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Jef de Flèche is af ! *

Revue N° 33 Page 48

Une flèche décochée par Cupidon, me fit voir le jour.

Ma mère "adoptive" Jeanne Contreplaqué, et mon père "menuisier" Raymond Bottemanne, m'ont offert un beau baptême et m'ont appelée "Flèche". Un magnifique petit top blanc et une robe rouge-orange fluo, très tendance, très high-tech, m'a été offert par Michel (Seghers) en guise de costume de fête.

J'ai débuté tristement ma vie avec mes nombreuses soeurs, dans une caisse de pommes jetée à même le sol, dans le garage du Bol d'Air. Puis, par un bel après-midi de novembre, ce fut la délivrance, le début dans la vie active, la libération.

Scalli, Alain et les jeunes du club m'ont amenée dans leur sac à dos vers mon premier job, ma première mission. J'entendais parler : "Gadouzienne, V.T.T., bidirectionnel, fil de fer, pince coupante, séparation de circuit" et j'en étais toute secouée ! Je n'y comprenais pas grand-chose, d'autant qu'après quelques-unes de mes compères, je me vis affecter vers mon lieu de travail : un hêtre, vieux de quelques dizaines d'années, enraciné dans le bois des anglais (Grand Parc) et sur lequel j'étais fière de pointer le bout de mon nez. Ficelée à 2 mètres du sol à mon support, j'ai passé plusieurs longues journées à attendre, le premier participant de mon premier boulot de ma première sortie ! Les nuits de plus en plus fraîches me faisaient regretter ma «Rue du Patronage ».

Quand soudain, ce 28 novembre, et ce avant le lever du jour, j'ai entr'aperçu 6 à 7 vététistes bien emmitouflés, qui me mitraillaient de leur lampe torche, afin de s'assurer de ma bonne position. Quelques minutes plus tard commençait enfin, ma vraie tâche : un, trois, dix, puis de plus en plus de ces "Gadouziens" se sont servis de moi pour se diriger, s'orienter et continuer leur parcours afin de suivre correctement leur itinéraire.

Connaissant dès à présent ma vraie mission et avec l'expérience "d'une ancienne", je me suis mise à prendre le temps de les contempler ces courageux, à les encourager, à les rassurer... etc. Cette montée en flèche de mon professionnalisme m'a apporté quelques satisfactions, telles qu'être utile, pouvoir servir, diriger, indiquer, confirmer ... bref, me mettre au service des autres était pour moi un but.
Ma clientèle était très variable, féminine, jeune, moins jeune, mais la plupart était composée de "tout Campa", de "Shimano super records", de "Simplex complexes". Un vicieux a même essayé de me retourner "pour blaguer" et me faire perdre la tête, mais j'ai résisté et tenu bon car mon "flècheur" m'avait bien attachée.

Puis le calme est revenu. Je me suis retrouvée seule, trop seule trop vite..., mais je suis restée fidèle à mon poste. Peu de temps après, un moustachu muni lui aussi, de sa pince coupante et de son sac à dos, est venu me détacher et m'éloigner de mon "hêtre" cher qui m'avait si bien épaulée.

Je me suis alors retrouvée avec mes consoeurs et des collègues "banderoles" à l'étroit dans son sac à dos. Nous étions transbahutées alors qu'il chantait en zigzaguant : "Déflèchera bien qui déflèchera le dernier tralala."... , il avait probablement abusé d'Orval ou d'une autre boisson abbatiale. En fin de journée, je rejoignis toutes mes soeurs dans une caisse de pommes et passai ma première nuit en famille !

Ne le dites encore à personne mais j'ai entendu que ma prochaine mission est fixée au 22 mai, et nous guiderons alors des marcheurs, lors de l'Enghiennoise. Si vous passez cet hiver près du garage du club, n'hésitez surtout pas et pointez-vous pour me faire un petit « coucou »..., j'habite toujours dans la caisse de pommes, la 16ème, en commençant par la fin.

Avec mes meilleures « marques » de sympathie,
"la Flèche"

* Une des blagues que faisaient les « Ketjes » de Bruxelles était de défaire à l'arrière du tram, le long fil qui reliait le véhicule au pantographe.

Dan Dehandtschutter

CC n°3415


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