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Au Pays des Monts et des Cols sans renom (suite...)

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Même si la randonnée Mer-Montagne s'était achevée la veille à Super-Besse, le col de Ceyssat marquait la fin d'un merveilleux voyage en forme de défi pour le piètre cyclotouriste que je suis. Quatre étapes qui devaient me faire oublier une saison de vélages en me conduisant de Chatelaillon-Plage au coeur des volcans d'Auvergne à travers la Saintonge et le Limousin. Au cours de cette dernière ascension, je ne songeais pas aux cols franchis depuis le matin : La Croix Robert, Diane, Guery et La Moreno. Ostensiblement, toutes mes pensées me ramenaient au sommet du Suc au May.

Seul là-haut, j'avais l'impression d'être dans un rêve où tout n'était que douceur comme l'herbe et la mousse sur lesquelles je me reposais, où tout était étrange comme le silence qui s'imposait et comme les jeux de cette dizaine d'écureuils qui semblaient m'ignorer. Je n'arrêtais pas de penser alors au songe de l'africain Diawara.

En contemplant le paysage vallonné du Limousin, le miroir attachant de ses lacs, étangs et rivières, la densité calme de ses forêts, la somptuosité de ses cathédrales et châteaux, il m'a semblé entendre par delà des millions d'années, la bise chanter la légende de la création de la région limousine, la beauté et la richesse de l'âme des hommes qui à l'aube du temps ont foulé pour la première fois cette terre...

Là haut, j'avais envie de rendre hommage à ce pays de "montagnes miniatures", si extraordinaire qu'il n'offre que de très rares cols officiels. Je pensais une nouvelle fois à une randonnée dans les Monts d'Ambazac (revue 23 - "Au pays des monts et des cols sans renom" ). Je revivais un séjour à Collonges-la-Rouge avec les cols du Planchat, de la Jeanne, des Sarres et du Teillet, ainsi que le Pas des Vignes.Je souriais à l'évocation d'une randonnée au milieu des Monts de Blond, une terre de légendes et de mystères où d'énigmatiques sorciers auraient fait disparaître les cols, une terre où vos compteurs s'arrêtent sans raison apparente. Je n'oubliais pas non plus le Plateau de Milles Vaches avec son col de la Croix de la Mission et le col du Massoubre qui m'avait conduit au pied de Saint Georges-Nigremont. Et puis comment ne pas évoquer ces cols qui venaient de m'ouvrir les portes de l'Auvergne entre Saint Yrieix-la-Perche et Meymac: le col perdu de Larenges, le col de Lestards dans son écrin de verdure, le col des Géants pour rêver un peu et celui du Bos pour se persuader qu'on en est un !!!
La suite du songe revenait tout doucement : " Lorsque Dieu eût fini de créer le monde et de l'offrir aux peuples, alors qu'il se reposait le dimanche, se présentèrent à lui des hommes qui n'avaient rien reçu. Mais que faisiez-vous pendant que tous réclamaient leur part ?(...) Que faire ? J'ai tout donné excepté un pan de terre que j'avais réservé pour me recueillir et poursuivre la perfection des Etres et des Choses. Cette parcelle, je vous la cède (...) Prenez-là, c'est la région Limousin."

Comment une région aussi divine ne recèlerait-elle pas plus de cols ? Dieu n'avait point besoin de cols en pagaille pour récompenser les plus méritants des cyclotouristes. Ils nous donnait un coin de paradis. J'avais là sans doute une réponse. La quête des cols limousins représente un véritable trésor de dénivellation et de beautés sans cesse renouvelées pour qui les ralliera.

Eric LASTENET N°3191

de PRIVAS (Ardèche)


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