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Ventoux

Revue N° 25 Page 37

Ca a commencé petit à petit (jusque-là, c'était tabou). J'osai d'abord y penser. Un jour j'ai même dit son nom. Je me suis hasardé que c'était à ma portée : il y a trois ans.

Et depuis trois ans, ça m'obsédait : je pourrai monter un jour au Ventoux à vélo !
Trois ans que chaque kilomètre de route, chaque mètre de dénivelée n'avaient qu'une justification : m'entraîner pour l'ascension des 1909 m du "Géant de Provence".

J'y ai cru l'an dernier : pour la première fois, avec quelques grands cols alpins dans les jambes, j'en étais capable. Mais impossible de me libérer.

Un an et un nouveau vélo plus tard, cette année devait être la bonne. Préparation méthodique en début de saison avec les gorges du Loup chaque semaine, plusieurs "col de Vence" pour monter en régime : Grand St Bernard pour la distance, Jura pour le stage en altitude, jusqu'à Peira-Cava par la route la plus dure (Coaraze), pour la "générale". Je m'étais même aligné un dimanche matin avec un Club, mais quand ils ont dépassé 42 km/h sur le plat, j'ai continué à m'entraîner seul.
Fin août, on nous prêta un appartement à Orange. Eh bien, tout avait beau y être parfait, je n'ai pas dormi la première nuit. Je ne pensais qu'à ça. Il faut dire que la météo était idéale : temps limpide, très léger mistral. Pas besoin d'acclimatation, c'était donc pour le lendemain. Né à Vaison-la-Romaine, je choisis l'itinéraire nord "marche d'approche" avec mon fils d'Orange à Malaucène, 37 km. J'avais préféré ce long échauffement à un préambule automobile.

Dès le premier virage, on ne le voyait pas, mais je savais bien qu'il était là. Puis, un peu avant Camaret (méfiez-vous des imitations bretonnes), il est apparu, en ombre chinoise, si loin, et déjà si haut, but et guide. Vaison au bout d'une heure, halte au Pont Romain, qui a su résister comme toujours depuis 2000 ans, et à qui l'on a refait un garde-corps tout neuf.

Malaucène, le Cours. Devant moi, près de 1600 m de dénivelée et 22 km, dont la moitié très difficiles ont fait la réputation de ce "Géant". Un seul objectif : arriver.

Il m'a fallu un peu moins de 2h16, trois pauses déduites, et j'aurais besoin d'autant pour vous parler de mon bonheur. Je vous raconterai ça une autre fois.

Bernard LANGLADE N°4311

de CAGNES sur MER (Alpes Maritimes)


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