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Le Col de la Moutière.

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Pour mon 3OOème col, je cherchais à gravir quelque chose de non ordinaire. Je sais bien que le nombre de 300 est ridicule à côté de ce qu 'ont pu gravir des cyclos chevronnés. Je suis un petit, je sais, je m 'assume. Mes capacités physiques, mes obligations familiales et professionnelles et mon lieu d'habitation (région parisienne) me restreignent dans mon envie de montagne.

Mon col préféré était, jusqu a présent, comme beaucoup de cyclos qui l'ont fréquenté : le Parpaillon. Ce haut lieu du cyclotourisme a, cependant, un inconvénient majeur : le tunnel. C'est un cloaque, il y fait froid et le moins que l'on puisse dire est que l'intérieur n'a pas un grand intérêt touristique.

Je cherchais pour mon 300ème col, un genre Parpaillon : paysages grandioses, routes non goudronnées mais fréquentables par mes pneus de 32, écart du monde motorisé... et, bien sûr, sans tunnel et à plus de 2000 mètres.

Devant, pour cause de BPF d'Alpes de Haute Provence, gravir le col de la Cayolle, mon choix, après étude de la carte Michelin, s'est porté sur le col de la Moutière au départ de Bayasse. Je n'ai pas été déçu du voyage. Un excellent repas, dans une ambiance montagnarde, au refuge de Bayasse a été une bonne introduction. La montée s'est effectuée sur environ 10 km pour passer de 1780 m à 2454 m. La carte indique qu'il s'agit de la D9. En fait de route départementale, à part les cents premiers et les cinq cents derniers mètres, cette D9 n'est pas revêtue. Cela permet de fréquenter la caillasse. On a même le privilège de passer un petit gué. Avec des pneus de section supérieure à 28, des petits développements et surtout de l'habileté, on doit pouvoir rester constamment sur le vélo.

Pour ma part, plutôt par goût et par envie de bien profiter du paysage, j'ai poussé sur près d'un tiers du parcours. Le portage est, par contre, complètement inutile. S'il fallait une excuse à la poussette, je dois dire que j'étais chargé. En cyclo autonome, je trimbalais, entre autres, ma brosse à dent (à manche raccourci) et mon rasoir (à une seule lame).
Décrire par le menu détail cette montée n'a pas grand intérêt. Du point de vue du paysage et de l'isolement c'est grandiose. En ce qui concerne la technique (pente, revêtement) cela ressemble au Parpaillon. La mimique va jusqu'à la présence, vers 2100 m, d'une cabane semblable comme une soeur à celle du Parpaillon. Les derniers kilomètres se font le long d'un vaste cirque que le chemin décrit sur près de 180 degrés. Près du sommet, on rejoint la route qui relie le col de la Moutière à celui de la Bonette.

Pour les chasseurs de cols, c'est un endroit béni. En moins de 15 kilomètres l'ont peut franchir 5 cols de plus de 2000m : la Moutière (2454m), la Bonette (2715m), le Raspaillon (ou Granges Communes - 2513m), et moyennant un petit écart du goudron, le Restefond (2692m) et les Fourches (2261m).

Il est possible de monter la Moutière par des voies carrossables à partir de la vallée de la Tinée ou celle de l'Ubaye (route de la Bonette). Cela perd de son charme. Il peut être frustrant pour le cyclo ayant monté par la Bayasse, de rencontrer au sommet la gent motorisée n'ayant pas quitté le goudron. Il se retrouve dans la peau de l'alpiniste ayant gravi un mont desservi par un téléphérique. Au sommet j'ai été accueilli par un couple de cyclos anglais qui venait de monter par la Tinée et le vallon de Sestrière. C'est moins beau et cela parait très dur.

Quoi qu'il en soit le col de la Moutière par Bayasse restera gravé dans ma mémoire de cyclo au même titre que le Parpaillon. C'est un col à découvrir ou à redécouvrir !

Dominique DESIR N°1152

JOUY EN JOSAZ (Yvelines)


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