Les muletiers du Colorado

Quelques pistes pour les futurs chasseurs de cols au Colorado

 

(cliquer sur les photos pour les agrandires)

Du 24 août au 26 octobre 2004 nous fûmes 4, Jean-Pierre DECOUTY, Robert DERVAUX, René MARTY et Robert de RUDDER , tous membres de la confrérie, à avoir sillonné le Colorado avec nos Vélos tous terrains... à la recherche des plus beaux muletiers du Pays sans pour autant négliger au passage les cols routiers se trouvant sur nos itinéraires.

Pas un voyage en autonomie complète comme lors de précédents séjours au Pakistan, en Inde, Chine, Pérou, Chili ou Nouvelle-Zélande, mais en s'appuyant sur une "base-vie à moteur"  (en l'occurrence un camping-car) ce fut une itinérance dans les parcs nationaux du Colorado, le long des Rockies Mountains nous permettant des approches raisonnées afin de parcourir, grimper et dévaler quelques-uns des plus beaux spots locaux.

Ce compte-rendu a pour principal objectif de fournir des renseignements pratiques sur le déroulement de ce séjour. Il vient totalement en complément du compte-rendu établit par notre ami Bernard CHALCHAT après son propre séjour au Colorado en 2002.

 

La genèse du projet et les choix qui en ont découlés

            Fatigue ou envie de ne pas épuiser une méthode en la reproduisant à l'identique à chaque voyage à l'étranger, nous imagions en 2003 un séjour où la bicyclette et les cols seraient les éléments dominants mais sans l'itinérance et l'aventure qui jusqu'à présents avaient fortement marqués nos voyages. Le Colorado semblait un bon plan pour réaliser cet objectif.

            Nous étions 3 habitués depuis plusieurs années à voyager ensemble.

               
    
              
Jean-Pierre DECOUTY                    Robert DERVAUX               Robert de RUDDER

 Un quatrième équipier nous semblait nécessaire afin de rendre réalisable l'économie du projet, car dès la mise en commun de nos réflexions sur le sujet il est apparu que nous pourrions minimiser les coûts en les divisant par 4 plutôt que par 3 !

et ce fut notre ami René MARTY, à la recherche de son 4000 ème... col qui vint nous rejoindre

  

            Le projet d'origine était ainsi conçu : 2 mois de voyage incluant les mois de septembre et octobre (ceci pour des raisons de calendrier et d'engagements propres à certains d'entre nous) ; vélos personnels emportés de France ; location d'un 4x4 permettant le transport des bagages, des vélos, du matériel de camping ; moitié du séjour en camping, moitié du séjour en motels ; idem pour les repas.

 

            Bien vite, après la lecture d'autres comptes-rendus de voyage dans la région, après avoir consulté nombre de revues de tourisme et autres, grâce également aux conseils de notre ami "centcoliste" John WILKINSON qui réside à ASPEN au Colorado, et aux conseils des clubs régionaux et autorités locales contactés par Internet, nous avons compris que d'une part le mois d'octobre n'était pas toujours propice au camping sous toile, surtout à 3000 mètres d'altitude et que les motels étaient parfois inexistants sur plusieurs centaines de miles et donc trop éloignés des endroits ou nous envisagions de séjourner. La solution du camping-car a vite émergé, d'autant que l'étude financière nous a confortés dans cette nouvelle approche : les avantages de toute nature étaient évidents dont celui primordial quand même du coût. En additionnant prix de location du véhicule 4x4 avec le coût des motels ou des campings en lieux organisés, le coût de nombreux repas pris au restaurant, les achats de matériel de camping complémentaire que nous ne pouvions emmener de France nous avions à notre disposition pour le même prix un camping-car permettant une autonomie facilitant l'approche et le séjour dans les régions dépourvues d'équipements touristiques d'accueil. Sans oublier le confort supplémentaire, une option non négligeable.

 

            Bien sûr le Camping-car que nous avons loué était un produit "made in USA", c'est à dire un engin de 12,5 mètres de long, cuisine, salle de séjour, chambres, salles de bains, WC, TV et chaîne HiFi, micro-onde, générateur, frigo, congélateur, chauffage à air pulsé, etc... 350 CV, 40 litres aux 100km, bref le genre de véhicule qu'on voit parfois chez nous utilisé par des forains mais  comparé aux autres engins dévolus au même usage roulant dans ce pays, nous n'avions qu'un petit modèle. Dans les quelques camps organisés où nous avons séjourné, nous faisions presque figure de pauvres... mais pour nous trop grand n'a pas nui !

 

            Encore que, le débattement arrière du véhicule étant mal maîtrisé par le chauffeur du moment, cela nous a valu, après avoir heurté une borne d'incendie et partiellement endommagé l'arrière du camping-car, de perdre notre caution de franchise de 500 dollars.


le RV (prononcer : her_vi) ou Récréationnal Vehicle

 

Trouver les cols...

         Sur quelles cartes ?

            Dans le compte-rendu sur son voyage en 2002 au Colorado Bernard Chalchat donne une liste (presque) exhaustive des sources d'information utilisables par des chasseurs de Cols et nous les avons utilisées en emportant avec nous  évidemment la Liste certifiée des Cols US diffusée par la confrérie, l'Atlas DeLorme du Colorado, Les "Colorado Bikeways" de plusieurs comtés, ainsi que les "Colorado Front Range" qui nous semblaient indispensables car les régions qui y sont représentées concentrent un maximum de cols du Colorado. Mais surtout nous avions emmené un ordinateur portable sur lequel nous disposions des cartes numériques du Colorado "TOPO USA 5.0" de Chez DeLorme ; nous pouvions ainsi aisément relever avec précision les coordonnées des cols et autres points que nous désirions franchir et les reporter sur nos GPS, car nous étions également équipés de 2 GPS Etrex Summit de chez Garmin. Sans ces dernières aides électroniques plusieurs cols classés Hors Sentiers nous auraient certainement échappé... sans compter des errements interminables sur des sentiers non balisés. Mais voir néanmoins ci-après les commentaires concernant les écarts relevés parfois entre les positions données sur les listes de cols - dont celle des 100 cols - et la réalité observée sur le terrain.

 

 

Sur quelles routes, chemins et sentiers ?

D'abord les cols sur les routes...

Tout a été dit et bien dit dans le compte-rendu de Bernard Chalchat tout particulièrement sur les routes bitumées dont les Highway. Souvent de larges routes avec des bas-côtés aussi larges. La signalisation y est plus rare que chez nous mais suffisante et en tout cas cohérente lorsqu'on a compris sa logique interne. Seuls les grands cols routiers sont signalés et il a été très exceptionnel d'y trouver au sommet de quoi se rafraîchir ou se restaurer. Mais exceptionnel ne veut pas dire complètement absent; c'est ainsi qu'à l'arrivée au Monarch Pass, 3445 mètres, pris dans une tempête de neige digne du continent arctique, nous eûmes la surprise d'y trouver bar et magasin de souvenirs qui nous abrita jusqu'au déclin des intempéries rendant possible, sinon acrobatique sur la neige fondante, la descente dans la vallée.

Mais dans les routes il faut aussi inclure les routes de comté, parfois asphaltées mais souvent simplement en stabilisé (tout-venant compacté) mais bien entretenues. Aucun problème de roulage sur de telles voies sauf... lorsqu'il pleut ou neige ce qui avec des VTT non pourvus de garde-boue permet de rapidement changer le couleur des vélos et des cyclistes qui sont dessus. Il faut y inclure également une autre catégorie de voies de communication, les Dirty Road qui elles ressemblent fortement aux routes de Comté mais quand même en un peu plus sommaire. Rouler là-dessus par temps sec et avec des VTT, voire des vélos de route, ne pose quasiment pas de difficultés. Par temps mouillé il faut s'attendre à jongler avec les parties sales (dirty), les passages boueux, les parties à gué et l'entretien bien moindre que celui des routes asphaltées.

 

  
               route de comté asphaltée                                                       Dirty road

 

            Ensuite  les cols sur les autres voies de communication...

            Plusieurs types de pistes et sentiers existent :

            D'abord les "gravel road" (routes recouvertes de graviers ou de petits cailloux). Suivant l'état et l'entretien ce type de piste peut être emprunté en "routier". Mais la longueur du parcours que l'on y effectue peut rapidement le requalifier en muletier tant le roulage y devient pénible au bout de quelques heures, surtout si la pente est forte. Les gros 4x4 y laissent facilement des ornières boueuses et des passages rocheux alternent fréquemment avec les parties plus roulantes. Ce qui est certain c'est que le VTT suspendu, au moins à l'avant, est un élément de confort plus qu'appréciable sur ce type de piste.

            Ensuite les "Jeep trail". Comme sont nom l'indique, les 4x4 - dont les quad - peuvent y passer, mais seulement eux comme véhicules automobiles. D'ailleurs des panneaux en interdisent l'accès à tout engin n'ayant pas 2 trains moteurs. Ces pistes ressemblent à des espaces de jeux spécialement tracés pour les 4x4 dont les américains sont particulièrement friands. Cela se traduit pour les cyclistes par de longues montées à côté du vélo sur des dénivelées impressionnantes, et parfois par de longues portions de descente également à côté du vélo. Les descentes de "Jeep trail" sont très techniques et l'on y apprécie tout particulièrement le tout-suspendu.

            Enfin les sentiers ou trails. On peut les classer en deux types : les autorisés et les non autorisés. Dans les parcs, extrêmement nombreux au Colorado, les sentiers ne sont autorisés qu'aux piétons et aux cavaliers. Aucun engin mécanique n'y est toléré, y compris les vélos. La nature physique de ces sentiers ne diffère en rien de ce qu'on peut trouver dans nos montagnes alpines ou pyrénéennes. Lorsque le sentier est hors parc, c'est à dire qu'il pourrait en théorie être emprunté, d'autres interdictions viennent quand même en restreindre l'accès : c'est ainsi que la présence signalée d'Ours noir (voir le § cohabitation) nous a de nombreuses fois contraint à rebrousser chemin. Un détail qui ne nous a pas échappé : hors des parcs, le balisage et la signalisation des lieux sont quasiment inexistants. Nous avons souvent apprécié le GPS... La peur du gendarme (ici du ranger) etc... nous a conduits à n'enfreindre que 2 fois en 2 mois les interdictions de rouler à bicyclette sur les sentiers des parcs nationaux!

 

      
                        jeep trail                                                                      gravel road

 

            
                        trail                                                                             steep trail

 

Le Colorado en Automne,

         Le temps peut y être magnifique. Beau une grande partie de la matinée avec très souvent arrivée de nuages en milieu d'après-midi suivie d'une dégradation légère jusqu'en début de soirée pour retrouver un ciel calme et superbement dégagé la nuit. Toujours stationnés à près de 3000 m d'altitude, loin des sources de pollution nous n'avons eu de cesse d'admirer les étoiles. Une certaine idée du bonheur.

            Fraîches la nuit, les températures reprennent vite de la vigueur aux premiers rayons de soleil et tout particulièrement en septembre les tenues légères étaient de rigueur pour rouler.                                                               

         
              
Environs d'Aspen                                                               Taylor Park réservoir

         Oui, mais en octobre... le climat se dégrade vite et comme on est toujours à 3000 m d'altitude, ça donne des tenues moins légères comme vêtements et des températures plus fraîches.

 

                       
              Sunnyside saddle  -  3896 m                                                         10 octobre 2004
                  26 septembre 2004

Autant dire que scepticisme et méfiance à l'égard de la météo sont de règle à partir du début octobre.  C'est si vrai que devant la neige et le froid nous avons dû abandonner la partie une semaine avant la date prévue de notre retour en France et de nous contenter de quelques cols plus modestes du côté du désert.

 

Cohabitation

         avec les autres  et les américains en particulier :

 

Surprise! Empreints de préjugés, certainement à cause des dramatiques évènements internationaux et de la période électorale en cours, nous nous attendions sinon à quelque hostilité, du moins à une certaine froideur de la part des américains. Erreur, c'est de contacts chaleureux qu'ils nous faut ici parler. Chaque fois que l'occasion nous a été donnée ou a été créée de nouer des contacts cela s'est traduit par des manifestations de sympathie quand ce ne fut pas de franche amitié. Il faut aussi parler de la spontanéité des américains qui vont naturellement à la rencontre de l'autre et jamais, au grand jamais, nous n'avons été l'objet d'un quelconque refus ou rejet. Bien au contraire.

Mention spéciale à notre ami John Wilkinson qui nous a superbement et amicalement reçus chez lui à Aspen. Sa sollicitude à notre égard a été telle qu'il avait invité des amis parlant français afin que nous nous sentions à l'aise car il savait que trois d'entre nous ne parlaient pas anglais. L'occasion de rappeler toute l'aide qu'il nous a apportés pour la préparation du voyage et tout particulièrement les premiers contacts qu'il a pu prendre pour nous conseiller l'agence de location de camping-car avec laquelle nous avons traité. Qu'il en soit à nouveau vivement remercié.

 

avec la police et les rangers :

? pas vu... aucun contact, aucun contrôle, quel que soit le mode de déplacement, pieds, vélo, voiture. Deux fois en 2 mois nous avons croisé une voiture de shérif. Une fois en deux mois l'un d'eux s'est arrêté pour nous demander si nous avions des problèmes, car nous étions stoppés sur un bord de route (d'ailleurs nous étions en panne...)

Quand aux rangers des parcs, si nous les avons rencontrés c'est seulement dans leurs locaux et parce que nous avions besoin de renseignements pour localiser une piste ou un col mais jamais en dehors de ces occasions. Plus discrets, on fait peu !

 

avec les chasseurs :

Septembre et octobre sont des mois d'ouverture de la chasse. D'abord en septembre exclusivement  la chasse à l'arc, ensuite en octobre la chasse traditionnelle. C'est avant tout une chasse au gros gibier qui s'effectue sur des territoires réservés, mais ouverts au public. Les chasseurs se regroupent dans des camps légers dispersés dans les montagnes et auxquels ils accèdent en 4x4. Ils se déplacent en quad (!) pour gagner leurs postes de chasse. Autant dire de sacrés remue-ménage si l'on considère le matériel à transporter. Nos relations ont toujours été courtoises et aucun incident n'est venu perturber nos rapports. Nous supposons que, comme tous les chasseurs, ils n'apprécient guère nos passages sur leurs terrains de chasse mais jamais ils ne nous l'ont fait paraître. Et c'est toujours très amicalement qu'ils nous ont aidés à trouver notre chemin voire à nous conseiller sur les meilleurs itinéraires.

 

avec les automobilistes :

Beaucoup de respect pour les cyclistes. Pas de dépassements intempestifs. Jamais de coups de klaxon. Les camions, énormes, passent au large et lorsque la ligne médiane est continue, si nous ne sommes pas sur un bas-côté, aucune voiture ou camion ne double en se risquant à franchir la limite centrale. La priorité à droite est sacro-sainte, mieux encore lorsqu"il s'agit de cyclistes. On nous a dit que les sanctions étaient sévères à l'encontre de ceux qui ne respectaient pas le code de la route. Peut-être est-ce là une explication. Nous doutons pourtant que ce soit la seule. Le civisme doit y avoir sa part.

 

avec les chiens :

Divine surprise: il n'y en a pas , ou presque pas, et les "presque-pas" sont toujours tenus en laisse. Donc inutile de disserter sur le sujet. (par contre, sur le même sujet, on peut vous en faire des tonnes sur les chiens du Pakistan, du Ladakh, du Pérou etc...)

 

avec les ours :

Là, on peut en parler, mais on ne peut pas vous les montrer, même en photo, car si on nous en a beaucoup causé, si on nous a beaucoup mis en garde à leur sujet, et surtout si on nous a interdit pas mal de parcours, ON N' EN A JAMAIS VU.

 

        
                 Exemples de mise en garde à l'entrée des terrains de camping (campground) isolés

         

         A proprement parler, il n'y a pas eu cohabitation avec les ours puisque leur territoire était en général interdit aux piétons, cavaliers et cyclistes. Peu connaisseur en matière de plantigrades, nous n'avons pas osé braver les interdictions, nous privant ainsi de cols à portée de roues. La véritable compensation à cette frustration aurait été que nous puissions au moins voir un ours de plus près, le photographier. Même pas, une seconde frustration est donc venue s'ajouter à la première.

 

 

Et la cohabitation entre les 4 centcolistes ?

         parfaite... mais à condition de...

         à condition d'accepter les différences et de les transformer en richesses. Car nos caractères, nos âges – tous plus de 60 ans -, nos différents modes de vie, notre histoire personnelle peuvent apporter le bien comme le mal. Nous avons, comme toujours, opté pour le bien et fait de ces moments de vie en commun, de ces moments de découverte, des sources de nouvelles satisfactions.

            La vie quotidienne dans un espace clos tel qu'un camping-car, fut-il vaste, nécessite beaucoup de retenue, beaucoup de respect des autres, de leur rythme, de leur désir, de leurs habitudes. La fatigue physique a parfois été source de tension; les choix de la majorité ont parfois contraint l'un d'entre nous; Le plaisir d'être ensemble et de vivre des moments merveilleux a permis d'effacer les difficultés passagères. Enfin tout cela n'est rien que de très normal. Fallait-il en parler ?

 


            L'équipe au sommet du Mont Evans  4348 mètres, plus haute route des États-Unis

 

 

Et les cols dans tout ça ?

            Ils furent 134 à nous accueillir à leur sommet :

            - 3  cols entre 1300 et 2000 mètres
            - 73 cols entre 2000 et 3000 mètres
            - 56 à plus de 3000 mètres
            -
2 à plus de 4000 mètres

            1/3 en routiers
           
2/3 en muletiers

 

Les plus beaux sont certainement ceux où la volonté et l'entêtement furent les moteurs de la réussite, tels que le Mosquito Pass à 4019 mètres où à l'arrivée régnait un froid polaire, le Sunnyside Saddle où sur la piste enneigée il fallut longtemps porter le vélo sur l'épaule ; ou encore le Hayden Pass  3264 mètres, le bien-nommé avec ses descentes vertigineuses ou le Difficult Pass à 3659 mètres qui lui également méritait bien son nom.

            

             
                   Georgia Pass - 3531 m -                                    Départ du Mosquito Pass - 4019 m -
                      le 7 octobre 2004                                                     le 10 octobre 2004

 

La ligne de crête des Montagnes Rocheuses , le "Divide" , figure la ligne de partage des eaux entre l'Atlantique et le Pacifique. L'essentiel des cols à plus de 3000 mètres se situent sur le Divide, le plus souvent dans des Parcs nationaux ou des réserves et donc interdits aux engins mécaniques, excluant ainsi de fait la réalisation de circuits ; ceci nous a conduits à programmer de nombreux aller-retour faute d'autres possibilités. En effet emprunter l'autre versant d'un col, choix pas toujours possible par ailleurs, pour tenter de rejoindre le départ en ré-empruntant un nouveau col nous aurait conduits à parfois effectuer des circuits de près de 200 kilomètres, chose impensable en VTT comme en route également.

 

            Nous sommes donc partis du Nord du Colorado, dans le Roosevelt National Park à la Frontière du Wyoming pour progressivement descendre le long du Divide jusqu'à la frontière du Nouveau Mexique et terminer par une remontée sur la région de Denver. Ce choix d'itinéraire était dicté par des études de climat qui nous promettaient un temps plus dégradé au Nord qu'au Sud au fur et à mesure de notre avancée dans l'automne. Globalement cela s'est vérifié et nous a permis de rouler 56 jours d'affilés, sauf deux journées perturbées par un temps pluvieux.

  


    Emery Peak – au départ de la montée au Corkscrew Pass – 3726 m – le 26 septembre 2004

 

La localisation des cols a été facilitée grâce aux outils électroniques – ordinateur et GPS – dont nous disposions. Mais l'abondance de moyens a eu quelquefois des effets pervers. Les coordonnées des cols provenant de la liste officielle étaient parfois incohérentes avec la localisation sur le terrain alors même que la précision de nos GPS ne pouvait être mise en cause. Rien de grave lorsqu'on se trouve en terrain découvert, sur une route, une piste. Beaucoup plus délicat lorsqu'on navigue en hors-sentier, sous bois, en pente rocheuse, dans la neige ou le brouillard ou pire encore en cumulant tout ou partie de ces dernières difficultés. Des imprécisions de plusieurs centaines de mètres peuvent avoir des effets désastreux. Les points que nous avons considérés comme problèmes ont été signalés à Marcel Goll, à l'origine de la liste officielle des cols US publiée sous l'égide de la confrérie.

 

 

                  
     où est-on ? où va-t-on ? par où part-on ?                             Divergences sur le positionnement du
                   that's the question...                                                   Golden Gate Pass - 2697 m -

 

 

La logistique et l'intendance....

 Le voyage aérien des hommes et des vélos

Le meilleur rapport horaires/temps de transport/coût nous avait été proposé par Nouvelles Frontières sur un vol Continental Airline à l'aller Paris/New York/Denver et au retour sur un Vol Continental Airline également mais Denver/Houston/Paris. British Airway, compagnie que nous connaissions bien pour l'avoir utilisée de nombreuses fois nous avait cette fois-ci refusé sans explications plausibles le transport de nos vélos. 

Surprise au départ (et re-surprise au retour), Continental Airline nous a réclamé une taxe de 80 $US pour manutention spéciale de nos bagages vélos, ces derniers pourtant bien emballés dans des housses aux normes aviation. Lesquels emballages renforcés de films-bulles et de cartons protecteurs n'ont pas dû être suffisants lors de ces "manipulations spéciales" car sur un vélo le disque de frein de la roue avant et la patte-fusible du dérailleur arrière étaient tordus et sur un second vélo le disque de frein avant avait également reçu un choc. Le tout exigeait d'être remplacé pour fonctionner correctement. Conclusion : trop emballé ne nuit pas...

 

La location du Camping-car

 Effectué chez B&B Rental, importante agence de location de Denver proposant les meilleurs tarifs. Site internet très documenté. Service impeccable. Personnel à disposition. Sérieux éprouvé : une panne qui s'est révélée bénigne a immobilisé notre camping-car à 150 miles de Denver. 2 h.½ après avoir téléphoné à l'agence un camping-car de remplacement, encore plus grand que le précédent, nous était amené sur place. Dommage que nous ayons dû leur laisser notre franchise de 500 $US, mais nous avions bel et bien cabossé le véhicule (cf. plus haut...).

 

Le camping

 Le camping sauvage est interdit. Complètement. Les sites publics - les Campground dépendant des services forestiers - et les terrains privés sont abondants.

          Les Campground sont situés loin des agglomérations, dans les parcs en général, et regroupent très peu d'emplacements, de 12 à 20 le plus souvent. Pas de gardien, un sol stabilisé pour recevoir en priorité les camping-cars et les caravanes, pas de collectifs en dehors de toilettes toujours entretenues et très propres, rarement de l'eau, pas de possibilités de vidange des eaux usées. Coût de l'emplacement: de 10 à 14 $US la nuit. La majorité des Campground du Colorado sont fermés après le 15 octobre, voire dès fin septembre pour certains.

           Les terrains privés offrent tous les services que l'on peut souhaiter, dont des laveries, et surtout permettent la vidange des eaux usées et sanitaires. Coût d'un emplacement pour 4 passagers: entre 30 et 50 $US la nuit. Porteurs d'une carte de réduction de la chaîne KOA nous avons pu bénéficier de tarifs un peu moindres.

           Afin de limiter nos passages dans ces terrains privés, nous avions drastiquement limité l'usage des toilettes et autorisé la douche que lorsque celle-ci était branchée sur un réseau d'eau. Autant dire presque jamais... paradoxe de notre équipement tellement sophistiqué qu'il ne permet plus l'autonomie dont on peut imaginer que c'est là un de ses principaux intérêts. Mais ça, c'est une conception française, pas du tout américaine.

 


                                départ matinal d'un campground isolé dans Gunnison Valley

 

Les approvisionnements

Réfrigérateur, congélateur et coffres du camping-car permettaient facilement des approvisionnements pour plusieurs jours ce qui nous amenait à intervalles réguliers - 5 jours en moyenne - à fréquenter les hypermarchés des grandes villes. On y trouve de tout, et à un prix égal sinon moins cher qu'en France à condition évidemment d'en exclure le vin et  le fromage (nous n'incluons pas dans la catégorie "fromage" la pâte colorée genre savonnette appelée là-bas "cheese"...) que néanmoins on peut trouver facilement mais alors à quel prix !

Le Camping-car quant à lui consommait allègrement ses 40 litres aux 100 en moyenne. Avec un réservoir de près de 300 litres, l'autonomie était raisonnablement assurée – les stations essence sont rares en dehors des agglomérations – et le coût supportable car l'essence est environ à 30 centimes d'euro le litre.

 

La réparation des vélos

Moins aisée que nous ne l'imaginions pour un état berceau du Mountain Bike. On ne trouve de véritables professionnels du VTT que dans les quelques grandes villes ou dans les stations de vacances du genre Aspen ou East Park. Bien que les incidents mécaniques non réparables par nos soins aient été peu nombreux, il a fallu parfois attendre près d'une semaine avant de trouver la pièce idoine ou le réparateur compétent. La sophistication actuelle des VTT, si elle est synonyme de progrès technique, de sécurité, de confort a son revers : les réparations deviennent impossibles faute d'outillage spécifique ou également sophistiqué. Le démontage de certains assemblages est fortement déconseillé par le fabricant. Il en est ainsi des fourches, amortisseurs et freins hydrauliques, des nouveaux pédaliers creux etc... C'est ainsi que pour un voyage en autonomie totale, il est impératif de bien choisir son matériel qui doit être réparable avec les moyens du bord. Heureusement ce n'était pas le cas cette fois-ci au Colorado.

 

Combien ça a coûté tout ça ?

         Nous sommes donc restés 63 jours sur place. Le véhicule a parcouru environ 4200 km pour un total autorisé (compris dans le prix de location) de 6300  km.

            Dans les sommes ci-dessous TOUT est compris en dehors des dépenses strictement personnelles telles que : téléphone, courrier, réparations de vélos, cadeaux. Tout ce qui avait une connotation collective comme par exemple les produits d'entretien des vélos, les boissons, les entrées de musée et de parcs etc... est inclus dans le prix de revient du séjour.

Le transport avion (y compris la surtaxe manutention spéciale vélo) est revenu à 880 $US par personne (dont 160 $US de manutention).

La location du Camping-car s'est élevée à 9380 $US à laquelle il faut ajouter une assurance RC complémentaire de 945 $US et la perte de la caution de 500 $US pour cause de cabossage du véhicule.

 Nous avons eu pour 730 $US d'essence.

Les campings et ce qui leur est rattaché ressortent pour 1391 $US dans notre budget soit  22 $US par jour.

L'alimentation nous a coûté 2710 $US pour les 2 mois , soit une moyenne approximative de 10,80 $US par jour et par personne (traduit en €uros sur la base d'un dollar à 1,30 cela représente 8,30 € ou encore env. 55 francs. Correct, non ?)

 Les frais divers - quelques restos quand même, l'hôtel à l'arrivée, les laveries, musées, parcs, taxi pour le retour à l'aéroport etc... - émargent quant à eux pour 796 $US dans notre budget.

 et maintenant si on totalise le tout cela a coûté :

- en dollars US : 5.002 $US par personne
            - en €uros sur la base de 1,30 $US par € :  # 3848 € par séjour/personne
              ou encore  # 61 € par jour/personne

 

Conclusion rapide sur les coûts : Le prix de location du Camping-car pèse évidemment très fort dans le prix de revient total du séjour mais il convient de le comparer à ce qu'aurait coûté une formule location de camionnette 4x4 et hébergement moitié camping/moitié Motel comme l'envisageait le projet initial. Dans cette hypothèse – 30 jours de Motel soit 2 chambres à 40 $US chacune par nuit, de nombreux repas au restaurant, un investissement supplémentaire dans du matériel de camping adapté au groupe et à la région –  hypothèse rappelons-le non réalisable du fait de la rareté des motels sur notre parcours et du mauvais temps interdisant le camping, le prix de revient de ce tout aurait été supérieur à ce que nous a coûté la solution camping-car.

            Le camping-car s'est donc révélé le moyen parfaitement adapté à notre projet qui n'aurait pu réellement être mené à bien si nous avions choisi une autre option.

 

 

Pour ceux qui seraient tentés par une escapade au Colorado

Nous tenons à leur disposition une importante documentation dont une partie a été récupérée sur place. Nous pouvons prêter les cartes routières, Atlas et autres que nous avons utilisés lors de ce voyage. Nous pouvons également prêter le logiciel et les cartes numériques " ToPo US 5.0 " de chez DeLorme. Enfin nous répondrons à toute demande d'information ou de conseils.

Et rappelez-vous que ces notes sont complémentaires au compte-rendu réalisé par Bernard Chalchat sur son voyage au Colorado en 2002, compte-rendu également disponible sur le site des Cent Cols. Nous n'avons pas cru utile de redire ce qu'il a si bien exprimé.

 

Pour nous joindre :

Robert de Rudder       herdeher@aol.com                            06 11 49 76 52
René Marty                  rene-marty11@wanadoo.fr               06 72 90 71 75
Robert Dervaux                                                                        03 25 24 42 32
Jean Pierre Decouty                                                                05 56 36 60 43

 

Robert de Rudder

Janvier 2005