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Un col de tout repos

Revue N° 27 Page 37a

Ce jour là, j'ai décidé de m'accorder une journée de repos : la veille, je me suis, en effet, offert une merveilleuse mais fatigante sortie aux alentours du Praz de Lys.

J'ai repéré un "petit" col, apparemment facile, à proximité de mon camping : le col de l'Ecuelle (74-1538a). Une route puis un chemin bien tracé y mènent. Il doit suffire à mon bonheur du jour.

La remontée de la Dranse de Morzine est facile : elle permet un échauffement tranquille. Après le tunnel des Tines, je prends à gauche la petite route qui m'amène à Bas Thex puis à l'Abbaye. Là, commence vraiment l'attaque du col avec la remontée de la vallée du Ruisseau de l'Abbaye. Je fais le plein (d'eau) à la fontaine du village et commence l'ascension en mettant d'office 26x21 : il ne sert à rien de faire du zèle et... c'est ma journée de repos.

Rapidement la pente devient sérieuse et certaines rampes sont même impressionnantes. Je finis par me résoudre à passer le 24 dents, braquet jusqu'alors réservé aux chemins pentus. Je poursuis l'ascension et la pente ne faiblit pas. Je commence à transpirer à grosses gouttes et certains muscles se mettent à protester. Avec grand regret, je mets tout à gauche : 26x28... Malgré cela, je dois encore parfois m'arc-bouter en danseuse pour avancer.
En passant devant une colonie de vacances, la monitrice me lance, avant que j'aie eu le temps de lui dire bonjour : "Vous devriez vous arrêter tout de suite : ça continue comme ça !"... C'est la première fois que j'entends ce genre d'encouragement... Effectivement, la route s'élève devant moi comme un mur. Plus loin un vieux monsieur, qui monte à pied avec un enfant, observe en connaisseur, que j'ai tout à gauche... "28x28 me dit-il interrogatif". "Oui, mais c'est raide !" D'autant plus que le goudron s'arrête et fait place à un chemin encombré de gros cailloux sur lesquels la roue avant bute et où la roue arrière a tendance à patiner.

Je continue un peu à vélo, en serrant les dents, le temps de disparaître de la vue du vieux monsieur. On a son honneur quand même ! Ce monsieur ne sait pas que c'est ma journée de repos ! Ensuite je mets pied à terre et j'adopte le poussage. Je calculerai, au retour, que jusqu'aux chalets du Fouget, la pente moyenne est de 16,4 % sur 3 km... En définitive, ce n'est pas si dur que ça. C'est surtout très dur par rapport à la pente douce espérée. Ah, ce mental !

Après ces chalets, par bonheur, le chemin se met à faire des lacets dans les alpages parsemés de sapins, perd ses gros cailloux et la pente redevient raisonnable. Une fin d'ascension, en somme, reposante...

Bernard MIGOT N°844

de La FLECHE (Sarthe)


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