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Brevet Cyclo Montagnard du Chablais

Revue N° 27 Page 69

Après avoir passé six jours dans l'Alpine Antibes-Thonon et pris un repos bien mérité, je repars de bon matin pour le BCM du Chablais ... Monsieur Georges m'avait prévenu : "il faut être en bonne condition pour que ce soit agréable à faire".

Plein d'impatience, je quitte Saint-Disdille dès 6h40, alors que le ciel au dessus du lac Léman commence juste à rougeoyer. Quelques kilomètres plus loin, Evian s'annonce avec ses villas cossues superbement fleuries tandis que les senteurs de foin fraîchement coupé m'accompagnent dans la vallée d'Abondance. Après une "petite" mise en jambes dans le col du Corbier, se profile déjà le col de Joux Verte dont l'ascension, avant le petit village des Lindarets est très pentue. A cette heure matinale, les reines des lieux n'ont pas encore envahi les ruelles : tout le monde dort, même les chèvres qui font l'attraction de ce hameau montagnard si paisible lorsque je l'ai découvert dans les années 70 ...

Beaucoup plus pénible, l'ascension du col de la Savolière, à proximité de la station du Praz de Lys, donne lieu à un contrôle chez "Jean la Pipe". A une longue descente, succèdent les traversées de villages plus fleuris les uns que les autres et les ascensions de petits cols qui finissent par faire très mal, d'autant plus qu'une forte chaleur règne sur les bords du lac. Malgré une fin de "parcours A" assez difficile, j'atteins Thonon satisfait avant de me rendre au château de Ripaille, terme de cette première journée : les jambes ne sont pas trop lourdes...

C'est avec un peu d'inquiétude que j'attaque le "parcours B" car les cimes sont dans la brume, et d'autre part Mr. Georges a lancé un nouvel avertissement : "Il faut compter entre 1h et 1h30 de plus pour cet itinéraire" . En effet, non seulement la distance à parcourir est plus importante, mais le dénivelé aussi est plus fort.

Ce matin, la montagne commence dès le départ : le col du Grand Taillet, première difficulté de la matinée est escaladé sans problème. Il est vrai que par Cheveroz, la dénivelée est raisonnable. Les immenses cheminées de fée des "Gorges du Diable" confèrent au paysage un caractère grandiose.
Très vite cependant, dès la sortie de St Jean d'Aulps, les choses sérieuses commencent, de la côte d'Arbroz au col d'Encrenaz, les difficultés augmentent. Entièrement pris par l'ascension, je n'avais pas remarqué les nuages qui menaçaient. Les premières gouttes de pluie me ramènent vite à la réalité. Les cols de Ranfolly et de Joux Plane sont escaladés sous une pluie glaciale qui se fait de plus en plus violente. Les verts pâturages et les forêts de pins, mélèzes et épicéas ne suffisent pas à rendre la montée plaisante ...

Une photo rapidement prise immortalisera mon passage au sommet dans une brume épaisse d'où n'émerge que le son des cloches et clochettes tintant au cou des vaches invisibles mais présentes sur le grand plateau caillouteux. C'est frigorifié que j'achève la descente sur Samoëns, malgré le manque de visibilité et les cailloux entraînés par l'eau qui rendent certains virages bien périlleux.

Aussi rapidement qu'elle est venue, la pluie cesse, laissant apparaître sous les derniers lambeaux de brouillard un chaud soleil qui fait naître des volutes de vapeur d'eau au milieu desquelles j'effectue l'ascension d'une série de cols dont celui de l'Avernaz, particulièrement difficile. Après Habère-Poche, dans la vallée Verte, la bien nommée, s'annonce la dernière épreuve de la journée : le col de Feu, vite franchi. Au cours d'une longue descente sur Thonon les Bains, l'indispensable dernier coup de tampon sur ma feuille de route sera mis à l'auberge du Renard Bleu tenu par une grand-mère formidable.

Il n'est que 16h30 lorsque j'arrive à St Disdille : en réalité, il ne m'aura fallu que 20 minutes de plus pour ce 2ème parcours, preuve s'il en était besoin, que la forme était là !

Grâce à Monsieur Georges, qui a su dénicher les 65 cols escaladés cet été, ce brevet montagnard restera pour moi, le plus beau des brevets montagnards, par la diversité des contrées traversées et le nombre de cols sur une aussi courte distance. Qu'il en soit remercié.

Bernard TERRACHER N°4400

de SAINT-YRIEIX (Charentes)


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