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Qu'est-ce qu'un COL en FRANCE ou comment figurer au CHAUVOT ?

Revue N° 25 Page 56

Il m'arrive assez fréquemment de recevoir des lettres de membres de la Confrérie demandant comment se décide l'officialisation d'un col, c'est-à- dire quels sont les critères qui président au refus ou à l'acceptation de l'inscription d'un col, sur l'additif de l'année, au catalogue "8500 cols en France".

A l'origine, deux points de vue se sont affrontés :

a) l'un fondé sur des notions géographico-morphologiques.
b) l'autre fondé sur des notions culturelles.

Le premier point de vue semble assez naturel : il doit certainement exister une définition précise de la notion de col. Pourtant, si l'on essaye de la préciser, on s'aperçoit très vite qu'il est bien difficile de déterminer de façon claire et non équivoque une topographie extensive. Cette notion a été abordée dans un court article de Christophe Guitton (cf. revue des Cent Cols n°10 p.53). On voit très vite que le nombre de catégories de cols peut s'accroître à l'infini, sans qu'il en ressorte une définition incontestable, c'est-à-dire une réponse sûre à la question : qu'est-ce qu'un col ?

Le second point de vue consiste à entériner une situation existante, constatant que la notion de col résulte bien plus souvent de coutumes locales ou régionales, que de réalités géographiques pures.

C'est la position adoptée par notre Confrérie : "Ne seront totalisés que les cols qui, officiellement, portent ce nom et figurent sur les cartes... y compris les cols matérialisés par un panneau de sommet ou directionnel" (Art. 2 de la règle du jeu du club des Cent cols ). C'est clair, la géologie, la géomorphologie, la géographie ne suffisent pas à définir l'existence d'un col, seule la nomination fonde son existence, la toponymie prime sur les sciences du paysages.

Conclusion : un col n'existe que lorsqu'il est nommé.
Tout est-il clair ? Oui, si l'on connait quels sont les termes acceptés. Il ne s'agit pas ici du nom propre du col, mais de l'intitulé, autrement dit des synonymes du mot générique "col". Je renvoie à mon article "comment nomme-t-on un col en France ?" paru l'année dernière. (cf. n°24, p.36-37, une version plus complète existe, n'hésitez pas à me la demander si vous êtes intéressés).

Deux raisons ont présidé à la voie choisie par notre Confrérie :
1) la nomination est un acte d'une valeur absolue, c'est-à-dire qu'elle ne fait pas référence à un critère relatif, la mention existe ou n'existe pas sur la carte choisie comme référence.
2) les problèmes pratiques liés à la définition de critères d'existence et à la gestion du fichier : il serait sans doute très compliqué de définir des critères irrécusables et s'il est possible de gérer un fichier d'environ 10 000 lignes à terme (avec 60 à 80 nouveautés par an, ce chiffre sera atteint dans 25 ans) surtout avec les moyens informatiques actuels, par contre, une liste de 100 000 noms (à laquelle on arriverait sans doute à partir de critères purement géographiques) le serait très difficilement.
Ceci correspond bien sûr à une base théorique. En pratique, on s'aperçoit très vite que le critère géographique, bien qu'il ne fonde pas l'existence d'un col, reste toutefois une condition nécessaire même si elle n'est pas suffisante. De même la nomination est nécessaire mais pas suffisante puisque la quasi totalité des termes retenus peut désigner autre chose qu'un col (même le terme col lui-même peut être parfois mis en défaut).

En effet si la quasi-totalité des cols, des baisses, des brèches, des passages, des bocca et des foce (en Corse), des ports et des hourquettes (dans les Pyrénées), des lepoa et des lepoua (Pays Basque) etc... sont retenus, par contre les collets, les pas, les golets, les caps, les coulets, etc... ne sont retenus que dans une proportion variant de 20 à 60 %. Par exemple, beaucoup de collets dans les Hautes-Alpes sont des collines (environ les 2/3) nombre de golets de l'Ain des lieux-dits etc... dans ces cas d'espèce il faut donc bien trancher à l'aide d'un critère géographique !

La réponse à la question "comment se décide l'officialisation d'un col" découle donc des principes (Article 2 de la règle du jeu) et des considérations pratiques développées ci-dessus. La décision finale est prise par le juge unique en fonction (actuellement René Poty), auparavant J. Perdoux, R. Chauvot puis F. Rieu), au vu des dossiers soumis. Les "preuves" admises sont donc les mentions sur les cartes IGN (1/25 000, 1/50 000, 1/100 000) et Michelin (1/200 000) pour la France, ainsi que les photos de panneaux sommitaux ou directionnels.

Les mentions figurant sur des guides (tels que Michelin, Didier-Richard, Salvi, Edisud etc...) sur les topo et cartes des GR ou des PR, sur des cartes murales, dans des schémas de balades édités par des S.I, des associations de randonneurs, l'ONF etc... ne sont pas admises. Cependant, à partir de ces documents, il est envisageable de présenter un dossier à l'IGN pour enrichir ses cartes (cela est possible mais patience ; même accepté, il faudra attendre l'édition suivante !) ; vous pouvez avec un très bon dossier "convaincre" la DDE de placer un nouveau panneau au bord d'une de ses routes (C.Bénistrand l'a obtenu plusieurs fois dans sa ligue); les parcs nationaux et régionaux posent des panneaux dans leurs circonscriptions (quelques nouveautés récentes dans le parc du Vercors par exemple ).

J'espère avoir répondu à la question posée, mais n'hésitez pas à me relancer si vous avez encore quelques interrogations ou besoin de précisions.

Michel de BREBISSON

10, rue des Ayguinards 38240 MEYLAN


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