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Tête de mule

Revue N° 27 Page 29

J'avais choisi de passer mes vacances d'été à Serres (Hautes Alpes), dont la position géographique constitue un intéressant point de départ pour un chasseur de cols qui désire améliorer son capital.

En ce lundi 28 juillet, une sortie d'environ 80 km est prévue avec en principe 5 cols au programme. Il est 7 heures et dans le village c'est plutôt calme. Je prends donc la direction de Veynes par la départementale 994. Le premier col prévu est le col du Festre. Mais le démon de la grimpette me chatouille.

En effet, la veille j'ai repéré sur la carte, au nord de Montmaur, le col de Gaspardon. Il n'était normalement pas prévu au programme, mais l'instinct du chasseur étant le plus fort, me voici déjà dans les premiers lacets. Je passe le lieu-dit de La Froidière, en direction de La Montagne (si-si c'est bien le nom du hameau). Juste après, ça grimpe fort, mais pas longtemps. La fin de la montée est plus calme et les derniers kilomètres se font en forêt. Ca y est, j'y suis. Et d'un.

Maintenant il faut descendre jusqu'à Montmaur. Mais n'y a t-il pas une autre solution ? Je prends donc la carte et je vois que depuis La Montagne, un GR passe par un village en ruine (Rabioux) et rejoint La Cluse peu avant le col de Festre. Etant un adepte occasionnel du cyclo muletier, je décide donc d'emprunter, histoire de voir, ce GR. Pour voir, j'ai vu !!!

Les premières centaines de mètres sont franchies sans encombre. Puis la pente s'accentue notablement, mais comme c'est en descente, ça va encore. Il y a bien quelques lacets très serrés mais bon ! Les repères de couleur balisant le GR sont dans l'ensemble assez visibles. Parfois, il faut mettre pied à terre, pousser, c'est vraiment du sentier muletier. Celui-ci s'élargit et devient carrossable. Pas pour longtemps.

A l'extrémité d'une clairière, le chemin semble descendre vers le torrent. Le seul problème, c'est que, pour y arriver, il y a cinq à six mètres en très (trop) forte pente. De plus, je ne vois plus les marques à la peinture, synonymes de "bonne" route. Je rebrousse donc chemin pour les retrouver. Cent mètres plus loin, je les aperçois de nouveau. Avec beaucoup d'attention, j'observe, scrute et finalement découvre ces fameuses marques, peintes sur un petit rocher, cachées par une touffe d'herbe. Je suis sur la bonne piste, mais il faut porter le vélo. Peu après, de nouveau je perds de vue les repères. L'heure tourne, moi aussi, en rond comme elle, et je pense à mon épouse qui doit me rejoindre en voiture au col de Gleize à 12 heures. Il faut me rendre à l'évidence, je suis (un peu) égaré.
Pour essayer de rattraper le temps perdu, je décide donc de suivre le torrent venant de la Crête des Bergers. Comme j'aperçois la route en contrebas qui mène au col de Festre, c'est gagné. Enfin presque, car il me faut porter le vélo parmi les éboulis de rochers.

Heureusement que les cales de mes chaussures, intégrées dans la semelle, me permettent de progresser tant bien que mal. A chaque fois qu'un véhicule passe sur la route, je m'arrête pour que le conducteur ne me repère pas dans la caillasse. Il pourrait penser que tous les fous ne sont pas enfermés.

J'arrive enfin à la jonction du torrent, que je longe depuis un bout de temps, avec celui venant du col de Festre. Il me reste deux problèmes à résoudre : traverser le torrent et remonter sur la route maintenant située dix bons mètres au dessus. Le premier est résolu par un franchissement au prix d'un bon bain de pieds (essayez donc avec un vélo sur le dos). Le deuxième au prix d'une escalade d'un talus très abrupt. Ca y est, je passe par dessus la glissière de sécurité et me voici sur la route près du tunnel du défilé de Potrachon. Ouf ! Quel périple !

La fin de la "balade" est plus conforme avec enfin le col de Festre, le col de Rioupes, le col du Noyer et le col Bayard où ma femme m'attend avec un peu d'inquiétude. Il est vrai que j'ai plus d'une heure de retard. Tant pis pour le col de Gleize. Retour en voiture vers le col du Noyer (c'est nettement plus facile). Le repas du "midi" à l'auberge est très apprécié dans un cadre grandiose. Une petite sieste réparatrice dans les herbages de Super-Dévoluy me fait oublier les efforts du matin.
Cinq cols furent quand même gravis ce jour là.

Dominique GARNIER N°3781

de BLAINCOURT-les-PRECY (Oise)


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