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Le Seigneur après le Diable...

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Habitant les lointaines « plaines » (comme disent les montagnards) de l’ouest, je prends plaisir, en début de vacances, à franchir de « petits » cols. Mais il arrive un moment où l’appel de la haute montagne se fait pressant... C’est ainsi que cette année je me suis installé dans les Hautes Alpes, près de Gap.

13 août, 8h 30, je me mets en selle à Ancelle où j’ai établi mon campement. En cette période de canicule, je préfère monter à l’ombre : l’ubac de la vallée du Drac me paraît tout indiqué. Je serai effectivement sous les ombrages, des forêts ou de la montagne elle même, presque en permanence jusqu’au premier col. Les points de vue sur la vallée en contrebas et sur le Massif des Ecrins au nord sont superbes : cette ascension est un régal, impossible de ne pas faire de photos ! La piste est caillouteuse et je dois choisir en permanence où passer pour ne pas trop patiner. Je la quitte pour prendre le sentier pentu situé sur la crête de l’Abeille: poussage obligé... Peu à peu la forêt cède la place aux alpages. Curieusement je ne perçois pas de signe de vie des marmottes, nos habituelles compagnes à ces altitudes : est-ce dû à la proximité du Col de la Casse du Diable ?

J’arrive enfin au col (2185m). Là un panneau indique : « Fin du sentier - cheminement libre - soyez prudent ». Autant dire : « Allez au diable ! »...

Je sors la top 25, ma boussole et je fais le point. Je décide de passer dans le pierrier à l’est puis de remonter à flanc de montagne vers le Col du Seigneur. Poussage, portage, c’est dur : difficile d’atteindre le Seigneur ! Mais je prends mon temps, je m’arrête pour reprendre mon souffle et regarder de tous les côtés : c’est un émerveillement permanent. La haute montagne est irremplaçable, c’est fabuleux. Je finis par atteindre ce col (2310 m) que j’ai même le plaisir de franchir sur mon vélo !
Il est dominé par la Petite Autane (2519 m) et la Tête du Seigneur (2352 m) mais toise le Col de la Casse du Diable, plus bas. Je trouve ce voisinage de noms amusant, il serait intéressant d’en connaître les origines... Je poursuis ma randonnée sur la crête, vers l’est. De chaque côté, c’est à pic : à déconseiller aux sujets au vertige !

Je décide de pique-niquer au Col de Combeau (2303 m) avant de redescendre dans la vallée de La Rouanne. J’aime bien me restaurer et me relaxer ainsi, perché sur un grand col en contemplant la montagne de part et d’autre. D’abord assis sur un rocher en regardant à l’ouest ce que je viens de franchir, je m’installe ensuite à l’ombre sous un mélèze et, pendant que de grosses sauterelles inspectent l’intérieur de ma sacoche, j’admire en face de moi la Grande Autane (2782 m) et j’examine au sud-est les montagnes dans lesquelles se dessinent des cols qui sont autant d’appels à de futures balades. Je cherche ainsi le Col de Pourrachière, mais pas « pour en chier » !

Bernard Migot

CC n°844


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