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La Suisse, un pays de rêve pour le cyclotourisme

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Depuis plusieurs années j'envisageais d'effectuer des randonnées en Suisse et de participer au Brevet Alpin organisé par le Touring Club de Suisse. Mais chaque année, j'étais contraint de reporter ce projet pour cause d'obligations professionnelles ou par manque de préparation.

Cette année 95 fut la bonne et je dois dire que cette journée du 6 août, que j'attendais depuis plusieurs années, fut merveilleuse.

Mon ami Gilbert me mettait en appétit la semaine précédente en me proposant une randonnée au départ d'Aigle (extrémité est du lac Léman). Nous découvrîmes 4 cols de moyenne montagne (des Mosses, de Jaun, de Sanenmoser et du Pillon) par un circuit de 154 km qui permit à Gilbert de se remettre dans la peau du conducteur de car qu'il était pour me conter l'histoire de cette région et diverses anecdotes.

Je découvris ainsi des villes et villages (Saaner, Gstaad...) où la propreté et le fleurissement sont à l'image de la réputation suisse dans ce domaine.

Je fus tellement séduit que le week end suivant je fis découvrir une partie du circuit à mon épouse au cours du trajet Aix les Bains-Innertkirchen, point de départ du Brevet Alpin.

Cette seconde randonnée fut pour moi l'occasion de découvrir la haute montagne de la Suisse allémanique dans le cadre d'une organisation remarquable de nos amis helvètes.

Ce brevet est organisé depuis 1950 (mon année de naissance) : 3 cols de + 2000 m au programme pour une distance de 122 km et une dénivelée de 3500 m, avec une originalité : 3 points de départ et d'arrivée, situés dans les 3 vallées encadrées par les 3 cols (Susten, Grimsel et Furka), ce qui permet une répartition des cyclos tout au long du parcours.

J'ai choisi la ville la plus proche de la France (Innertkirchen) pour un départ à 6h30.
Le 1er col (Susten) est pour moi l'occasion de converser avec quelques cyclos de langue française afin de mesurer les difficultés du parcours. L'échange avec ce cyclo de Neuchâtel n'est pas très rassurant : "Tu verras dans le 2ème col, il y aura de nombreux morts! il faut s'économiser dans le premier".
Je n'eus heureusement pas l'occasion "d'enterrer" ces cyclos et fus d'ailleurs surpris de ne voir aucun d'entre eux mettre pied à terre ; ce qui semble démontrer que le suisse ne s'engage pas dans une telle aventure sans une bonne préparation. Le premier col est atteint peu avant 9h et le premier ravitaillement me fait découvrir un autre aspect de la qualité d'accueil du T.C.S. : (soupe, muesli, yaourt ...), de quoi retrouver tous ses moyens pour affronter le second col culminant à plus de 2400 m. Ce second col est certainement celui qui me laissera le meilleur et le plus mauvais souvenir.

- Mauvais souvenir: dans la montée vers Andermatt je devais affronter une cohorte de voitures ininterrompue (sans masque)
- Meilleur souvenir : des paysages merveilleux que je pouvais découvrir (glaciers, cascades...) ; 2 trains à vapeur qui se croisent dans la vallée et dont le sifflement m'interpelle à chaque lacet.

Au sommet du col, atteint à midi, quelques cyclos suisses me content la mauvaise expérience qu'ils ont vécue à la "Rominger Classic" quelques jours plus tôt (nombreuses chutes dues au manque d'habitude des cyclos de rouler en peloton en recherchant le contact avec les vedettes du cyclisme).

La descente vers Gletsch est impressionnante et permet de passer très près du glacier du Rhône.
J'arrive à Gletsh à la même heure qu'un cyclo qui termine la boucle et a donc pris un col d'avance. Mais peu importe, il fait un temps merveilleux et il y a tant à admirer.

La montée du dernier col n'est plus qu'une formalité car seulement 400 m de dénivelée séparent le col de Grimsel de Gletsch.
Je profite du passage au sommet pour acheter quelques cartes postales qui feront revivre cette randonnée à mon épouse.

Je lui avais annoncé mon retour à Innertkirchen vers 15h. Avec une précision toute suisse, j'arrive au contrôle à 14h59, terme d'une randonnée au cours de laquelle je n'ai rencontré aucun compatriote.

J'espère que ces quelques lignes vous donneront des idées pour la prochaine saison.

Jacques COLLAUDIN N°3662

de TRESSERVE (Savoie)


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