Page 44 Sommaire de la revue N° 32 Page 46a

Deux jours en haute montagne

Revue N° 32 Page 45

De temps en temps, au Club des Cent Cols, il faut penser à prendre sa randonneuse et aller glaner quelques cols à plus de 2000 m, afin de respecter la sacro-sainte règle des 5 par centaine. Avec 447 cols dont 21 à plus de 2000 m, je me trouvais donc dans une position où il fallait prendre « la décision ». Et elle fut vite prise. En accord avec mes deux compères (vous savez, les deux de « l’Aventure à 5 points », revue 2003), il fut décidé à la majorité (tu parles !…) de s’échauffer le premier jour en montant le col de Granon et ses satellites et le deuxième jour d’aller aux Crêtes de Sestriere, soit 13 cols. Avec ce capital, nous devrions vivre sur nos réserves pendant longtemps.

Jeudi 11 septembre 2003 : départ de Valence à 6 heures et arrivée à Chantemerle à 9 heures, où nous laissons la voiture. Après une recherche infructueuse de boulangerie ou épicerie (tous les commerces étaient fermés), nous attaquons le morceau du jour, le Granon (05-2404). Ce col est particulièrement pentu, sans aucun répit, c’est un « gros morceau ». Georges, qui a monté sur sa potence un niveau à bulle, nous annonce de temps en temps 14%, 12%, 10%. Bref, cette maudite pente nous fait grimper à l’allure de gastéropodes, mais nous sommes là pour cela après tout. J’encourage mes amis car je sais qu’à la cote 2171, il y a une buvette où nous pourrons nous refaire une santé. Mais la guinguette est fermée (c’est le jour décidément). J’entends râler : « Mauvaises informations… Organisation déplorable… ». Enfin nous arrivons au camp du Granon, où la pente devient plus humaine. A l’arrivé au col, il fait froid (9°C), les vêtements d’hiver sont de rigueur. Photos souvenirs et nous mangeons à l’abri d’un rocher. Le soleil revient peu à peu et nous attaquons la montée qui nous mènera à la Porte de Cristol (05-2483). C’est un muletier R1, et R2 sur le final : les cinquante derniers mètres sont franchis à pied. Au sommet, un chasseur de chamois à l’affût nous photographie. La vue est exceptionnelle de beauté. Retour à la cote 2487 et tout à gauche pour atteindre le col des Cibières (05-2525a). Photos et une petite pause devant le spectacle qui nous est offert. Descente prudente et nous retrouvons le goudron à la cote 2384. Nous empruntons une large piste R1 souvent caillouteuse à l’excès, qui nous mène au col des Barteaux (05-2382) sans grand intérêt. Le vent souffle fort, il fait froid. Le col de Buffère sera vaincu un autre jour. Retour à Chantermerle où nous retrouvons un peu de chaleur. Étape le soir au gîte de Terre Rouge, entre Briançon et Cervières. Excellent accueil, bonnes prestations et prix très sympathique.
(Contact : M. et Mme Roussel, Cervières – 05100 Briançon 04.92.21.00.37)

Vendredi 12 septembre 2003 : lever très tôt, chargement de la voiture et départ pour Pourrieres (Italie N23) en passant par le col de Montgenèvre et Sestriere. Le temps est frais, peu nuageux, la journée s’annonce magnifique.
Montée à Balboulet par une petite route bien goudronnée. Elle le restera jusqu’à la jonction de la piste de l’Assietta, là où coule la seule fontaine du circuit. Nous prenons à droite une large piste R1 bien cyclable en direction du colle dell Finestre (IT-TO-2176). A la ferme A Pintas, nous grimpons à travers un gros troupeau de bovins qui, ne comprenant pas le français, ignorent nos quolibets et continuent tranquillement à brouter. Le col est atteint sans problème particulier, malgré la rudesse de la pente. De l’avis de tous, il doit figurer obligatoirement au palmarès d’un centcoliste, rien que pour le paysage offert au sommet. Malgré le froid, nous ne pouvons détacher notre regard de cette vue magnifique sur la vallée de Susa et au loin sur le massif de Rochemelon. Photos souvenirs et il faut redescendre à la fontaine (altitude 1900 m environ). Arrêt casse-croûte et, malgré l’inscription en italien « eau non contrôlée », j’offre à mes équipiers le verre de l’amitié. Recette : une dose d’eau claire et six doses d’eau non contrôlée. C’est bon quand on a soif, chacun remet sa tournée. Puis remplissage des bouteilles et bidons et départ pour la suite du périple. A ce jour, malgré l’abus d’eau de cette fontaine, nous sommes en bonne santé donc, à votre prochain passage… buvez !

La suite, c’est le colle dell’ Assietta (IT-TO-2472), environ 10 km et 550 m de dénivelé. Rien à dire sur la partie goudronnée, mais sur la partie caillouteuse… Superbe montée sous le soleil. A l’altitude 2210, deux méchants lacets nous cassent un peu le moral mais après cela va mieux. Nous dominons la bergerie de l’Assietta avec son gros troupeau. Enfin nous arrivons au col, majestueux : un grand moment de cyclo-muletade (R1).

État des troupes : André, comme d’habitude, est en forme. Georges, un peu fatigué mais volontaire va bien (il n’a pas roulé depuis un mois !) Quant à votre serviteur, il lorgne le panneau indiquant le col du Grand Serin qui n’est pas loin, mais avec regret, car nous n’avons pas prévu d’y aller. Enfin, ce sera pour une autre fois. Pause casse-croûte devant le massif du Sommeiller, le massif d’Ambin, c’est époustouflant. Après les photos, il faut monter encore à la tête de l’Assietta à 2566 m. Ensuite, ce n’est qu’une succession de montées et descentes cyclables (R1) : colle del Lauson (IT-TO-2497), colle Blegier (IT-TO-2381). La fin de la montée du mont Genevris sera effectuée à pied (environ 400 m). Ensuite, colle di Costa Plana (IT-TO-2313), colle Bourget (IT-TO-2299) et enfin la dernière grimpée au téléphérique qui domine Sestriere. La fatigue commence à peser mais peu importe car nous n’avons plus aucun coup de pédale à donner jusqu’à la voiture. Nous nous habillons chaudement et après une descente pénible (R1 très caillouteuse) sur le colle di Sestriere (IT-TO-2033), nous retrouvons le goudron avec plaisir. Ensuite retour sans problème à Pourrières où la voiture nous attend sagement.

Bilan pour ces deux jours : 104 km dont 57 de muletier, 3450 m de dénivelé, 12 cols à plus de 2000 m.
Aucune crevaison, pas d’ennui mécanique, pas de chute. Nous avons rencontré en tout une voiture et environ 20 motos.

Nos montures : André - randonneuse 700x25, Georges et Michel - randonneuse 650x32

Michel Marcelot

CC n°4710


Page 44 Sommaire de la revue N° 32 Page 46a