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Ces gens-là n’aiment pas, Monsieur, ils comptent...

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Entré récemment dans notre respectable Confrérie (adhésion en 96), je me demande, à mesure que le temps passe et que je fréquente ses augustes Membres, si je suis digne de lui appartenir. En effet, on décèle en moi-même un certain nombre de tendances pernicieuses en contradiction manifeste avec le noble idéal qui guide le Club.

En voici quelques symptômes, toute honte bue :
- un sommet accessible à vélo a en général ma préférence par rapport aux cols qui l’entourent. Quelle débauche d’énergie inutile !

- je n’utilise jamais le saint « Chauvot » dans la préparation de mes itinéraires, loupant ainsi quelques tirs groupés ou pire, omettant des cols effectivement franchis. Quel sacrilège !

- il m’arrive de grimper en pèlerinage des cols franchis il y a cinq, dix ou vingt ans, malgré la présence de cols voisins inconnus. Quel gaspillage !

- il existe un passe-temps sain et formateur, pratiqué assidûment en nos rangs, qui consiste à peaufiner des parcours présentant un excellent rapport «nombre de cols nouveaux» sur «difficulté», à l’aide de force cartes ultra-détaillées. Les plus dévoués à la Cause vont même jusqu’à harceler des élus locaux vaguement amusés pour obtenir l’appellation plus ou moins contrôlée de «col» à la moindre brèche de régions ra-pla-plattes.
Et bien non, je préfère utiliser mon temps libre à m’entraîner à vélo !

- pratiquant occasionnellement la randonnée pédestre, l’idée de pousser ou de porter un vélo pour grappiller quelques «muletiers» m’apparaît aussi sotte que grenue. Cette pratique aurait pourtant le mérite de faire bien rigoler mes accompagnateurs.

En résumé, le choix de mes parcours est dicté essentiellement par leur intérêt touristique, sportif ou convivial, et très secondairement par le nombre de cols répertoriés à franchir. Le comptage de ceux-ci m’apparaît plus comme un amusant dérivatif que comme une obligation boulimique. Si l’on m’interroge à ce sujet, j’ai tendance à répondre que quand on aime, on ne compte pas.

Je suis décidément un dangereux déviationniste. J’appose pourtant le logo du Club des Cent Cols sur ma monture... non sans quelque fierté !

Rémy Fleurent

CC 4232


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