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Pic épique et cols et... rame

Revue N° 29 Page 21

Le Pic du Midi de Bigorre est mondialement connu et même reconnu pour les capacités uniques d'observation du ciel qu'il présente.

Créé dès 1878, l'observatoire sommital servit de base à la N.A.S.A. pour établir une cartographie détaillée de la lune, indispensable avant d'y poser des hommes. Il fut cependant menacé de fermeture en 1993 pour restriction budgétaire, puis sauvé notamment grâce à la mobilisation de nombreux scientifiques dont l'astrophysicien Hubert Reeves.

Il est, en cette fin de siècle, en cours de réaménagement pour "faire découvrir le ciel aux
gens". De ce fait, la route d'accès (partant du sommet du Tourmalet) est actuellement interdite au public (réouverture prévue en 2001)...

En villégiature à Bagnères-de-Bigorre au cours de cet automne 2000, je ne voulais pourtant pas laisser passer l'occasion de me hisser là-haut. Encore fallait-il savoir si cela était possible ; les renseignements recueillis dans la vallée étant contradictoires, le mieux était donc d'aller voir sur place...

Ce sont d'abord les retrouvailles avec ce bon vieux Tourmalet (2115 m) qui me fit tant souffrir sous les pare avalanches de la Mongie, après avoir égrené, au lever du jour, les lacets au revêtement déjà fondant de la Hourquette D'Ancizan et du col d'Aspin au cours d'une mémorable et caniculaire RCP, en 1978...

Rien de comparable aujourd'hui : le modeste kilométrage depuis Bagnères (une trentaine) rend l'ascension aisée et puis la température automnale est idéale pour ce genre d'entreprise qui m'amène au sommet... en souplesse.

Sur la droite, la route du pic est effectivement fermée par une imposante barrière métallique.
Néanmoins, le tenancier de la boutique souvenirs du col, me signale que les travaux concernant la route sont achevés et qu'il est possible de l'emprunter à vélo :
"Ils ont laissé la barrière fermée parce que c'est la fin de la saison et ne l'ouvriront qu'à l'été prochain, mais avec votre vélo, pas de problème, passez par-dessus."
J'obtempère sans trop me poser de questions.

Six kilomètres environ pour atteindre le fameux pic, seul dans cette montagne silencieuse, voire un tantinet inquiétante.
Le chemin de terre s'élève progressivement dans un décor lunaire. Un premier tunnel très court, puis un second. Au sortir de ce dernier, une sente sur la gauche semble conduire vers le col de Bonida (2302 m) repéré sur l'I.G.N. Je m'y engage prudemment, mon intuition est bonne ... Je rejoins un peu plus tard la route au niveau du petit lac d'Oncet, juste avant le col des Sencours (2378 m) où la vue est imprenable.

Pause casse-croûte avant d'attaquer les trois dernières bornes, un véritable mur au sol instable parsemé de gros cailloux jonchant de folles rigoles.

Il faut continuellement se frayer un chemin entre les ornières profondes en s'arc-boutant sur le cintre du VTT à la manière du Petit Palémon d'Albert Samain tenant fermement son bouc rebelle par les cornes.

La roue arrière patine à la moindre tentative de "danseuse" : c'est "galère" pour garder l'équilibre sur cette pente sournoise.

Au prix d'un effort total de concentration, j'atteins le col des Laquets (2637m). Un couple de randonneurs pédestres assis sur un rocher contemple la montagne. Nous échangeons nos impressions. Le Pic du Midi est à quelques encablures. Un sentier piétonnier m'y guide (sans le vélo). L'observatoire est fermé mais la vue périphérique est fantastique. J'oriente la carte routière pour inventorier ce panorama grandiose et complet des Hautes-Pyrénées. Tout est là : le pic de Gourgs Blanc, le Mont Perdu, le Vignemale, le Balaïtous, le pic du Midi d'Ossau et bien d'autres encore.

Je ne m'attarde pas, bien que le coup d'œil en vaille la peine. Malgré le soleil radieux, la fraîcheur très présente rappelle que nous sommes fin septembre... Le VTT m'attend sagement aux Laquets pour entamer une descente qui ne sera pas des plus faciles ; mais quelle belle aventure !

Concluons sur un avis technique : j'aurais sans doute pu réaliser cette excursion avec ma randonneuse classique, mais au risque cependant d'abîmer le matériel. En l'occurrence, je ne regrette pas d'avoir opté pour le VTT : sa robustesse, ses très petits braquets et surtout sa grande maniabilité en font le moyen idéal pour ce genre de rando.

Pierre ETRUIN N°341

de BAVAY (Nord)


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