut mériter un col. Mais alors :

- les cols difficiles doivent-ils compter plus que les cols faciles ? (Si oui, attention aux calculs ! Longueurs pourcentages, dénivellations, états du revêtement, forces du vent, températures ...);

- faut-il ne pas compter un col où l'on a mis pied à terre, où l'on a marché pour se reposer, où l'on a pris une photo (pour ne pas montrer qu'on veut se reposer...) ?

- faut-il déterminer pour chaque col un développement minimum à utiliser (s'il est trop petit, c'est trop facile, ça ne compte pas ! ).

On se perd dans des considérations qui n'ont plus rien à voir avec le cyclotourisme, avec l'esprit du Club des Cent Cols. Chacun peut très bien s'imposer ses propres règles pour homologuer ses cols, pour savoir s'il les mérite, pour en jouir ... mais le Club ne doit pas imposer «dans le sens de la montée». Ce qui est essentiel, c'est de rassembler les amoureux de la bicyclette en montagne. Ce qui compte, c'est d'avoir du plaisir à franchir des cols, de voir de beaux paysages, de se rencontrer entre amis sans mauvaises arrière-pensées ... alors, pour les cols en descente ! Et qu'on n'en reparle plus.

Bernard MIGOT

CLEFS (49)


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