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Gloire à Sainte Anna

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Partis tôt de Saint Ours, nous arrivons sur les faux plats qui succèdent aux rampes difficiles et aux tourniquets où de part et d'autre de la route sont disposés des cairns, érigés ça et là par des couples depuis des lustres dans leur première année de mariage, tout à la gloire de Sainte Anna.

Le paysage grandiose est à cet endroit tout occulté par ces gestes naïfs de piété, contrastant beaucoup avec les fortifications militaires laissées un peu plus bas et à présent détruites... L'ensemble vous laisse interdit.

Depuis le bas du col, des centaines de voitures nous doublaient dans un nuage polluant... Il faut dire que Ste Anne patronne de la fécondité était ce jour fêtée tout comme du reste la vierge Marie, au sanctuaire de Ste Anna à 2010 mètres, et les chants et les cantiques retentissaient aux sautes du vent portant.

Aussi, tout en jouant sur mes dernières poulies, je pensais non sans malice, à un moment où dans ma prime jeunesse et dans d'autres lieux, caché derrière un rhododendron, j'avais suivi le pèlerinage régional à la gloire de la sainte. Ainsi ce jour là, de nombreuses jeunes femmes étaient présentes sur les berges du lac homonyme, sous la houlette directive et la bannière du curé de la vallée, toutes prêtes à se tremper à peine déshabillées dans le lac gelé, au simple geste du patriarche, les prières finies. Escomptant comme le voulait la tradition, un enfant dans l'année...
Sans vouloir en rajouter , craignant sûrement pour mon éternité, mais devant l'absence caractérisée de l'espèce masculine, j'ai pensé alors que l'eau du lac devait refroidir les convictions de ces bons chrétiens, et qu'ils avaient jugés plus prudent de rester sagement dans la vallée à boire entre copains une ou deux topettes de blanc, en attendant leurs douces moitiés, toutes prêtent au retour à se faire réchauffer.

Mais la "sagra continua" il fallait à présent se reprendre dans la deuxième partie du col entrevu par moment presque à l'horizontal et en attendant, coups de cul, faux plats, petits lacs se succédaient.

Enfermé dans mes pensées, je me suis mis à regretter à ma façon, que la mode et la panoplie contraceptive aient détruit à jamais l'image de marque de notre bonne Sainte Anna... mais sait-on jamais ?

Quant à la Lombarde au 15 août, pour sûr, mieux vaut s'abstenir !

Michel PARIZE N°4173

de FONTAINE-les-DIJON (Côte d'Or)


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