Ile de Mayotte, le paradis est ici...

Dans l'archipel des Comores : le canal du Mozambique. A 200 km de Madagascar et 400 km des côtes africaines, deux îlots de 400 et 30 km2 chacun, abritent le paradis. Ce petit désert, au coeur de l'Océan Indien, ne connait ni tourisme ni circulation ; or, trois cols font partie de ces paysages à la végétation luxuriante.

Au mois de mai, saison d'automne, la température n'est que de 50 °C. Quelle aubaine pour deux cyclistes qui ont pour première tâche de se procurer des vélos. Le premier est le VTT de Chantal, le second nous est prêté par un immigrant de la ville de Périgueux (24).

Le jour J arrive : réveillés à 4 heures, nous prenons la barge qui relie la petite terre "Dzaoudzi" à la grande "Mamadzou". Ces 6 km de navigation sont fort plaisants car il fait maintenant 35 °C. Profitons-en bien car, même pour des gens du Sud, la chasse aux cols à 50°C n'est que folie dans ce paradis où nous tentons le diable. Le soleil se lève dès notre débarquement ; il pourrait nous épargner encore un peu ! Nous nous dirigeons vers le centre de l'île par une piste goudronnée d'état médiocre. Nous traversons quelques villages, "Passamaïnti", "Irani Bé" ; nous longeons "Mandrogue" à marée basse. Ici les crabes se demandent qui sont ces deux cyclos qui transpirent sur ces drôles de montures. Arrivés à "Tsararano", on attaque le premier col, col d'Angonjou, haut de 184 m. Nous grimpons une pente de 5 km à 18 % avec la compagnie des odeurs de vanille. Ensuite, nous redescendons sur Sadat (côte ouest de l'île) dans l'ombre des cocotiers et des bananiers en évitant quelques zébus.

Maryse a des envies de luxe : la seule ressource de Sadat est la création de bijoux filigranes. On trouve surtout des reproductions de la fleur "Liang-liang" dont l'essence rare est utilisée par le parfumeur Guerlain.

Après une promenade sur la plage déserte de "Mtsanga-Mtiti", nous reprenons la piste pour le second col ; nous longeons le lagon (côte sud). Il fait maintenant 55 °C. Nous économisons nos bidons car fontaines et eau sont quasiment inexistantes ; ici, on trouve pour seul breuvage du soda et dans certains grands villages, de l'eau dessalée. Lors de la montée du col de "Chirongi" (102 m) nous apercevons une carrière où l'entreprise Colas réaménage une piste.

Plus tard, nous abordons la baie de Sasilé, pour franchir le col de même nom. Au sommet, la vue sur le lagon est imprenable ; ici les makis nous regardent émerveillés du haut de leurs baobabs. Notre périple touche bientôt à sa fin. Chantal nous rejoint, nous traversons la brousse de Mlima Sasilé pendant 2 heures en direction de la Réserve des Tortues. Ici, un bain s'impose. Ali, le garde de la réserve nous conseille de ne pas dépasser la barrière de corail, sanctuaire des requins. Les poissons et les tortues sont magnifiques. A 21 heures, les tortues creusent dans le sable afin de protéger leur ponte. Ali les mesure et les bague. Lorsque la lune est haute dans le ciel, elles quittent la plage sans bruit et nous, à roues de velours, retournons au coeur de cette île dont l'humilité fait tout le charme.

Bernard MAUREL n°419

de BOMPAS (Pyrénées-Orientales)