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Col Agnel et autres fioritures

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La maison du Roy, près de Guillestre, avait été choisie comme point de départ de randonnées en pétales avec mise en jambe l'avant-veille au col de Vars , et la veille à l'Izoard et col Perdu.
Alors, mode d'emploi en solitaire :

Si l'on craint la canicule et la circulation, quitter l'hôtel vers 6h30. Bien se couvrir, un petit journal sur la poitrine ne sera pas superflu pour remonter les 13 kilomètres de froidure de la vallée du Guil et qui constituent jusqu'à Château-Queyras une excellente mise en jambe. Bien viser la poubelle et jeter le journal. La veille, avoir pris soin de se rendre autonome : barres énergétiques, mais aussi, jambon, fromage, fruits, et deux litres d'eau. Le pain frais à Ville-Vieille en passant : la boulangerie est juste après le rond-point à gauche.

Et immédiatement les choses sérieuses : belle montée toujours à la fraîche (8h00 - 8h30), quelques virages et la ligne droite, avec en continu, sur 1 ou 2 km, une vue à main droite sur la "demoiselle coiffée", petite merveille géologique et magnifique spécimen de cheminée de fée. Pendant ce temps, surprendre sur votre gauche une charmante dame au pull rouge, se croyant seule au monde, en train de remonter sa petite culotte noire très sexy et bénir le silence et la lenteur de notre monture qui a permis la surprise.

Arrêter de rêver et continuer son chemin, mais, tout de même : la demoiselle coiffée et la dame au pull rouge !
Arrivé à l'église de Molines, prendre à gauche le petit chemin du col d'Agnel. Beau raidard pour arriver au village ; casse-croûte réparateur et café au bistrot de Molines. Sortie très pentue du bistrot, sortie très pentue aussi du village, s'attendre sans honte à un modeste 7/8 km/h. Sur la droite, peu après Molines, voir Pierre Grosse qui a vu passer Hannibal, Jules César, et bien d'autres, mais, ne pas oublier les huit jurassiens d'un bataillon Lemda qui ont payé de leur vie, la libération du Queyras en 1944. Hommage leur est rendu sur ce monolithe.

A l'occasion de cet arrêt, se faire dépasser par un cyclo qui, lorsqu'on l'a rattrapé, s'avère être une cyclote milanaise, ne pas oublier de faire un brin de causette...

Continuer au même rythme une longue perspective, avec en continu une vue sur notre objectif : l'Agnel. Deux ou trois épingles à cheveux qui franchissent un verrou semblent annoncer un répit : idée fausse et ne pas se formaliser si la moyenne tombe.
Trois kilomètres avant le col, bien voir un parking à main gauche : sans mépriser l'Agnel, prendre à gauche sur un GR et aller chercher, après une 1/2 heure d'efforts récompensés par un décor majestueux, le très beau col Vieux (2806m). Profiter d'une vue sur le Pain de Sucre, sur le lac Foréant et sur le col de Eychassier (2917m). Savoir y renoncer. Ne pas redescendre, mais, tirer à gauche en courbe de niveau. Border un marais parsemé de Grassettes Alpines, somptueuses fleurs blanches et retrouver le bitume, un virage en dessous du col d'Agnel (2744m). Profiter de ce site unique sur une arête étroite, offrant comme sur un balcon, une vue grandiose sur l'Italie et le Mont Viso. Au pied de l'arête et en courbe à niveau à 3 minutes, le col Vieux d'Agnel (2770m) ; il est donné !

Retour à l'Agnel et redescendre au chalet Napoléon. Faire ou ne pas faire le col de Chamoussière en demandant son avis à un randonneur pessimiste, puis, à une marcheuse qui encourage. Défier du regard la trace incertaine qui conduit au col par un incroyable et périlleux pierrier. Se pincer et partir, VTT sur l'épaule pour un dénivelé de 300 mètres. Croiser d'abord des incrédules, puis, des admiratifs, peiner, trébucher, débouler au col de Chamoussière (2884m) qui laisse embrasser du regard le parcours du matin.

Contempler aussi le bonheur de cette dizaine de handicapés moteurs aux yeux écarquillés de plaisir, bonheur n'ayant d'égal que celui de ces jeunes bénévoles Grenoblois qui les avaient portés jusqu'à Chamoussière : Admiration !!!

Casse-croûte et photos, puis, sentier presque roulant jusqu'au col de Saint-Véran (2844m). Ne pas rater, à la descente, la cabane de la blanche Chapelle de Clausis, puis, le chemin blanc bordé d'épilobes avec vue sublime sur le village de Saint-Véran. Profiter d'un des plus beaux villages de France aux maisons à l'architecture unique et dévaler. Savourer la solitude. Ecouter le silence quand Jean la Sono n'est pas là. Choisir le bon chemin quand François le mentor est resté à la maison, mais, savoir comme il est aisé et étonnant de rompre cette solitude, de sympathiser sur le chemin, au sommet, à l'hôtel avec des groupes ou d'autres solitaires. Rompre aussi en imaginant cent autres projets avec Jean, François, "Jomichel" et les autres. Contempler, photographier, rêver.

A Guillestre, à 18h00, savourer sa bière, la tête remplie de bonheur !
Merci à vous les pionniers et que vivent les "Cent Cols" !

Michel GAY N°3862

de COURLAOUX (Jura)


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